Sur les restes encore fumants du groupe de Stoner californien KYUSS, son guitariste Josh Homme fonde en 1996 QUEENS OF THE STONE AGE. Le groupe tire son nom improbable de délires de répétitions, et de la volonté de produire un rock "suffisamment dur pour les garçons et doux pour les filles". Au-delà de la boutade, cette dualité s’inscrira durablement au cœur du projet et du son du groupe qui réussira progressivement à déployer un univers mêlant miraculeusement le côté bourrin du stoner, avec une diabolique séduction immédiate et quasi pop qui lui vaudra ses plus grands succès futurs (notamment avec l’album "Songs For The Deaf").
Sorti en 1998, ce premier album à la pochette provocante pose les bases de la recette qui fonctionnera si bien par la suite. Précisons d’emblée qu’il ne représente qu’une version Alpha de ce qui deviendra énorme. Il pose néanmoins les prémisses d’un style, voire d’un genre, qui s’imposera progressivement comme unique et novateur. Il n’est cependant pas recommandé de le découvrir en dernier (ce qui fût mon cas), car il est nettement en dessous du reste de la production des Américains.

L’inspiration générale est comme il se doit lugubre et morbide : les obsessions et addictions, le désespoir amoureux, le suicide, le meurtre… "Regular John", le premier titre, déboule avec son riff écrasant et monocorde que le chant plaintif et distant de de Josh ne parvient pas tout à fait à rendre séduisant. Le tempo est medium, et le titre finalement correct malgré son côté répétitif. Cet aspect est le principal défaut du disque : si le chant de Josh, dont on découvre peu à peu les différentes facettes, est intéressant et novateur, la musique est souvent monocorde, voire monotone avec un manque flagrant de surprises. Dans cette veine, "If Only" un peu plus Rock’n’roll, "Walkin’ On The Sidewalks" au rythme chaloupé, "You would Know" et ses effets vocaux robotiques ou encore "How To Handle A Rope" au rythme un peu tribal, sont des titres pas inintéressants mais manquant cruellement de variété et de réelle séduction. "Hispanic Impressions" est un instrumental assez lourd doté d’un riff bourdonnant très répétitif et d’une batterie martiale, alors que "I Was A teenager Hand Model" avec ses bruits domestiques bizarroïdes (dont celui des toilettes) tient difficilement sur la distance, et que "Give The Mule What He Wants" est assez balourd.
Plus intéressants sont "Avon" et son gros riff à la Kyuss, son chouette break de batterie, et surtout un chant plus aéré et mélodieux de Josh, "You Can’t Quit Me Baby" qui dévoile un gros riff de basse, et de jolies harmonies vocales en seconde partie du titre et "Mexicola" plus heavy et assez convaincant. Ces quelques morceaux, quoique plus réussis, ne sont pas pour autant incontournables et s’avèrent finalement plus prometteurs que véritablement aboutis.

On comprend bien que Queens Of The Stone Age est un coup d’essai, un premier pas mal assuré vers ce qui deviendra une formule gagnante pour Josh Homme et sa troupe. Quoique finalement correct, cet album n’a pas encore réellement coupé les ponts avec la musique de KYUSS, et l’inspiration n’est pas pleinement au rendez-vous pour faire de cet opus un classique.
Je lui mets 3 pour sa dimension historique, ma note réelle étant de 2,5.