Les spécialistes des ritournelles psychiatriques sont de retour ! Et ouais ! Le canadien Ivan Doroschuk, seul frangin rescapé de la fratrie des MEN WITHOUT HATS? a décidé de remettre le couvert après huit longues années d’absence. Personne n’a oublié l’ode à la folie furieuse qu’est la "Safety Dance", même toutes ces années après. On note tout de même la présence du dingo leader de SKYNNY PUPPY, Dave "Rave" Ogilvie, derrière la console de production, assurance d'un son forcément costaud. Ce groupe iconique de mon adolescence a bien du mal à convaincre les enfants des années 2000 à le suivre mais, au moins, les vieux de la vieille sont là pour ce septième opus.

Dès l’ouverture de "Devil Come Round", on reconnaît la patte des fous furieux. Les sons dérangés se suivent avec une vibe plus rock que prévu et même Ivan chante de manière plus méchante, un joli refrain et une ambiance hard rock a ne pas sous estimer. Il n’y a pas tant de groupes qui savent manier les synthés de la synth pop avec de grosses grattes dignes du hard rock – la patte d’Ogilvie bin tiens ! - … Alors, jetez une oreille attentive à "Head Above Water" et dites-moi, les quincagénaires, si on n'est pas revenu au début des eighties, là où les couleurs régnaient sur tout le reste ? Quel rythme, quel chatoiement ! C’est presque drôle si ce n’était pas super bon ; et ce riff de synthé bontempi... Ivan est un génie ! Alors, notre ami a souhaité en faire un single, imaginez le flambard qu’il aurait fait il y a 40 ans ! Il est bien entendu passé totalement inaperçu partout.

La voix de baryton si aisément reconnaissable de Ivan est à la baguette de la véloce "Everyboy Knows" et c’est l’éclate, les gars ! Vous n'avez pas envie de sauter sur place et de courir en entendant cette ritournelle folle ? Bah moi si ! Distorsion et claviers s’associent pour le meilleur dans cette belle mélodie au bridge tout aussi efficace. On termine sur les rotules ! On est quasi metal sur "This War", mais rien d’étonnant au final puisqu’on sait qu’Ivan est pote avec les mecs de VOIVOD, et Michel "Away" Langevin en particulier. Ca dépote ça démonte ça détruit les esgourdes. Cette recette toute de débauche et bien criarde continue de s’imposer sur "The Girl With The Silicon Eyes". Des couleurs partout comme sous les stroboscopes, la voix d’Ivan fait des miracles et le résultat est exceptionnel de mélodie. Pour moi, c’est l’éclate avec au beau milieu un spoken word en français de nos amis québécois.

J’adore les synthés de "Your Beautiful Heart". Cette manière de scander la musique, putain mais quelle éclate ! Au final, ne serait-on pas si loin que ça de certains groupes industriels? C’est à voir, qu’en pensez-vous? Serait-ce de la Hard new-wave? En tout cas, nos amis canadiens disposent de la potion magique pour en faire. "Love's Epiphany" continue dans la débauche électrique qui n’a rien à envier aux autres bombes de cet opus. Certes, la recette de Ivan est appliquée et le style identifiable entre mille, mais quel bonheur ! On tourne en rond dans la psychiatrique "Live And Learn", décidément notre Ivan n’est pas une rock star comme les autres et sa voix n’a rien perdu de sa verve et de sa puissance. Toujours des rythmiques rampantes de grattes associées à des synthés sur "Love In The Age Of War", un refrain guilleret et on ne se prend pas au sérieux tout du long.

Difficile de noter un tel disque ! Associer ainsi les sons synthétisés de mon enfance et de grosses grattes bien baveuses et méchantes, voilà qui revêt pour moi une signification particulière. J’avoue comprendre fort bien toutes les ambiances créées par Ivan Doroschuk, sa manière de chanter – notons au passage les superbes backing vocaux de Lou Dawson la clavieriste -, de positionner des rythmiques ou de laisser des batteries en carton à rendre son compatriote de RUSH Neil Peart sourd comme un pot. Mais voilà, le résultat génial procure beaucoup de plaisir et suscite une petite larmichette au con de l’oeil, merci Ivan ! C’est un 4.5 !