Seven pour septième album d’ENUFF Z’NUFF ? Ce serait simple mais on ne change pas une équipe qui perd et la discographie du groupe est bien trop alambiquée pour qu’on se contente d’une telle logique. Cet opus est en réalité sorti en 1994 sous le titre Brothers et signé CHIP & DONNIE pour le marché japonais, une astuce contractuelle permettant au duo Vie-Z’Nuff d’empocher un chèque sur un nouveau compte alors qu’EZN était fiché à la banque du Rock. C’est en 1997 que le disque ressort sous un nouveau titre dans la disco du combo de Blue Island et peu importe le plumage pourvu qu’un ramage aussi enchanteur soit entendu par le plus grand nombre.

Outre le tour de passe-passe contractuel, l’intérêt d’une sortie sous un autre patronyme permet au duo de s’affranchir des derniers stigmates du Hair Metal qui leur collent aux basques. Plus besoin de ménager la poignée de nostalgiques de l’ère pré-Nevermind, les deux hommes ne s’interdisent rien en matière d’arrangements pour magnifier les compositions plus lumineuses et optimistes qui devaient initialement contre-balancer la noirceur des morceaux de Tweaked dans un double-album. Du violon ? Le maestro Johnny Frigo est de retour sur « Still Have Tonight » et sur le Country « Clown of the Town » où il croise le fer avec son fils Derek venu poser une dernière fois des solos impeccables sur quatre compos. Des steel drums façon Calypso ? On va se gêner avec « On my Way Back Home ». Des faux cuivres mais un vrai saxo accompagné d’un piano ? Direction « 5 Smiles Away ». Des percussions ? On trouve ça sur « It’s no Good ». Les ballades « Downhill », « You and I » et « We Don’t Have to Be Friends » sont parmi les plus réussies de Donnie Vie, expert en la matière.

De l’entame « Wheels » (tubesque) avec son ambiance fête foraine, clin d’œil évident au Magical Mystery Tour des BEATLES jusqu’au riff Hard Rock final de « So Sad to See You », tout s’enchaîne avec bonheur sans faiblesse. Textes et interprétations inspirés, mélodies entêtantes, richesse des arrangements, n’en jetez plus, Seven est peut-être la meilleure porte d’entrée pour découvrir EZN (notamment pour ceux que les chromes métalliques de Strength repousseraient). La noirceur de Tweaked d’un côté et la lumière de Seven de l’autre, l’idée d’un double-album n’avait rien de mégalomane. Reste à imaginer le tout produit avec un budget de major et un petit génie de l’époque aux manettes (Jack Joseph Puig?), ça donne le tournis.

L’édition américaine du disque est augmentée de trois titres dont une reprise du « Jealous Guy » de John LENNON. EZN a beaucoup repris les Fab Four (et la version frelatée du groupe menée par Chip Z’Nuff leur consacrera même un album complet) et ça me gêne toujours un peu aux entournures. Quand un combo est déjà à ce point inspiré par un de ses aînés, pas la peine d’en rajouter en faisant des covers. Pour ce qui est de celle-ci, Donnie Vie est trop respectueux de son idole mais les arrangements ne sont pas inintéressants et pourraient peut-être ressembler à ce que LENNON avait en tête lorsqu’il avait convié Rick Nielsen et Bun E. Carlos de CHEAP TRICK aux sessions de Double Fantasy (non retenues par Yoko).