Cette pochette toute chamarrée cache bien son jeu quand on pense qu’il s’agit la du 4eme opus des MEN WITHOUT HATS ! Ces hommes sans chapeaux dont le logo était d’une béate simplicité à l’origine. En effet, nous voici bien loin d’un monochrome ou d’une idée basique ! Qui plus est nous avons un titre qui évoquent les hommes sans haine – without hate -, on se perd en conjectures, difficile de voir un lien entre les chapeaux et la haine ! Les frangins Doroschuk sont toujours à la baguette pour ce nouvel opus… Il va falloir se renouveler alors que nous sommes toujours dans les eighties. Voilà une donnée qui ne sera pas simple a assumer !

Une grosse ligne de basse synthétisée drive le titre d’ouverture "In The 21 st Century", le chant d’Ivan me semble très monolithique, et les "Nananana" me paraissent peu inspirés au final, avec un refrain qui tombe rapidement dans l’oubli, nous sommes revenus a une new wave plus basique que précédemment. Les paroles évoquent l’environnement, nous n’y étions pas habitués. "You & Me" oscille entre vélléités pop et ambiance new wave, avec un piano qui en impose. A nouveau le chant d’Ivan me semble trop posé et manque de cette émotion qu’il trimballait auparavant. Les synthés reprennent possession de la musique dès "I’m In Love", sequencers et claviers sont à la mesure, mais à nouveau, je ne suis pas fan du chant de Ivan.

Les guitares sont à l’honneur sur "Hey Men", qui nous emmène vers les contrées du rock avec plus d’à propos, le refrain sonne carrément seventies, et un hammond sonne comme si le groupe n’avait que ça toute sa vie. On est sur du quasi hard rock’n’roll sur "Everybody’s Selling Something", la guitare de Stefan Doroschuk sonne remarquablement mais le grand écart est désormais atteint avec les compositions des premiers albums. Des guitares claires comme s’il en pleuvait peuplent "Here Comes The 90’", on se croirait en compagnie de Lloyd COLE ma parole ! L’absence des claviers n’est pas totale, on entend quelques lignes discrètes de synthétiseurs mais tout de même. La guitare continue de se placer au centre des débats sur "All We Do", on note le joli refrain mais on constate un éloignement évident des influences de base.

Reprendre ABBA lorsqu’on est un groupe de pop rock ou de synth pop, cela revêt une certaine logique, alors on se dit qu’on pourrait trouver dans "SOS" des éléments qualitatifs. Mais la voix de Ivan me semble peu propice pour chanter ce standard de la pop, c’est donc un flop ! Et puis cette nouvelle tentative de reprendre le grand succès de la carrière on l’a souvent rencontré ! Alors, "21st Century Safety Dance" dans des atours technoïdés et percussifs, c’est très surprenant, mais quel besoin d'ainsi casser une chanson réussie ? Je ne vois aucun intèrêt à cette resucée, sauf a soulever la curiosité du chaland. Petite course échevelée, "Eloise And I" avec son rythme tout binaire pop ne casse pas non plus des briques. Enfin, des arpèges de guitare claire sont à la baguette sur le slow "Underneath The Rainbow", pas vilain sans être nécessaire.

Cet album est le moins compréhensible des MEN WITHOUT HATS, passer ainsi du coté du pop rock alors que le groupe était un spécialiste de synth pop, connu pour ses synthés criards voire pompiers, voila qui ne lasse pas de m’étonner. Le move est risqué bien sur, mais visiblement, la voix d’Ivan n’est pas taillée pour ce genre musical précis. Que se soit dans les chansons a gratte ou celles plus classiques de synth la réussite n’est pas au rendez-vous. Les compositions ici présentes manquent de mordant et d’originalité, je reste donc sur un deux peu amène.