Recherche avancée       Liste groupes



      
NEW WAVE / POP / AOR  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style + Membre : Hawkwind

Robert CALVERT - Hype (1981)
Par PSYCHODIVER le 17 Décembre 2022          Consultée 603 fois

Les années 80 pour Robert CALVERT furent aussi prolifiques que son mouvementé mandat à la tête d'HAWKWIND. Créative, sincère, parfois engagée, extrêmement pertinente lorsqu'elle ne fut pas visionnaire, sa trilogie 80's, qui l'a vu progressivement s'émanciper des thématiques spatiales ayant fait le succès du collectif iconique de Ladbroke Grove, reste une pierre angulaire de la musique alternative/électronique underground. Premier volet de cet obscur mais passionnant triptyque : Hype.

Revenons aux origines de la chose. Hype, c'est tout d'abord un roman publié par Bob à l'orée de la décennie 80, retraçant l'ascension suivie de la chute fatale de Tom Mahler, un jeune rockeur passionné et parfait idiot utile d'une industrie du disque dépeinte tel un repère de crapules. Piégé par la machine à broyer, Mahler est assassiné en plein concert par un tueur à la solde de sa maison de disques. Exécution qui survient alors qu'il projetait de jouer de nouveaux morceaux explosifs susceptibles de mettre en péril sa hiérarchie voire de faire péter tout le système (l'une de ces chansons polémiques, une certaine "Black September" rappellera quelques souvenirs aux fadas d'HAWKWIND et d'un certain "Hassan I Sahba"). Cette mise à mort donnera l'opportunité aux Spector et autres Swan de faire fructifier leur fortune via un coup de pub juteux. Les albums du pauvre Tom s'arrachant à titre posthume, le bootlegg capté lors de sa mort devient un objet rare et convoité par moults collectionneurs. Hype, c'est l'histoire du rock selon le Sidney Lumet de Network. Bob a beau avoir affirmé ne pas avoir basé son scénario sur ses expériences personnelles, impossible de ne pas y aller de quelques comparaisons avec des événements passés et à venir. Comment ne pas penser au suicide quasi assisté de Ian Curtis, poussé dans ses derniers retranchements par la Factory, ravie d'apprendre sa pendaison et d'avoir le feu vert pour dégoter la pochette la plus morbide qui soit afin d'habiller l'indécent Closer, qui fut un carton indescriptible via un buzz scandaleux fonctionnant encore de nos jours ? Et les cas semblables sont légions, quels que soient les genres musicaux, rock, pop ou rap. En ce sens : la portée de Hype est universelle, quand bien même il s'agit d'un roman vieux de plus de 40 ans.

Aussi, Hype l'album, présenté comme la compilation officielle des plus grands tubes de Tom Mahler, a été conçu tel le complément fondamental au roman. Si, aujourd'hui, l'ouvrage est épuisé, le 33-tours a bénéficié d'une récente remasterisation, pochette retro/synthwave à l'appui, du fait de son ancrage assumé dans le mainstream du début des années 80.

Les copains HAWKS Simon House et Nik Turner reviennent filer un coup de main, de même que Michael Moorcock. Turner amène avec lui son guitariste Trev Thoms, avec qui il a fondé deux ans auparavant la très borderline INNER CITY UNIT. S'ajoutent George Csapo, Nick Michaels et Pete Dowling, tous trois membres du défunt groupe punk BETHNAL qui assura la première partie d'HAWKWIND au cours de la tournée pour Quark Strangeness & Charm en 1977. Autre nouveau venu : Pete Pavli. Le bras droit de Mad Bob à l'époque depuis que Simon House l'a recommandé au Captain Lockheed en 1980. Pavli, multi-instrumentiste confirmé, a appuyé Bob durant les performances théâtrales qu'il a écrit, mis en scène et interprété depuis son départ d'HAWKWIND. La plus illustre étant la très en avance sur son temps "The Kid From Silicon Gulch", dont je reparlerai très bientôt. Suspense.

Disons-le tout net : Hype est un album résolument grand public. Il met de côté toutes velléités expérimentales et s'inscrit dans la déferlante new-wave radiophonique du moment, tout en lorgnant de temps à autre le rock fm américain. Tout cela répond à un travail d'orfèvrerie pop cérébral, d'apparence simpliste mais à l'éclatante subtilité, celui-là même que Gary NUMAN maîtrise sur le bout des doigts ("It's The Same" en est le meilleur exemple). Bob cherche à correspondre en tout point aux modes de l'époque ... pour mieux les malmener avec un plaisir coupable, tout en préservant une rigueur et un sens concis de la composition (bye bye les errances pataudes de "Lucky Leif & The Longships"). En gros, c'est Alan Vega qui se la joue LOVERBOY.

Quant à la plume toujours aussi affûtée du Sud-Africain, elle ne procède pas à une démolition sauvage et absurde tel que ce fut le cas sur Captain Lockheed & The Starfighters et Lucky Leif & The Longships. Toutefois, comme à son habitude, Calvert continue de se placer dans la peau de son personnage qu'il incarne avec la conviction indéfectible qu'on lui connaît (ses collègues d'HAWKWIND se souviendront longtemps de ses performances où son fameux alter ego soldat de choc épéiste mitrailleur halluciné prenait le dessus sur lui). Il vit Tom Mahler, ce jeune fou qui porte un regard bien plus perspicace qu'il n'y paraît sur le cirque tragi-comique qui l'entoure. Deals, plagiats plus répandus qu'on ne le pense (ce clin d'œil savoureux à Little Eva et son "Loco-Motion" sur l'introductif "Over My Head"), images publiques préfabriquées, querelles entre musiciens, pitreries shock rock éculées mais toujours mises en avant du moment que ça fait vendre ... "Hype" flingue à tout va, tandis que l'illusion d'avoir affaire à des pop songs en apparence lambdas est totale, du sautillant "Hanging Out On The Seafront" aux plus parodiques "Ambitious" et "Evil Rock" (où tout les rebelles en plastique du milieu se font laminer), de l'imparable "Sensitive" au riff acéré et aux arrangements catchy dignes des grandes heures de l'AOR, jusqu'à l'haletant autant qu'inquiétant "The Luminous Green Glow Of The Dials Of The Dashboard At Night" (je reprends mon souffle, 'scusez ...).

Sur l'enchaînement "We Like To Be Frightened", plus new-wave tu meurs, et qui n'aurait pas été intrus chez le ALICE COOPER de Flush The Fashion ou chez les DAMNED de ce bon vieux Dave Vanian qui n'a jamais dissimulé son goût prononcé pour le cinéma bis, "Teen Ballad Of Deano", chronique d'une fureur de vivre aussi onirique et désespérée que touchante et "Flight 105" où Air Cocaïne phagocyte "Easy Rider" dans une des ambiances synthés nocturnes que Michael Mann affectionne tant, Calvert et ses hommes matérialisent chacune des thématiques centrales de l'album : l'entertainment et l'envers du décor, les rêves de gosses frelatés par les pourris, l'économie souterraine au bénéfice des raclures précitées.
Le calme "Greenfly And The Rose" semble s'ériger comme une conclusion plus feutrée que le reste de l'album le laissait présager. Il n'en est rien. Mad Bob a gardé pour la fin ce qui restera le morceau emblématique de sa carrière solo. "Lord Of The Hornets". Riff à l'efficacité redoutable , claviers space jamais envahissants et composition carré, cette bombinette instantanée relatant les aventures d'un jeune marginal contrôlant les frelons (dont il fait ses "squadrons of stukkas" et ses "fighters kamikazes", Mad Bob un jour : Mad Bob toujours) à grands renforts de phéromones et de guidages vocaux est une réussite totale, capable de tenir tête aux plus inoxydables standards du rock.

Avec Hype, Robert Calvert franchissait haut-la-main le cap des 80's et prouvait qu'il pouvait largement rivaliser avec les cadors de l'époque. Un sacré bon album, intelligent et inspiré qui ne demande qu'à être réhabilité et trouvera son public autant chez les inconditionnels des CARS période "Panorama" / "Shake It Up" que chez ceux qui ont failli y laisser un poumon un mimant le solo de saxophone du "Urgent" de FOREIGNER. Profitons de cette première étape aussi caustique que réjouissante. La suite des aventures solo de Bob Calvert sera aux antipodes de la légèreté pop.

A lire aussi en NEW-WAVE par PSYCHODIVER :


PUBLIC IMAGE LIMITED
This Is Pil (2012)
You are now entering a PIL zone !




The CHURCH
Of Skins And Heart (1981)
Des mélodies qui vont droit au cœur


Marquez et partagez





 
   PSYCHODIVER

 
  N/A



- Robert Calvert (chant, guitare, claviers, percussions)
- George Csapo (claviers, violon)
- Nick Michaels (guitare)
- Trev Thoms  (guitare)
- Nik Turner  (saxophone)
- Pete Pavli (basse, violoncelle)
- Simon House  (claviers, violon)
- Michael Moorcock  (guitare)
- Pete Dowling (batterie, percussions)


1. Over My Head
2. Ambitious
3. It's The Same
4. Hanging Out On The Seafront
5. Sensitive
6. Evil Rock
7. We Like To Be Frightened
8. Teen Ballad Of Deano
9. Flight 105
10. The Luminous Green Glow Of The Dials Of The Dashbo
11. Greenfly And The Rose
12. Lord Of The Hornets



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod