Dans les 90’s, les anciennes gloires du Hair Metal en rupture de bail avec les majors échouaient sur des labels indépendants plus ou moins compétents. Quand vos héros passaient chez Perris, Spitfire, Cleopatra Records, ça commençait à sentir le sapin. Les pochettes étaient moches, les productions ternes et je ne vous parle pas de la mode des albums Tribute, tous plus mauvais les uns que les autres, sur lesquels les musiciens cachetonnaient pour manger. Pour l’heure, ENUFF Z’NUFF est chez Big Deal Records.

Tout est question de moyens, bien sûr, et le roublard Chip Z’Nuff a une méthode bien rodée quand le budget alloué par les labels est malingre : il pioche dans la besace du groupe une poignée d’inédits et peut remercier pour ça son compère Donnie Vie, infatigable compositeur. Après 1985, Peach Fuzz est donc déjà le deuxième recueil de morceaux recalés dans la discographie encore jeune d’EZN. À l’exception de "Kitty", face B du single "Mother’s Eyes" sur Strength, sûrement écarté à cause d’un riff redondant avec celui de "Long Way to Go" (mais bien sympa avec un solo décidément malicieux de Frigo) et de "Happy Holiday" (très oubliable) composé initialement pour la B.O de Home Alone 2, le reste des inédits sélectionnés est principalement issu des séances d’enregistrement de Animal with Human Intelligence.

On est évidemment en présence de morceaux de second choix mais au rayon des bonnes surprises, les très pop "Message of Love", "Long Enough For Me", l’expéditive "Vacant Love" et la plus énergique "Make Believe" font leur (petit) effet. Ailleurs, et si Vie est incapable d’écrire une chanson foncièrement mauvaise, on comprend pourquoi ces compos n’ont pas été retenues. Ici parce qu’un riff bateau trop metal ne convient pas au filet de voix proche d’Elvis COSTELLO de Donnie Vie qui force ("You’re not Me"), là parce que trop en-deçà du niveau habituel (la ballade "Rainy Day" n’est pas vilaine mais souffre de la comparaison avec ses aînées). Et ironie quand tu nous tiens, comme toute sortie japonaise qui se respectait, cette compilation d’inédits est flanquée… d’un morceau bonus inédit ("Video Man", ou quand un inédit devrait le rester).

Aujourd’hui, avec une bonne dose de bienveillance, on s’attardera sur le côté archives de Peach Fuzz mais, à l’époque, au regard des efforts qu’il fallait déployer pour suivre la discographie de EZN et après l’évolution bienvenue de Tweaked, on était en droit d’être agacé par la fourberie de Chip Z’Nuff. Et quand on sait qu’il nous referait encore le coup avec la contrefaçon du groupe qu’il propose maintenant depuis trop longtemps...