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POST PUNK   |  STUDIO

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The CHURCH - Of Skins And Heart (1981)
Par PSYCHODIVER le 13 Février 2024          Consultée 665 fois

À la somme multi choix : "Australie" + "afterpunk", au détriment des inévitables MIDNIGHT OIL et exécrables INXS, je réponds sans la moindre hésitation : THE CHURCH.

Au sein de la grande famille éclatée du rock au sens large, THE CHURCH a toujours fait figure de brillante anomalie. Apôtre d'un rock punky imparable, enrichi au psychédélisme et ne dédaignant pas les incursions dans les sphères space, goth et dream pop, ces drôles de zèbres n'ont jamais su convertir un large public, en dehors d'un parterre non négligeable de fans en effectif réduit. Trop anglais aux oreilles des Américains, trop pop pour les rockers et pas assez doux pour les cages à miel fragiles, débarquant en pleine décennie 80 superficielle avec un solide bagage rétro et sans aucune volonté de se conformer aux attentes des masses, pas suffisamment morbides pour les fondus adorateurs des pourtant risibles Rozz Williams, Carl McCoy ou Andrew Eldritch (navré, les corbeaux, je vous aime bien, mais vous avez de ces icônes franchement).
THE CHURCH est à la scène alternative ce que furent HAWKWIND à la scène psychédélique, BLUE ÖYSTER CULT au heavy metal, les DAMNED au punk britannique et PUBLIC IMAGE LIMITED au pur post punk : des musiciens qui dès leurs débuts n'ont pas tenu compte des cloisons imposées par leur étiquette, ont su concilier le genre qu'ils défendaient avec des influences extérieures et ont littéralement fait ce qu'ils ont voulu, du moins dans la majeure partie de leur longue carrière toujours d'actualité.

Aux racines de l'Église, une rencontre entre zicos de Sidney au milieu des années 70, impliquant Steve Kilbey, jeune british débarqué tout gamin en terre australienne, et Peter Koppes, natif du continent désertique. Les deux jeunes hommes, qui vont écumer les scènes de Canberra à travers différents projets éphémères, partagent une affection pour le space-rock, le FLOYD d'avant The Wall et les 60's sous mescaline. En 1980, en compagnie du batteur Nick Ward, ils fondent THE CHURCH, qui ne démarre véritablement qu'avec l'arrivée d'un autre britannique, Marty Willson Piper, convié à se joindre au trio à la sortie d'un de ses premiers concerts. Déjà possesseurs d'un bon petit répertoire et forts d'un premier single encourageant ("She Never Said"), les quatre sont repérés dans l'année par le magnat Chris Gilbey, affilié à EMI, séduit par une démo 4 titres comprenant l'excellent "Chrome Injury". Épaulé par l'américain Bob Clearmountain, le groupe qui en veut sacrément s'enferme en studio dans la foulée et publie Of Skin and Heart en avril 1981.
De tous les morceaux existant aux aurores du groupe, seuls "Chrome Injury" et "She Never Said" sont intégrés à ce premier album qui obtient un beau succès auprès du public australien et permet à THE CHURCH de se lancer dans une tournée nationale. Il faut néanmoins attendre un an de plus et la répartition entre Carrère pour l'Europe et Capitol pour les US, pour que Of Skins and Heart puisse s'exporter, sous un autre nom et une autre pochette. Il sera rebaptisé The Church et sera présenté sous une couverture pour le moins iconoclaste (une statue d'ange brisée au sol) assez éloignée de l'esprit du quatuor, là où le schéma anatomique de la version australienne (désormais la seule et unique pochette reconnue) s'accorde plutôt bien à la froideur post-punk clinique du disque.

Efficace, juvénile, fougueux et froid. Voilà les qualificatifs qui résument le mieux la nature de Of Skins and Heart. Ce premier opus est l'archétype du 33-tours inaugural de la carrière d'un jeune combo affamé. La "aussie touch", garantie d'une énergie sans borne, et l'influence du rock héroïque qui sévit en Grande-Bretagne à la même période imprègnent la plupart des chansons. À commencer par "Chrome Injury" à l'excellence déjà évoquée plus haut, toutes guitares dehors, un Steve déjà fort convaincant du point de vue vocal, notamment sur les ponts aériens où il se livre presque au spoken words. On ne le dira jamais assez : l'œuvre de J.G Ballard, en particulier Crash, n'a inspiré que des morceaux d'anthologie. C'est d'ailleurs curieux que le choix du single se soit tourné vers le sautillant "The Unguarded Moment", bien moins accrocheur. Son succès inattendu ne tarde pas à se transformer en syndrome "Silver Machine"/"New Rose"/"Aux Sombres Héros De L'Amer". Sans pour autant l'avoir banni de leur répertoire, Steve and co' n'en pourront bientôt plus de devoir l'interpréter perpétuellement et aujourd'hui encore ne lui réservent pas une place centrale dans leurs setlists.
"She Never Said", la doyenne des pistes, verse dans le pur post-punk grisâtre avec une ambiance que n'aurait pas renié Colin Newman et un Steve dont la voix oscille entre le timbre de Gary NUMAN et celui de Ric Ocasek. Un ensemble qui n'est pas pour me déplaire. L'aura du mal aimé October de U2, lui aussi publié en cette année 81, semble s'être invitée. Le doux amer autant qu'énergique "For A Moment We're Stranger" et le tendu "Fighter Pilot Korean War", prototypes des futurs morceaux emblématiques du quatuor, sont la promesse d'une formule détonante qui ne demande qu'à être davantage exploitée. Enfin, "Bel-Air" permet de reprendre notre souffle via ses superbes guitares tout en retenue, la paire Koppes/Willson Piper ne déchaîne pas encore l'immensité de son potentiel, mais cela ne saurait tarder.
Seules petites ombres au tableau, un "Memories In Future Tense" pas mauvais mais pas fondamental, "Is This Where You Live" ou le morceau progressif prometteur à défaut d'être d'une construction irréprochable (les quatre de Sidney feront bien plus consistants) et la conclusion "Don't Open The Door To Strangers", ballade semi acoustique où Steve peine encore à maîtriser sa voix dès lors que le rythme diminue. Mais il ne s'agit là que de défauts mineurs qui jamais n'handicapent Of Skins And Heart tout ce qu'il y a de plus réjouissant.

Bien qu'encore trop ancré dans la vague post-punk limite cold-wave (la production et la batterie écrasante y sont pour beaucoup) et malgré l'absence des textes psychédéliques/romantiques/space qui deviendront indissociables de la formation, comme le manque manifeste de maturité de ces gamins (à l'époque Kilbey, Koppes, Willson Piper et Ward étaient des grands gamins du haut de leur vingtaine) : Of Skins And Heart se hisse sans encombres parmi les albums iconiques du son post-punk des années 80 que sont les premiers CURE et U2, Juju des BANSHEES ou encore Movement de NEW ORDER, avec qui il partage une personnalité bien trempée mais que l'on ne va pas retrouver (du moins dans sa conception initiale) sur les prochains opus du groupe.

Déjà, avant la fin des sessions d'enregistrement, Nick Ward fait ses valises et est remplacé par un confrère d'Adélaïde. Un dénommé Richard Ploog. Annonciateur d'une croisade aussi floue que somptueuse : le véritable acte de naissance de THE CHURCH.

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   PSYCHODIVER

 
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- Steve Kilbey (chant, basse, claviers)
- Peter Koppes (guitare)
- Marty Willson Piper (guitare)
- Nick Ward (batterie)


1. For A Moment We're Stranger
2. Chrome Injury
3. The Unguarded Moment
4. Memories In Future Tense
5. Bel-air
6. Is This Where You Live
7. She Never Said
8. Fighter Pilot Korean War
9. Don't Open The Door To Strangers



             



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