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Yves JAMAIT - De Verre En Vers (2003)
Par RAMON PEREZ le 12 Novembre 2021          Consultée 696 fois

Peut-être que si la variété médiatique que l’on entend ces derniers temps me touche si peu, c’est parce qu’elle n’a au fond rien à dire. Enfin rien de bien intéressant. Prime à la jeunesse, c’est entendu. Mais ce n’est pas le tout d’être jeune, il faut aussi avoir vécu ; sinon tout est rapidement plat, vide. Certes, cela a l’avantage pour les radios de ne jamais gratter, d’être lisse et glissant. Mais bon... Quand JAMAIT chante, la première chose que l’on entend est la vie qu’il traine derrière lui. Et même, au-delà, celle de ceux passés avant lui et qui ont forgé, tour après tour, une certaine culture ouvrière. Il a dans la voix le poids de toutes ces histoires, une profondeur incroyablement prégnante. Quelqu’un parle ; on sait de suite que ce n’est pas en l’air.

Celui qui est aujourd’hui la voix de Dijon a pratiqué sa ville en long, large et travers, à hauteur de bitume. Une litanie de boulots plus ou moins petits, les mains dans le cambouis, jusqu’au licenciement de trop. C’est pour lui le moment de se jeter de la falaise, vers une vie bien différente. Pratiquant en amateur et de longue date l’écriture de chansons, la légende dit qu’il mobilise alors la somme de son indemnité de départ pour monter son premier projet musical sérieux. Il fait appel à quelques connaissances de l’usine pour l’accompagner sur scène puis commence à se faire une petite réputation. A bientôt quarante ans, une grande aventure commence dont la première étape significative prend corps après quelques années, avec ce premier disque au début des années 2000.

De verre en vers est un très bon album de chanson. Ce titre était, parait-il, le nom du groupe que notre homme avait monté dans un premier temps avant d’en revenir à son patronyme. Il dit beaucoup de choses sur le contenu du disque. Si j’ai parlé de culture ouvrière, il ne faut pourtant pas s’attendre à une mise en musique du Manifeste du parti communiste. De lutte des classes, il n’en n’est pas vraiment question ici, mis à part l’hyper efficace "Y en a qui", l’un des grands classiques de l’artiste. JAMAIT s’intéresse beaucoup plus à la vie qu’au travail. Celle qui commence fréquemment au bistrot, quand justement on en a terminé de sa journée d’usine. Par exemple à celui de l’Univers, adresse dijonnaise bien connue, sujet d’une chanson d’amour ma foi fort bien écrite.

Car si je t’ai dit très vite qu’Yves JAMAIT était un interprète de valeur, il me faut dire maintenant qu’il est également un auteur des plus solides. Ce texte plein d’images spatiales en est sans doute la meilleure preuve. Tout du long de cette galette, on l’entend nous parler honnêtement et directement de sentiments humains profonds. D’amour bien-sûr, de l’euphorie des débuts à la lourde amertume de la fin, en passant par le doute ou la lassitude. D’amitié aussi, avec notamment une chanson intéressante autour de l’absence (qui s’appelle "Dis quand reviendras-tu ?", comme celle de BARBARA - mais cette dernière évoquait une histoire d’amour). Du temps qui passe, pour le pire et le meilleur. Bref il parle de toutes ces choses qui font que l’on revient à coup sûr boire quelques bières au comptoir (des fois plus que quelques bières, il faut bien le dire). Et, comme il le fait souvent en vers, voici pourquoi ce disque porte fort bien son nom.

Vraiment une belle plume, pour des textes fort bien taillés. Ajoutons à ceci un sens de la mélodie très sûr rendant ces chansons assurément agréables à entendre, voire même à chanter. L’accompagnement simple et efficace ajoute en outre à l’efficacité de l’ensemble. Plutôt à l’acoustique jazzy, guitare sèche, batterie et contrebasse (enfin il parait que c’est une basse, mais elle sonne vraiment comme une contrebasse). S’y ajoutent un accordéon chaleureux pour la convivialité ainsi qu’un piano volubile pour davantage de couleur. Tout ceci s’écoute avec un grand bonheur, tant il ressort une vraie fraicheur de cet ensemble de morceaux. Quelques-uns sont certes un peu moins réussis, mais c’est bien la seule réserve à émettre me semble-t-il.

Profitons plutôt des quelques vrais bijoux contenus dans ce lot, illustré en prime d’une peinture réalisée par le chanteur lui-même. Outre ceux déjà cités, on peut mentionner "C’est l’heure", description très parlante des fins de nuit, contenant un effort harmonique à noter. Plus loin on peut également s’animer pour "Et je bois", ses états d’âmes limpidement autant qu’amèrement exposés sur une musique en contraste, tout à fait entrainante. Et enfin s’amuser de l’autre grand classique de l’album, "Ok tu t’en vas", où l’auteur fait preuve d’un détachement des plus jubilatoires au moment de se faire larguer. Une touche d’humour bienvenue pour conclure ce disque par ailleurs des plus sérieux. On se quitte ainsi avec un grand sourire, après avoir pourtant gouté à du vrai spleen. C’est tout le talent d’Yves JAMAIT de faire en sorte que l’on ne demande qu’à l’écouter nous parler de sa condition humaine. Encore une fois parce que quelqu’un parle, qu’il a des choses à dire et que, peut-être, ça change.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Didier Lassus (accordéon)
- Marc Descloitres (basse)
- Hervé Faisandaz (batterie)
- Laurent Delort (guitare)
- François Cogné (claviers)
- Yves Jamait (chant, guitare)


1. La Fleur De L'âge
2. Adieu à Jamais
3. Le Bar De L'univers
4. C'est Pas La Peine
5. Dimanche (caresse-moi)
6. Y En A Qui...
7. C'est L'heure
8. Reste
9. Et Je Bois
10. Dis, Quand Reviendras-tu
11. Sans Façon
12. Ok Tu T'en Vas
13. L'amer



             



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