Notre désormais quadragénaire ANASTACIA est toujours aussi belle, merci ! On note d'emblée que la division marketing n’a pas fait la même erreur que précédemment et les lunettes sont à nouveau dans la place. Diantre ! Pour cette fois, le concept est clair, la jolie chanteuse à la voix rauque va reprendre des titres chantés par des hommes. Oui mais pas n’importe lesquels, des classiques pour la plupart chantés par des frontmen de grand talent, de quoi se prendre une volée de bois vert en cas de chute libre. Le calcul ne semble guère judicieux à la base, même si le choix de la playlist est des plus respectables. Il s’agit du cinquième album d’ANASTACIA.

Plusieurs époques ont la préférence de l’artiste : on note une nette appétence pour le rock plutôt hard des seventies avec tout d’abord le "Ramble On" de LED ZEPPELIN, pas si évident de chanter Robert PLANT sans se prendre des tomates dans la tronche, mais la petite blondinette se débrouille pas mal en étant assez fidèle à l’originale, l’hommage est sympa. La logique imparable appelle ensuite les ROLLING STONES à la barre avec leur "You Can’t Always Get What You Want". J’y déplore un brin trop d’orchestration là où Mick JAGGER tenait le titre sur ses seules épaules, faisant preuve de son légendaire charisme. Rien de déshonorant, mais il vaut mieux rester sur le classique indéboulonnable. Nous restons dans les seventies avec le fabuleux slow des dupont volant, le magnifique "Dream On". La problématique est un peu la même que précédemment, reprendre Steven Tyler après Mick Jagger… Je préfère le ton de cette reprise très fidèle à l’originale, mais on est loin de la puissance de la version d’AEROSMITH.

On attaque la superficielle décennie des eighties avec le terrible "Back In Black" des kangourous d’AC/DC. Bon Malcolm n’est clairement pas à la rythmique et finalement il n’est pas si simple de reprendre le Brian Johnson, et malgré sa voix rauque, ANASTACIA ne parvient pas à l’émuler. C’est au tour de BON JOVI – oui on reste dans le très lourd – et son "You Give Love A Bad Name"… Le son est à nouveau trop light ; tant qu’à reprendre du hard, il nous faut du son ! La chanteuse s’attaque aux grands classiques, cette fois le "Sweet Child O’Mine" des GUNS’N’ROSES. Là non plus, ce n’est pas SLASH à la gratte, mais un peu de magie opère, ne serait-ce que grâce à la proximité des voix de Axl et de Stefanie.

Nous passons dans la division alternative avec l’arrivée des nineties ! "One" de U2 tout d’abord : un piano embraye le titre en lieu et place de la gratte de The Edge. Bof franchement, mais le chant est joliment fait. On attaque le grunge avec le "Black Hole Sun" des SOUNDGARDEN. La gratte rappelle Kim Thayil, mais il est à nouveau difficile de faire concurrence à Chris CORNELL, la version demeurant toutefois très correcte. L’immense classique de OASIS, le "Wonderwall" est là. Comme on pouvait s’y attendre, la comparaison est difficile d’autant qu’il manque un peu de testostérone. Voyez le refrain trop mollasson. On poursuit avec le "Best Of You" des FOO FIGHTERS, un hommage assez réussi sans toutefois atteindre la qualité de l’originale. On en termine avec le "Use Somebody" des KINGS OF LEON, aux vélléités très pop, sympa.

Les craintes du départ se sont justifiées: on a beau avoir un organe vocal surpuissant, être doté d’avantages en nature tout à fait charmants et avoir une personnalité de guerrière hors-normes, rien n’y fait lorsqu’il s’agit de faire preuve de masculinité. Alors certes, il n’y a ici rien de désastreux, mais en revanche, pas une seule des versions ici présentes n’est susceptible d’émuler l’originale et c’est bien là que se situe la catastrophe. La note ne peut donc être bonne, et je colle un 2 étoiles à l’album de reprises de ANASTACIA, pourtant un best of évident en termes de choix de chansons.