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CARPENTER BRUT - Leather Teeth (2018)
Par BAKER le 5 Juillet 2018          Consultée 3143 fois

Il fallait bien que ça arrive. De petit projet totalement underground - mais adulé, à juste titre, dès son tout premier refrain - CARPENTER BRUT est devenu une figure majeure, pour ne pas dire incontournable, du "nouveau" metal, celui qui fédère, celui qui fait rêver. Quel groupe au départ d'electro peut ainsi se vanter d'avoir clôturé le Hellfest (!) avec une reprise de la BO de Flashdance (si) qui a fait HURLER (ce n'est rien de le dire) tout le public à l'unisson ? CARPENTER BRUT est devenu énorme, et ce n'est pas anodin s'ils ont ouvert pour GHOST, l'autre gros groupe pouvant prétendre à devenir la référence des années 2010.

Mais c'est bel et bien du nouvel album dont nous devons parler ici, et même du premier album puisque les trois EP précédents étaient... des EP. Des EP sublimes, mais des EP. Il y avait quelques maigres chances pour que le passage à l'album, avec tout ce que ça comporte, se mette à foirer : ce n'est pas tout à fait le cas, mais il est clair que ce Leather Teeth, qui tente dès la pochette de mettre toutes ses chances de côté, n'a pas la force de ses "grands petits frères". A qui la faute ? Le brickwall dégueulasse ? Non, il a toujours été là. Le côté plus new wave, pop et commercial, limite joyeux ? Non, il a toujours été là. L'apport bref de chanteurs ? Non, regardez sur leur live quels sont les morceaux les plus percutants.

Non, c'est autre chose : l'inspiration. Ce disque débute une nouvelle trilogie basée sur un film imaginaire ; une manière comme une autre de composer (j'en sais quelque chose), mais qui a autant d'avantages que d'inconvénients. Et parmi iceux, le côté "passage obligé" qu'un scénario induit. Rappelez-vous le troisième et sinistre album de CHROMA KEY. Oh, CARPENTER BRUT n'en est pas à ce niveau de ratage, loin de là, mais il est vrai que passé le style craquant et le son toujours massif et joyeux, il manque quelque chose à cet album, une bonne grosse paire de couilles, cette impression que "the sky's not the limit" qui faisait qu'on jubilait sur les EP à chaque explosion de mélodie kitsch et baveuse.

Oh, ne prenez pas cet air peiné ! Il y a encore de bien belles choses à découvrir. Le pont de l'intro est prenant, le début de "Sunday Lunch" est à mourir de rire et le titre dans son ensemble est un gros amas de foutre funky à la George DUKE comme on les aime, "Monday Hunt" a tellement buté de bébés panda que le Zoo de Beauval a porté plainte, et "Inferno Galore", le meilleur titre, rappelle le sublime "Disco Zombi Italia".

Mais ce sont les ratages qui inquiètent. Car si le troisième EP était un peu plus faible, il y avait toujours une sorte de base en béton armé qui ici est remplacée par des sables mouvants. A commencer par les deux chansons, qui sont simplement à oublier. "Cheeleader Effect" utilise bien mal le chanteur d'ULVER, pourtant fraîchement sorti d'un trip synthwave. Le pont avec le Fender Rhodes funky pourrait passer mais toute la chanson ne convainc pas, c'est un peu morne. Toujours meilleur que "Beware The Beast" qui est une chanson heavy metal totalement "normale", et terriblement ennuyeuse. Ca manque d'âme. Tous les ingrédients sont là, mais le compteur Linky a fait Linkette pendant qu'on préchauffait le four.

Pourtant Frank B Carpenter s'amuse, avec les sons, avec les codes. Il n'y a qu'à écouter "Hairspray Hurricane" : Ricardo Gazoducs et Sonny Nuggetsdepoulet courent après un enculeur de maman ! C'est un peu prog, un peu funk, un peu "storyteller", mais ça ne suffit pas. Comme ces "End Titles" pas mauvais, mais comme rajoutés à l'arrache pour transformer un EP en album. Ca fait un peu Hans ZIMMER des débuts, mais pas assez, or ce qui est sûr, c'est qu'au fond de lui, Carpenter a ce pouvoir ! (Wakanda ! Me demandez pas ce que ça veut dire, on m'a dit que ça faisait très chic en soirée). Cet album est donc un mélange de petits plaisirs coupables attendus et de chansons vagues où l'on ne retrouve nullement la magie des premières fois. Serait-ce ça, l'amour ? Si oui, alors le projet CARPENTER BRUT a tout intérêt à planifier un putain de voyage d'anniversaire de mariage. Genre à Vienne, ou à Budapest, ou à Hawaï.

Ou à Melun. C'est bien, Melun.


Note finale : 2,5/5

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- Frank B Carpenter (claviers, prog)
- Kristoffer Rygg (chant)
- Mat Mcnerney (chant)
- Adrian Glitter (guitare)
- Flo Sparkles (batterie)


1. Leather Teeth
2. Cheerleader Effect
3. Sunday Lunch
4. Monday Hunt
5. Inferno Galore
6. Beware The Beast
7. Hairspray Hurricane
8. End Titles



             



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