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Yves JAMAIT - Je Passais Par Hasard (2008)
Par RAMON PEREZ le 16 Janvier 2022          Consultée 884 fois

Je passais par hasard, qu’il dit. Peut-être parce qu’il est arrivé sur le tard dans le métier, qu’il n’y a pas galéré pendant des années et qu’en plus il en bouffe. Comme si le succès (à son échelle certes, mais succès indéniable) lui était tombé dessus comme ma pote que j’ai croisée au centre-ville l’autre jour. Pour un peu, il s’excuserait presque de ça dans certaines interviews. Mais t’excuse pas, vieux ! Loin de moi l’idée de minorer les qualités de l’enseignement (MOZART et BEETHOVEN ont bien appris de HAYDN après tout), mais quand quelqu’un écrit quelque chose qui tient la route sans en savoir plus que ça, il mérite à mon humble avis le nom d’artiste.

Donc, aucun hasard là-dedans, mais plutôt ce qu’on appelle le talent. JAMAIT est un vrai bon chanteur ; s’il fallait encore s’en convaincre, on pourrait commencer par la fin de ce disque où des pointures d’intégrité comme Allain LEPREST viennent fredonner la dernière ritournelle avec lui, même si c’est Patrick SEBASTIEN qui lui a sérieusement mis le pied à l’étrier - ce qui aurait sans doute été rédhibitoire pour d’autres dans ce milieu ! Sauf erreur de ma part, c’est d’ailleurs toujours l’animateur qui produit Je passais par hasard. J’ai déjà écrit à propos de la qualité des deux albums précédents, à peu près impeccables. L’homme de Dijon poursuit sur sa lancée une troisième fois. Mais n’est pas BRASSENS qui veut et il vient un moment où exploiter le filon ne suffit plus.

Certes, ce moment n’est pas arrivé. Mais je sens au détour de quelques chansons qu’il approche. JAMAIT a une voix incroyable qui sied parfaitement à ce qu’il chante. Cependant, il y a ici un ou deux morceaux dans lesquels il mise un peu trop sur elle à mon goût. Il se retrouve à la limite d’en faire trop, signe pour moi qu’il cherche de nouvelles idées, mais qu’il ne les trouve pas encore. Par exemple, "Les deux amants" m’est légèrement pénible à cause de cela. A l’inverse, on peut entendre des titres où il manque quelque chose, sans qu’il soit évident de dire quoi. Le début du disque notamment me paraît légèrement mineur, ce qui n’aide pas à s’y installer.

A mon sens, les choses sérieuses commencent à la troisième piste, celle du morceau-titre. Et là, par contre, c’est du lourd. Un chef-d’œuvre, un point c’est tout. Tout est là : une construction du morceau qui le rend hyper-prenant ; un accompagnement qui le rend très efficace ; une interprétation qui touche au cœur ; un texte saisissant sur un thème difficile (et même plusieurs en vérité). A partir de ce joli coup, l’album trouve globalement son rythme de croisière et se fait tout à fait agréable à écouter. Parfaitement porté par le chant de JAMAIT qui instaure une sorte de proximité plaisante avec l’auditeur, déclinant mine de rien des textes franchement solides. J’aime particulièrement la sobriété de son vocabulaire parfaitement agencé à son style et à son rythme. "Un peu plus tard, j'irai devant une chaise fade bouffer un croque-madame parce que j'aime bien le nom" ; dit comme ça, ça n’a peut-être pas l’air de grand-chose, mais je t’assure que c’est de la grande chanson !

Quand je disais que ce troisième album était sur la lancée de ses deux prédécesseurs, c’était manière de dire qu’il leur ressemblait pas mal. Je pourrais toutefois m’auto-objecter qu’il y a quand même une évolution sur le plan musical, avec une diversité bien plus prononcée. De verre en vers et Le coquelicot avaient chacun une cohérence instrumentale et sonore indéniable. Ici, l’approche est légèrement différente. Le son est moins chaud, mais en même temps sans doute plus fin. Ainsi, nous sommes accueillis par une très belle valse pleine de couleurs nostalgiques à l’accordéon et aux cordes. Si l’on retrouve, comme précédemment, une alternance d’orchestrations basées sur la guitare sèche et le piano, plusieurs directions musicales inattendues viennent régulièrement enrichir le tout. Par exemple, "Nous nous reverrons" est une sorte de bossa que ne renierait pas LAVILLIERS, tandis que plus loin JAMAIT fait péter le swing manouche avec big band façon SANSEVERINO avec "Je suis vivant".

Les ambiances alternent de jolie manière au long de l’album, du très intimiste au plus éclatant. JAMAIT évoque de cette façon de nombreuses émotions et réflexions sur la vie de tout un chacun. Un vrai chanteur du concret, qui met de la matière dans le micro comme bien peu d’autres. Ce qui ne l’empêche pas de se faire un peu plus universel à l’occasion. On peut noter en particulier le texte caustique d’ "Athées souhait" dans lequel, comme son titre l’indique, notre homme lâche tout ce que lui inspire la question religieuse.
Je passais par hasard est franchement un bon album mais, comme je le précisais, il y a quelques morceaux qui me plaisent moins. C’est pourquoi je signifie avec trois étoiles qu’il est pour moi inférieur aux deux premiers disques, même si je me trouve bien sévère.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Des Mains De Femme
2. Quitte-moi
3. Je Passais Par Hasard
4. Etc...
5. En Deux Mots
6. Célibataire
7. Les Deux Amants
8. Athées Souhaits
9. Nous Nous Reverrons
10. Boa Bonheur
11. Je Suis Vivant
12. Les Mots Chocolat



             



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