Depuis le départ des deux chanteurs historiques de ENUFF Z’NUFF, Donnie Vie et Johnny Monaco, c’est désormais le bassiste Chip Z’Nuff qui assure le chant depuis 2016. Il reste également le seul membre a être présent depuis le début du groupe, soit bientôt quarante ans, et à avoir participé à tous les albums de celui-ci. A l’image de son line-up, durant cette longue période, ENUFF Z’NUFF n’est pas resté figé dans un style précis. Le groupe a évolué pour passer d’un Hard-Rock orienté Glam vers une pop très musclée. Cette évolution se traduit pleinement dans le dix-septième album du groupe, Finer Than Sin, qui comprend une variété de styles assez représentative de son histoire.

Songez qu’un titre de la trempe de "Intoxicated" possède une coloration très pop, qui en fait une sorte de mélange entre JELLYFISH, les BEATTLES et OASIS (avec une très forte inspiration BEATLES pour simplifier). L'influence du quatuor de Liverpool se retrouve également dans certaines sonorités de violons du plus posé "Hurricane" qui reprend certaines des structures un peu alambiquées des derniers titres des BEATLES. Ce qui n’est pas très étonnant puisque le groupe a sorti l’année dernière Enuff Z’nuff’s Hardrock Nite, un album de reprises des BEATLES. Alors que "Trampoline" a des petits accents à la THE RUBETTES. Pour tout dire, ce titre me fait penser au mariage improbable des SEX PISTOLS et des RUBETTES.

La principale évolution par rapport à leur précédent album est à chercher au niveau du chant de Chip Z’Nuff, qui semble plus en confiance et qui, de ce fait, a moins recours aux effets visant à masquer le fait qu’il est un peu le chanteur par défaut, même si, dans plusieurs morceaux, à l’image de "Lost and Out of Control" ou de "Trampoline", le chant est doublé, ce qui donne un léger effet de résonnance. Parfois, avec beaucoup de bonheur, comme c’est le cas du dernier morceau, un des très bons moments de l’album. Et ce n’est pas le seul. "Hurricane" et son chant traînant se révèle également très agréable. Ce morceau évoque un peu la musique de Tom PETTY affublé d’un son plus massif et moins clair.

Toujours dans le même style, un mid-tempo assez massif, le single "Intoxicated" fait également bonne figure. A cela, s’ajoute, dans un style diamétralement opposé, une Intro et une Outro instrumentales particulièrement efficaces, dans lesquelles les rythmes sont bien plus soutenus, le style bien plus puissant et Hard. Les guitares s’y montrent flamboyantes. Malgré la qualité de la plupart des compositions originales, l’ensemble fait tout de même un peu chiche.En effet, au-delà de ces deux courts instrumentaux déjà cités, on compte également deux titres 'revisités'. Tout d’abord, une reprise assez dispensable du "God Save The Queen" des SEX PISTOLS (sachant que l’intro de "Trampoline" évoque déjà ce titre). Puis une relecture, sans grand intérêt, d’un titre que l’on pouvait déjà trouver, dans une version un peu plus courte, sur la récente compilation Never Enuff : Rarities & Demos (2021) : "Temporarily Disconnected".

Ce qui fait tout de même quatre pistes 'un peu bancales' sur un total de dix. Ce goût de trop peu atténue la portée d’un album qui, bien que ne manquant pas d’atouts, semble avoir été sorti un peu dans la précipitation. Très sympathique, mais peut mieux faire.