Tout a changé pour les canadiens de MEN WITHOUT HATS lorsqu’est sortie la "Safety Dance" en 1982. Le monde entier s’étant pris de passion pour cette ode aux psychotropes, il a fallu s’adapter, partir en tournée, au milieu de l‘enregistrement de ce deuxième opus. Et l’a retardé d’autant. Alors, les trois frères Doroschuk : Ivan Colin et Stefan, ainsi que leur claviériste Allan McCarthy, restent à la baguette, poussés qu’ils sont par leur maison de disque de rééditer l’exploit du légendaire single. Pas une tache simple. Alors, voici ce qu’il est sorti de leur tentative de surfer sur le succès.

L’absence de guitares n’empêche pas "Where Do The Boys Go" de sonner un brin punk avec les oh oh de Ivan. Le rythme soutenu et les gimmicks de synthé associés aux élans percussifs de la chanson la rendent presque pogotable. On pense à certains titres des HUMAN LEAGUE ou de ULTRAVOX, pas des références secondaires dans le genre ! Nous avons même droit à un solo de synthé en mode 'guitare'. Cette chanson fait office de single pour nos hommes sans chapeaux, mais ne fait pas trembler les billboards. Pour l’instant, le groupe reste un one hit wonder. "Folk Of The 80’s" propose une autre approche avec guitare folk en rythmique, le synthé reste bien pompier mais très agréable, pour peu que vous soyez nés au bon moment aka que vous ayez été ado' en 84 ! Sans doute le titre le plus abouti de cet opus, avec un refrain dont on se souvient. Je l’aurais choisi comme single.

Sans déconner, écouter ce bontempi sur l’instrumental "Eurotheme", on nage dans les folles années que furent les eighties, vous ne trouvez pas ? C’est hallucinant le pouvoir de la musique ! Les batteries en carton, les sequencers, tout y est ! On continue dans les ritournelles avec "I Know Their Name", aux choeurs sous chichon et aux sons canardesques. D‘ailleurs, la petite ritournelle de "No Dancing", agrémentée de sons de synthés xylo et cello, reste tout à fait psychiatrique surtout avec l’arrivée d’une batterie martiale. L’album s’achève sur "I Sing Last/Not For tears" où un grand piano et des claviers célestes enrobent le titre pour en faire un bel instant dont les relents progressifs ne sont pas à ignorer.

Et voyez donc, c’est un riff de guitare qui drive le titre "Mother’s Opinion", au milieu d’une débauche de sons plus space les uns que les autres. Attention à la fumette, les gars ! Le refrain dépote fort bien, cela dit, un véritable millenium de ces années de gloire, avec un bridge de synthé que les camarades d’outre- Atlantique de O.M.D n’auraient pas renié. Une guitare bien psychédélique participe à "Unsatisfaction" dont le lick de synthé plonge dans une transe franchement peu recommandable, surtout aux ados. Dont nous étions à l’époque. Aujourd’hui, aucun danger pour nos chères têtes blondes. Une gratte post-Punk à la U2 ou The CULT lance "Messsiahs Die Young", et des riffs de synthés plutôt AOR sont la. La song qui n’est pas la meilleure a mal vieilli, même si ces sons pompiers de synthés me filent la banane.

La mission a failli en termes de chiffres de vente, le succès est relatif puisque l’album pointe au billboard à la 127ème place, rien de désastreux pour un petit groupe canadien qui vient de se lancer. Dans les années huitantes, il était difficile de rester au sommet et nombreux sont les groupes qui n’ont pas su réitérer le succès d’un single génial. Mais vous allez voir qu’il en faut plus pour désarçonner Ivan le terrible ! Je reste donc sur un trois équilibré avec plusieurs bons moments dans cette galette.