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CARPENTER BRUT - Blood Machines (2020)
Par CHIPSTOUILLE le 21 Février 2022          Consultée 1400 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Coller 1/5 à cet album-là est vraiment un crève-cœur. Juste avant d’entamer ce papier, je me suis écouté l’album de MYD, pour voir. L'artiste vient d'être primé dans la catégorie révélations des victoires de la musique 2022. Le journal Le Monde l'a baptisé l’anti-héros de l’électro, dans un article paru le 11 Février, veille de la rédaction de cette chronique. Je ne suis pas du genre à regarder de haut cette cérémonie. On y trouve même parfois de bons trucs (ANAIS, ROVER, Clara LUCIANI). Mais quand même… MYD ? On n’a rien eu de mieux en France question révélations en 2021 ? (1) J’aurais pu vous écrire la chronique avant de l’écouter, tellement c’est de l’électro-pop matinée de House complètement rabâchée. Réécoutez-moi du VITALIC, c’était la même chose en mieux, et son premier album date déjà d’il y a 17 ans. Voilà que je commence à faire mon vieux con. Non, ce n’était pas mieux avant. 'Avant' est la manne d’aujourd’hui, et il faut s’en servir pour faire mieux. Pas juste pareil, et surtout pas moins bien.

Un album de CARPENTER BRUT, à côté de MYD, quel qu’il soit, quoi qu’il soit, ça me fait donc mal de lui coller 1/5. Surtout quand on sait ce qu’est le film Blood Machines, que l’on sait d’où il vient et comment il a été réalisé.

A l’origine, nous avons donc Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard, deux mecs complètement paumés au fin fond des Hautes-Alpes. Ils ont adoré Matrix et plus encore. Ils ont rêvé d’en faire une suite et ils s’y sont employés. Leur premier film Kaydara est depuis Noël 2021 disponible gratuitement sur Youtube, et n’a cumulé que 3500 vues, à l’heure où j’écris ces lignes. Normal, Kaydara est une fanfiction série Z qui sent l’amateurisme à plein nez. Pourtant ils ont tout mis dedans, des heures, des jours non, des années. Commencé en 2004, achevé en 2011, les deux amis ont passé autant d’années à réaliser des pubs télé contre leur envie (2), à bouffer des pâtes et des sardines en boîte, à bricoler des maquettes dans une remise avec des boîtes d’œufs, des culs de bouteille plastique, du carton, des vieux casques de moto et des moniteurs de vieux PC. Un bon coup de peinture plus tard et surtout un immense travail de post-production derrière et le résultat était là. Sur certains plans on n‘y voit que du feu. Tout amateur qu’il est, le film est parvenu à la cheville de l’œuvre des Wachowski.

Est alors arrivé, on ne sait trop comment, CARPENTER BRUT alias Franck Hueso dans l’histoire. Sûrement fan de Matrix lui-même et probablement désireux de produire un clip en France. Une première collaboration a donc donné le clip de "Turbo Killer", LE tube des années 2010. Exit les Wachowski, exit les dialogues pourris et le doublage aux fraises dont Kaydara souffre. "Turbo Killer" est un clip musical dont on a facilement ignoré les problèmes de cohérence (3). Visuellement aussi bien que musicalement, on en a pris plein la tronche. Le duo qui a pris pour pseudonyme Seth Ickerman venait de se faire un nom, aidé par le dernier petit génie de la scène électro française au passage. 10 millions de vues plus tard, on peut réellement affirmer que Turbo Killer, le clip tout comme le titre, a fait un carton.

Le trio souhaitait remettre le couvert. Blood Machines, sur-titré Turbo Killer II se dévoila premièrement dans une campagne de financement participatif. Cette dernière atteignit son but et le dépassa. Tant et si bien que des 30 minutes initialement prévues, on est passé au final à 50. Une deuxième campagne fut lancée afin de financer le dépassement budgétaire de cet excès d’ambition, de nouveau réussie (4) ! Petit souci de dernière minute, il fallait un distributeur pour diffuser tout cela. La plateforme de streaming Shudder (5) finit par accepter de servir de tremplin. Blood Machines est invendable sur papier, avouons-le. Est-ce elle qui a imposé ce découpage inutile en 3 parties ? Je ne saurais dire. Mais grâce à eux et à un certain nombre de vues, le film est finalement sorti dans les salles françaises en 2020, donc en plein Covid. Il était agrémenté d’un making-of en seconde partie. Rares sont ceux qui l’ont vu, épidémie et promotion confidentielle oblige. Il est désormais possible de louer le film sur Youtube et quelques plateformes concurrentes pour une poignée d’euros. Le making-of nous a été sucré dans la manoeuvre, bien que le tarif soit le même que pour n’importe quel long-métrage. C’est l’éternelle fable du petit film indépendant contre la machinerie de l’exploitation, vous connaissez la chanson.

Blood Machines est donc devenu un moyen-métrage, destiné aux fans de S-F de série B (Z ?), de CARPENTER BRUT, de belles images et de beau son. Mais faire un film à la suite d’un clip, était-ce bien raisonnable ? Non bien sûr, rien n’est raisonnable chez CARPENTER BRUT de toutes façons. Conséquence logique, les défauts de Kaydara sont revenus avec leurs gros sabots. Blood Machines ferait passer Georges Lucas pour un génie de l'écriture (ce qu’il n’est pas !) tellement ses dialogues sont pauvres. Côté rythme également, on a trop fait confiance aux visuels, et le tout en pâtit. 30 minutes auraient déjà été de trop. Blood Machines est un film amateur. Un film amateur ? Oui oui ! Il faut le préciser, le rabâcher, parce qu'au premier coup d'oeil, comme ça, on ne dirait pas.

C’est là toute la malédiction de cette œuvre visuellement magnifique et même capable de vous déclencher un orgasme auditif au sein de sa séquence de présentation. Séquence étrangement placée au bout de 20 minutes d'intrigue. Pendant 50 minutes, on en prend plein la gueule. Ces deux amateurs sont venus pisser sur la tombe de Luc Besson (il n’est pas mort ?) avec leur budget ridicule et leur ambition démesurée. C’est du Métal Hurlant mis en images. L’Incal croise Valérian croise Le sommeil du monstre croise je-ne-sais-pas-qui-parce-que-je-n’ai-pas-toutes-les-références. Mais une suite de clip ? Où croyiez-vous aller comme ça ?

Si l’on s’était ici contenté d’un clip boosté de 15 minutes, on aurait pu obtenir un pur chef-d’œuvre, le Thriller de 2020. Il y avait la musique pour, en plus. L’intro et son "Blood Machine Theme", sans égaler "Turbo Killer", vient se hisser au meilleur niveau de CARPENTER BRUT. Le thème est en outre repris dans "Grand Final". Ce qui nous aurait donc fait un total de 1’35 + 3’20 + 6’45 = 11’40 de musique. Quelques séquences de dialogues au milieu à la Thriller auraient suffi à nous faire passer ce message de machines dotées d'âmes (super sexy ces 'âmes', je me demande ce que Freud aurait pensé de tout cet érotisme, parfois un peu gratuit). Il aurait cependant fallu engager des personnes compétentes en matière de script, de montage et de dialogues, plutôt que de diluer la sauce côté visuels et musique, et c’était bon… Raaaah, j’enrage, quel gâchis !

Au lieu du meilleur clip de tous les temps, nous avons donc un moyen-métrage un peu poussif, genre épisode de la première saison d'Au-delà du réel, fait de silences, d’exploration visuelle remarquable et d’ambiances. Des visuels qu’il a fallu recouvrir de musique, mais pas trop, afin de laisser les acteurs s’exprimer. Blood Machines la B.O, est donc une B.O, ni plus ni moins. Une de plus, qui souffre des mêmes défauts que la grande majorité des autres. Sorti de son thème principal, nous n'avons là rien de bien intéressant à écouter, c'est riche en effets mais pauvre en mélodie. "Gone Now", chanson de conclusion, aurait pu me contredire avec PENCEY SLOE au chant. Mais cette conclusion s’inscrit dans le virage des chansons lentes, plus bruitistes que mélodiques, que l’artiste semble vouloir emprunter depuis peu.

Comme nous ne sommes pas un site dédié au cinéma mais bien à la musique, je ne peux donc rien faire d’autre que de vous déconseiller cette B.O pour elle-même. Ce malgré le fait qu’on y trouve l’orgue de "Turbo Killer" au milieu de "The Last Ceremony". Cela ne suffit pas à rendre son écoute sans visuel pertinente. Rabattez-vous sur les trailers du film pour voir ce que Blood Machines aurait pu devenir. Même si 2 minutes c’est trop court, 50 c’était beaucoup trop maladroit.

Le film vaut tout de même le coup d'oeil, si vous êtes amateurs de CARPENTER BRUT et/ou de S-F. Je précise aussi que je n’ai absolument rien contre les moyens-métrages, bien au contraire. Garden of Words de Makoto Shinkai est un de mes films préférés, en particulier grâce à ses somptueux visuels et son rythme posé. Mais je ne sais même pas qui l’a mis en musique et je ne vous écrirai pas de chronique sur sa B.O.

A propos de clips, vu que je parlais de victoires de la musique en introduction, je me demande qui a gagné la récompense à ce sujet cette année ? Un reportage sur ORELSAN filmé par son frère ? Ah, on ne dit plus clip, mais 'Création audiovisuelle' ? C’est une blague ? Non.

(1) Si… AURA SHRED, j’arrête pas de le dire !
(2) Ce que nous retranscrit parfaitement la trop longue introduction de Kaydara.
(3) On se demande quand même comment toutes les bagnoles sont finalement passées de la planète d’origine au vaisseau en forme de croix là-dedans.
(4) Il fallait vraiment que Turbo Killer premier du nom ait été un carton.
(5) Moi non plus, je n’en n’avais jamais entendu parler !

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- Franck Hueso


1. Intro
2. Blood Machines Theme
3. Attack Of The Amazons
4. The Ceremony
5. Mima
6. Souls Wreck
7. Touchdown
8. Heart Ship
9. The Last Ceremony
10. Bloody Kisses - The Swift
11. Lago's Sleep
12. Grand Final
13. Gone Now (feat. Pencey Slow)



             



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