Le retour fracassant et très attendu des australiens de MIDNIGHT OIL, il y a un peu plus d'un an, avait aussitôt rempli les attentes des fans avec un Makarata Project ultra-politisé et artistiquement réussi. Et comme Peter GARRETT, Jim Moginie et Rob Hirst sont des mecs ultra-actifs, ils n'ont de cesse de tourner dans le monde entier et forcément, leurs idées continuent de dynamiter leurs vies. Personne ne s'étonnera donc de les voir de retour aux affaires si rapidement. Rares sont les groupes prolifiques aujourd'hui, les jeunes surtout, mais les OILS ne sont pas un combo lambda, c'est le moins qu'on puisse dire. Par-delà son tragique destin, Bones Hillman y tient toujours la basse, mais l'album est cependant annoncé comme le point final de leur carrière. Ouais, ce serait bien dommage.

Pas moins de quatre singles sont sortis en héraut de ce nouvel opus. Tous de la plume du guitariste Jim Moginie. "Rising Seas", dont le sujet risque de devenir récurrent, la montée des eaux... Et les OILS plaident coupables pour nos générations, toutes responsables envers les générations futures. Rien de bien nouveau certes, mais une auto accusation, c'est rare. Le morceau est, comme à l'accoutumée, drivé par une section rythmique de grande qualité mais tout ceci est cependant un brin monolithique. S'ensuit "Tarkine", avec une vidéo toute de forêt boréale, plus folk rock cette fois, mignonne. Nous revenons à l'alternatif de haute volée avec "At The Time of Writing". On y retrouve le MIDNIGHT OIL agressif des années quatre-vingt. Moginie y essaye plein de bruitage judicieux à la guitare. Les sujets politiques et sociaux sont toujours passionnants et d'actualité. "We Resist" souhaite bien porter son nom, mais la chanson manque de mélodie et se concentre uniquement sur les aspects essentiels du message.

La puissance de "The Barka-Darling River" nous renvoie aux premières heures du groupe. Mais oui, c'est méchant et sans fioritures jusqu'au joli bridge de piano. On est quasi Pub rock à la COLD CHISEL sur "Nobody’s Child" puis poppy sur "Lost At Sea" qui vaut avant tout pour son joli refrain. La guitare acoustique de "To The End of The Earth", les choeurs de "Undercover", puis les digressions sympas de "Reef", tellement symboliques du groupe, sont toutes de bon aloi. "Last Frontier" rate de peu le statut de titre de l'album : l'ambition et les variations sont là, mais le résultat, en-deçà des grands classiques du groupe, ne perce pas par son originalité. Finalement, les arpèges de "We Are Not Afraid" proposent un instant plus sensible et intimiste, la progression instrumentale révélant cette fois le talent toujours présent des Australiens, pour le meilleur moment de cette livraison.

Quelques écoutes attentives ont hélas pour conclusion une vérité un brin tristounette : il n'y a ici aucun classique digne de figurer dans les best of du groupe, contrairement à l'album précédent. Bien sûr, il n'y a pas non plus le moindre faux pas sur ce treizième et à priori dernier album de MIDNIGHT OIL. Cela dit, les sessions datent d'il y a déjà plus de deux ans, avant le décès de Bones Hillman. Il est probable que Moginie, Hirst et Garrett en ont encore sous la pédale, mais il leur faut pour cela remettre le couvert. En auront-ils seulement envie ? Cet album paraît entériner la terrible situation écologique que le groupe n'a cessé de dénoncer pendant des décennies. Il faut continuer d'y croire et ce n'est pas simple. C'est donc un 'seulement' trois étoiles pour le dernier album des révoltés from down under.

Allez... dernier ? Je n'y crois guère !