Avec toutes les épreuves que traverse ANASTACIA dans sa vie, rien d’étonnant à ce qu’elle ait ainsi nommé son quatrième album. Il y a du positif dans ce choix et une manière évidente de regarder la vie comme un verre à moitié plein. J’aime cette vision des choses. Cela dit, une grave erreur de marketing est à noter : retirer à notre chanteuse sa paire de lunettes, c’est la rendre méconnaissable à une grande partie du public. Dommage. Cinq années de pause, c’est long, même lorsqu’il s’agit de lutter contre un cancer et ses séquelles. La plupart des fans n’ont cure de la vie personnelle de leurs chanteuses préférées et l’eau a clairement coulé sous les ponts. Il va falloir lutter pied à pied pour retrouver un auditoire.

"I Can Feel You" porte encore la marque de Michael JACKSON, servi par un refrain électro-funk de grande classe et une atmosphère de gaieté finalement très eighties. C'est un très joli titre à garder.
Voyez la vibe
du single suivant "Absolutely Positively", toute de Stevie WONDER vêtue : c’est croquignolet. Sa voix se marie remarquablement avec ce style. Le titre donne envie de se trémousser sous un cocotier des Caraïbes, tout va bien comme le titre le laisse deviner.
Le mid-slow "Defeated" investit un territoire plus proche du R’n’B, mais sans rien perdre en qualité. Il ne sort qu’en single promotionnel. Hélas, aucun de ces singles ne perce la couche d’indifférence des mélomanes en cette année 2008.

La voilà qui imite Amy WINEHOUSE sur "Same Song", c’est bluffant ! Sa voix lui permet toutes les audaces. Le résultat est superbe et voilà une mélodie qui a vraiment du chien, très originale, une vraie petite merveille à écouter en boucle et le top de cet album !
Les mignonnes et gaies "The Way I See It" et "All Fall Down" plongent franchement dans le registre pop. Sur un sujet sympa, "In Summer" évolue dans une pop acidulée dont le refrain et la petite gratte folk sont vraiment jolis.
Le slow "You’ll Be Fine" nous éloigne aussi un peu de son précarré. Sa voix y est assez méconnaissable, perdant sa rauquitude, rien de déshonorant mais un peu facile à mon sens.

Des percussions endiablées lancent l’éponyme "Heavy Rotation" sur un rythme puissant quasi techno. Les sequencers délivrent ici une vraie puissance tellurique proche de certains thèmes de MADONNA. "I Call it Love" poursuit cette quête, on y note une basse assez géniale. Les beats surpuissants continuent sur le bonus "Beautiful Messed Up World" qui, en revanche, ne me fait pas bouger une oreille. Je trouve cet ensemble assez maladroit.
Le ton emphatique de "Never Gonna Love Again" me surprend un peu venant d’ANASTACIA, on croirait presque une musique de B.O. La composition me semble un brin trop polissée. Le conclusif "Naughty" est un autre bonus qui lui va comme un gant au niveau du titre, c’est certain. Le titre se laisse bien déguster avec sa dynamique et ses consonances funky dance.

ANASTACIA dit avoir voulu se sentir libre en faisant cet album. Plusieurs titres sont signés d’autres compositeurs et elle dit avoir ressenti du bonheur en le faisant. De fait, l’ambiance générale est à la danse et à l’insouciance, d’où le titre qui implique que la vie trouve toujours son chemin. Je garde quant à moi la magnifique "Same Song" en mémoire. L’album est un trois fort et recommandable. Hélas, l’opus fait un flop énorme, à des années lumière des chiffres de vente d’antan.