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Robert CALVERT - Lucky Leif & The Longships (1975)
Par PSYCHODIVER le 3 Décembre 2022          Consultée 664 fois

Ce n'est jamais chose aisée que de reproduire plus ou moins à l'identique un quasi coup de maître. Pour Robert Calvert, comme ses confrères d'HAWKWIND, l'année 1975 ne fut pas une année grandiose. Tandis que les chevelus de Ladbroke Grove s'enlisaient dans un hard prog fantasy plus très space avec le surestimé Warrior On The Edge Of Time, Robert Calvert, lui aussi, n'allait pas tarder à succomber aux thématiques moyenâgeuses pour mieux perdre le contrôle.

En imaginant les péripéties improbables endurées par l'équipage du légendaire conquérant viking Leif Erikson après son débarquement aux alentours de Terre-Neuve, Bob Calvert pensait tenir là une suite logique à son précédent album concept sérieusement barré, Captain Lockheed & The Starfighters, délicieux compromis entre pépites rock et sketchs féroces à vocation politique. Rien n'arrête le Sud-Africain le plus déchiré de l'underground, surtout quand l'opportunité de tirer à boulets rouges sur tout ce qu'il abhorre se présente, la première (à l'époque) puissance mondiale en tête.
De ses compagnons affiliés au Rapace Cosmique, seuls Nik Turner et Simon House répondent présents. Paul Rudolph reste à son poste. S'ajoutent Michael Moorcock, le multi-instrumentiste Andy Roberts (collaborateur régulier de Cat STEVENS, de Roy Harper et bientôt du FLOYD période "The Wall"), sans oublier le retour de Brian ENO, désormais producteur, et son bras droit Brian Turrington, parmi une poignée d'autres requins de studios de l'époque. Et voilà cette modeste armada lancée à l'assaut du Valhalla d'outre-Atlantique.

Sorte de "Houses Of The Holy" de LED ZEPPELIN orienté à 100 % sur les musiques américaines et revisité par un obscur collectif de sales gosses (on a parfois l'impression d'entendre Captain Sensible derrière le micro tant certaines chansons sont à prendre au 38ème degré), Lucky Leif & The Longships n'obéit absolument pas à la même rigueur qui animait Captain Lockheed dont il ne retient que la facette déconnade. Et quelle déconnade ! Impossible de pouvoir prendre au sérieux des morceaux de la trempe de "Moonshine In The Mountains" et sa country de pochtron lourdingue (mais ils avaient combien de grammes quand ils l'ont enregistrée, celle-là ?). Idem de la tentative ratée de reggae "Volstead O Vodeo Do", franchement horripilante. Seule parodie qui fonctionne de A à Z, "The Lay of The Surfers", au cours de laquelle les BEACH BOYS d'avant Pet Sounds dégustent méchamment. Ou comment chanter les exactions peu diplomates des zélotes d'Odin en terres amérindiennes sur du surf-rock effréné. Attention aux fous rires avec la transformation du "Barbara Ann" de la bande à Brian Wilson et Mike Love en "Barbarians" de circonstances (Dieu sait ce qu'aurait donné une version Mad Bob de "Surfin Bird" !). Dans la catégorie remplissage, "The Making of Midgard", superposition de spoken words anémiques qui n'apportent pas grand-chose à l'ensemble, est un bel exemple. Parmi les morceaux en demi-teintes, le krautrock électronique "Storm Chant of The Skraelings" qui confronte pourtant l'oiseau tonnerre au dragon nordique, un duel annoncé comme titanesque, aurait été encore plus convaincant s'il avait été plus concis.

Mais Lucky Leif n'est pas que sketchs à ras-des-pâquerettes et comporte quelques très bons moments qui laissent à penser qu'avec un peu moins de désinvolture nous aurions pu obtenir un digne successeur à Captain Lockheed. À commencer par l'ouverture "Ship of Fools", véritable rouleau compresseur déployant une puissance hard colossale où intervient un solo épileptique, le tout enrobé dans des sons de vagues. Un titre épique qui cache, comme développé plus haut, un pétage de câbles sans réelle unité. Parmi les autres réussites incontestables, "Brave New World", joli numéro de white soul qui annonce sans le vouloir un certain "Station To Station". De même que "Magical Potion", rock à l'harmonica accrocheur où le potentiel de destruction de la plume de Mad Bob se déchaîne contre le soft power US. Enfin, "Ragna Rock", conclusion placée à l'instar de son opposée sous le signe du métal lourd (ici phagocyté par une rythmique funky), referme efficacement l'œuvre. Une oeuvre encore une fois difficile à classer et encore plus schizophrénique que son aînée, tant elle oscille abruptement entre l'épopée héroïque et la pantalonnade carabinée, à tel point que le concept à l'origine de l'album est presque inexistant. Relégué aux coulisses pour laisser place à du grand guignol, réduisant ainsi Lucky Leif à une compilation de chansons plus ou moins potables (et toujours avec ce zeste d'avant-gardisme) mais dénuées du moindre fil conducteur.

Par la suite, Robert Calvert n'allait pas accorder grand intérêt à Lucky Leif, n'intégrant au final que "Ship of Fools" aux setlists de ses concerts.
Quant aux réflexions du Sud-Africain sur l'empire Yankee, elles trouveront corps une seconde fois au travers d'un poème explosif baptisé "Vikings On Mars", que Mad Bob, après avoir réintégré HAWKWIND, ira interpréter au cours du Festival du Château de Cardiff en 1976. Elles atteindront enfin leur maturité l'année suivante, en se matérialisant sur l'une des chansons les plus décapantes du répertoire des HAWKS, "Uncle Sam's On Mars", qui ne paraîtra néanmoins qu'en 1979 sur l'album PXR5, bien qu'elle fût régulièrement jouée dès 1977 et durant l'éphémère aventure HAWKLORDS.

Avec le retour du Captain Lockheed en son sein, une nouvelle période de créativité intense et visionnaire s'ouvrait alors pour HAWKWIND. Robert Calvert ne reprendrait en main sa carrière solo qu'une fois le cap des années 80 franchi, en vue d'une succession de projets résolument plus fascinants que ce Lucky Leif, pas désagréable et réservant quelques bonnes surprises, mais trop déjanté et immature pour pleinement satisfaire.

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- Robert Calvert (chant, claviers, trompette, harmonica)
- Andy Roberts (claviers, guitare)
- Paul Rudolph (guitare, basse)
- Michael Moorcock (banjo,)
- Nik Turner (saxophone)
- Simon House (violon)
- Brian Turrington (basse, claviers)
- Sal Maida (basse)
- Mike Nicholls (batterie)
- Brian Eno (production, claviers)


1. Ship Of Fools
2. The Lay Of The Surfers
3. Voyaging To Vinland
4. The Making Of Midgard
5. Brave New World
6. Magical Potion
7. Moonshine In The Mountains
8. Storm Chant Of The Skraelings
9. Volstead O Vodeo Do
10. Phase Locked Loop
11. Ragna Rock



             



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