RIHANNA ralentit un peu le rythme (à souligner puisque ce sera la seule fois de sa carrière où un album ne sort pas annuellement avant Anti) avec la sortie de Rated R, son quatrième album. Et pour cause, la chanteuse récupère à peine de l’agression dont elle est victime par le chanteur Chris BROWN, son mec de l’époque et sort tout juste de la tempête médiatique. La chanteuse reste entourée de son équipe habituelle qui lui produit des sons entre pop, rnb et hiphop mais prend un virage un peu plus rock et infusé de dubstep, tout à fait de rigueur pour l’époque. A la poubelle la naïveté qu’on retrouvait sur "Umbrella", le temps a fait son oeuvre et Riri nous revient transformée, fâchée et libérée sur un album où la basse sera bien plus présente qu’auparavant.

Le titre d’introduction "Mad House" nous invite dans une sorte de film d’épouvante dubstep sombre où l’ambiance est morbide comme sur la ballade pop rnb "Russian Roulette" où la chanteuse délivre une bonne performance vocale. Même si aucun titre n’a été créé pour parler de sa relation tumultueuse, plusieurs chansons semblent y faire allusion, par exemple "Cold Case Love" dans laquelle les violons se mêlent au piano et aux guitares électriques sur un rnb où on reconnait bien la patte de Justin TIMBERLAKE (Your love was breaking the law, but I needed a witness/So wake me up when it’s over, it don’t make and difference/Will it ever be solved, or am I taking the fall?).

Des ballades, il y en a encore quelques-unes : "Stupid In Love", écrite par NE-YO et menée par un piano ainsi que des claquements de doigts, "Fire Bomb", le single "Te Amo" qui injecte des éléments de musique latine ou encore le titre final "The Last Song", sinistre juste comme il faut. Il y a aussi "Photographs" qui passe de ballade à la pop avant de terminer sur l’électro-dance de WILL.I.AM en featuring sur le morceau. L’attitude assertive et brave de RIHANNA est au sommet sur "G4L", un hymne rnb-dubstep puissant et sombre sur une production lourde, à l’image de la chanson, qui progresse de manière presque menaçante et une performance vocale intense (Can’t hurt us again when you come around/We got our guns, got our guns/We got our guns in the mother fucking air).

Vous l’aurez compris, la machine à tubes n’est jamais bien loin de Riri et c’est 6 singles qu’on a sur cet album, soit presque la moitié de l’opus (oui, oui !). Au programme, le banger hiphop au beat tranchant "Hard" en duo avec le rappeur américain JEEZY pour proclamer haut et fort un sentiment de force et de puissance (Brilliant, resilient, fan mail from 27 million). Toujours dans les singles, il y a le titre hiphop aux sonorités dubstep "Wait Your Turn", le méga hit "Rude Boy", un mélange de dancehall rnb électro, parfait pour les clubs et qui reste encore aujourd’hui un classique de la discographie de la chanteuse. "ROCKSTAR 101", gros tube également, verra le hiphop crunk surexcité fusionner avec la guitare agressive de SLASH de GUNS’N’ROSES, non ce n’est pas une blague, et ça marche plutôt bien (To be what you wish/You gotta be what you are/Only thing I’m missin’/Is a black guitar).

Dans la quête du style de Riri, on dirait bien qu’on touche enfin au but. La chanteuse se permet de fureter sur tous les territoires musicaux qui lui font de l’oeil, de se plonger vraiment dans l’introspection, de se montrer vulnérable et plus vraie qu’elle ne l’a jamais été. Le disque est un succès commercial, bien sûr, et même s’il n’est pas parfait, il a le mérite d’être le témoignage d’une évolution aussi bien artistique que personnelle. La tourmente émotionnelle n’est peut-être pas complètement passée mais RIHANNA est en bonne voie pour devenir la badass qu’on connait aujourd’hui.