Saviez-vous que l’Allemagne voue un véritable culte à ANASTACIA ? Elle n’est pas la première puisque Bonnie TYLER, qui officie dans un genre comparable, en bénéficie aussi. Nos amis germains aiment les blondes aux formes généreuses et aux voix éraillées. Ce huitième opus de la blonde aux lunettes est donc entièrement voué à la patrie de Goethe, voyez-vous ça. La setlist n’est guère parlante puisque la majorité des titres et des artistes me sont inconnus. On peut néanmoins compter sur la chanteuse pour choisir judicieusement. Dommage, pas de métal lourd from Germany, il y avait pourtant du très lourd. C’est comme ça !

Les choix de la belle blonde nous amènent là où on n’aurait pas cru la retrouver. Ainsi, le titre d’ouverture sort de la discographie de DIE TOTEN HOSEN, et "Best Days" retentit avec évidence dans cet album comme un porte étendard, puisqu’il s’agit d’un des hymnes de la musique outre-Rhin, où le groupe était catalogué à ses débuts comme Punk, avec une belle vidéo tournée à Lisbonne. Passons à l’unique reprise Hard ; reprendre les SCORPIONS et leur "Still Loving You" relève de la gageure. Comment rivaliser avec la voix de Klaus Meine et les solos de Rudolf Schenker? Comment retranscrire la magie de ce titre responsable à lui seul d'un baby boom ? Contentons-nous de signaler que l’hommage est sympathique, mais impossible d’émuler le standard.

On passe du coq à l’âne avec "Monsoon", une des jolies réussites du groupe d’ados les TOKIO HOTEL. Cette fois, ANASTACIA s’en sort très bien. Il faut dire que le titre se marie fort bien avec sa voix rocailleuse, carrément taillée pour le Rock. Cela dit, je préfère la version des ados. Dans les classiques de la New Wave, nous avons plusieurs classiques outre-Rhin. Qui a oublié le "Forever Young" d'ALPHAVILLE? Personne, c’est bien l’évidence ! ANASTACIA lui rend justice avec une énergie sympa. Et voilà pour les classiques internationaux, le reste est en Deutschland mais pas trace de RAMMSTEIN.

"Now Or Never" de Johannes QERDING nous plonge dans une petite vibe Pop de bon aloi, sans trop en faire, juste efficace. Personne n’échappe à l’âge et on voit que la chanteuse a désormais 55 ans. C’est respectable et on remarque qu’elle n’essaye pas de gommer les défauts inhérents ou de se faire passer pour une jeunette comme d’autres. C’est respectable mais c’est aussi ce qui la rend humaine et sympa. Les territoires Pop jouxtent aussi la variété avec le groupe UNHEILIG et leur "Born To Live", moins remarquable. Le principal argument chez notre chanteuse, c’est la voix, éraillée mais ample et veloutée, pleine de maturité et techniquement irréprochable, ça donne des titres comme "Beautiful" de Sarah CONNOR ? Non, pas celle du Terminator.

Elle chante avec Peter MAFFAY – roumain en terre allemande - la composition de ce dernier, "Just You". Mais à nouveau, le titre manque de force probante avec sa petite vibe countrysante. Cette fois, nous sommes clairement passés dans le domaine de la variété. "Symphony" du groupe SILBERMOND nous fait traîner dans la même ambiance, avec une emphase qui nuit un peu à l’ensemble de la chanson. Certes, la voix de la chanteuse est belle mais desservie par une composition peu amène. Udo LINDENBERG est présent avec "Cello", un slow qui ne restera pas dans les mémoires, malgré un ton romantique tout comme "An Angel". Un petit esprit Latino se retrouve sur "Supergirl", avec sa petite guitare espagnole, de la pop efficace au refrain addictif.

La notation de cet album est complexe. Il ne s’agit pas de matériel nouveau et, compte tenu des six ans qui nous séparent du dernier album d’ANASTACIA, c’est un peu léger. Nous sommes donc condamnés à analyser des reprises faites par une chanteuse de pop. Je recommande l’écoute de "Moonson" et de la vibrante "Best Days". En dehors de cela, les nouvelles versions n’apportent pas grand-chose à l’édifice de la musique populaire. Je vais donc être sévère et poser un deux, en espérant que le prochain album sera de facture plus originale.