Ah, ils sont forts ! Ah, ce que j'ai pu y croire, à cette possibilité de changement et de grandeur sur un album entier ! C'est facile quand les titres concernés sont au début ; même constat que pour White Rainbow.

Graveyard Star démarre sous les meilleurs auspices avec le morceau d'un quart-d'heure qui lui donne son nom : d'abord, cette longue vague de synthé seule, puis le violon de Chris Leslie (FAIRPORT CONVENTION) vient nous chatouiller les oreilles, avant que les voix du couple Bryan Josh et Olivia Sparnenn ne mènent une complainte fort belle. Le tout s'emballe, Angela Gordon fait planer sa flûte, la batterie entre... Une progression brillamment réalisée, jusqu'aux ruptures du milieu, en acoustique, qui précèdent un slow blues mostlyautumnien plus classique et une partie un peu plus funky. Mis à part le final un peu brusque après le dernier tour de chant de Sparnnen-Josh, c'est un sans-faute !

La chanteuse est de nouveau à l'avenant sur "Skin of Mankind", folk-country à l'américaine sautillante dotée d'une orchestration splendide : mellotron-voix, guitare-baryton au son clair et western, violon de Chris Leslie de nouveau et instruments celtiques à vent de Troy Donockley. Des effets far-west se laissent aussi savourer un peu plus loin dans le jeu de guitare sur "The Harder That You Hurt". Auparavant, le caractère blues gothique de "The Plague Bell", chanté par Josh, nous a hautement séduits. Plus classiques pour MOSTLY AUTUMN, la power-ballade "Shadows" avec guitares grasses ainsi que le duo "Razor Blade", incluant un solo de synthé par Iain Jennings, n'en demeurent pas moins de belle facture.

Hélas, dès le milieu de l'album, l'attention retombe, le plaisir devient plus nuancé, une fois de plus. L'héroïque "Back in These Arms" dans un registre pop-symphonique, les slows conduits par le piano et chantés par Olivia Sparnenn-Josh ("Free to Fly", "This Endless War") ne manquent pas de charme, mais tendent à rallonger l'album plus qu'il ne devrait. Comme souvent, Chris Johnson marque de légères différences dans son inspiration avec "The Diamond", co-écrite et chantée avec Angela Gordon, d'un esprit tribal et plus 'soul' grâce à d'étonnantes voix de tête.

"Turn Around Slowly" revient finalement imposer le format avoisinant le quart-d'heure. La structure donne l'impression au départ d'avoir été calquée sur celle de "Graveyard Star", mais des touches baroques viennent tempérer cela, et la deuxième partie est une manière pour le groupe de créer des rappels, évoquant les couplets de "Spirit of Mankind" et "The Endless War". On retrouve même la flûte de Gordon, décidément sous-employée. Ce n'est pas mal, bien que le morceau n'égale point d'anciens efforts typiquement progressifs de MOSTLY AUTUMN.

Surtout, "Turn Around Slowly" vient encore augmenter une durée globale qui nous laisse perplexe : une heure quinze minutes, c'est trop, beaucoup trop à ce stade de leur carrière et malgré les tentatives de changement. Certes, ils ont eu deux ans, qui plus est autrement marquées que les vingt-cinq précédentes par la Covid-19 et le confinement, base d'écriture pour les chansons de ce disque avec l'idée que l'être humain doit mener de nouvelles batailles. Malgré ses qualités, néanmoins, peut-être même un petit plus compte tenu d'une première partie excellente et étonnante, Graveyard Star ne peut se détacher de ses prédécesseurs depuis une décennie, malheureusement.