En illustration musicale, il est très rare de tomber sur un double album. C’est pourtant le cas de ce Sysmo Records Volume 1, rélisé par Roland ROMANELLI en collaboration, tour à tour, avec Guy BONNET et Jannick TOP.

Les deux disques Sysmo Records Volume 1 sont clairement clivés. Le premier disque, subtitulé "Dream Music", n’est ni plus ni moins qu’un recueil de ballades. Oui, presque trois quarts d’heure de ballades, ça fait peur, un exercice qui finit généralement par un gros plat sur l’eau, à moins d’avoir une qualité mélodique à toute épreuve. C’est hélas loin d’être le cas ici. On peut encore sauver quelques bons thèmes tels que "Futur", "Note-Rain" et "Video" (tous composés avec Jannick TOP), ou à la rigueur "Cheerfulnest" et le classisant "Music-Music", mais le reste est franchement barbant et sans intérêt, dur à se farcir d’une traite. "Sadness Or Happiness" est particulièrement pénible avec ses chœurs (sans doute assurés par Guy BONNET), sans parler du très cliché "Synthe Blues" et de l’interminable pseudo-baroque "Synthetic Ceremony".

Le constat est tout autre pour ce qui est du second disque, où Roland ROMANELLI se montre nettement plus à l'aise dans le registre rythmé. Si "Ascension" s'émousse assez vite, si "Lullaby" et "Classic Century" n'ont guère d'intérêt, "Cosmic Pursuit", "Star-Dance", "Spring Walk", "Bryce Canyon", "Water Plays", "New Tempo', "Feast Night", "Skate" sont d'efficaces tourneries mélodiques, tandis que les versions rythmées de "Video" et de "Music-Music" sont bienvenues, permettant une autre perspective sur ces jolis thèmes noyés au milieu de gros blocs d'ennui sur le premier disque. Sysmo Records Volume 1 a également l'avantage de ne pas verser dans la copie carbone de Connecting Flight (1982); la parenté musicale est évidente mais les thèmes sont plus concis et la production est meilleure, plus limpide - encore que "Ascension" ressemble à une chute de l'album précité.

Il reste quelques très bons titres, plus aboutis que le reste : les fort bien rythmés "Arabesk", "Music-Music" déjà évoqué, le planant puis groovy "Logarythms" qui conclut idéalement l'album, ainsi que les séquencés "Pulsions" et "Mecanico" qui montrent que Guy BONNET en a sous la pédale. Enfin, nous avons des curiosités comme "More And More Fright" renouant avec la Zeuhl mais bien trop court, le très amusant clicheton "Chinese Boy" et surtout "Indian-Man", morceau de percussions sans mélodies où Jannick TOP s'amuse à murmurer en scat comme sur "De Futura".

Autant dire que faire de ce projet un double album n’était pas franchement une bonne idée. Le résultat final est inégal et indigeste, salement plombé par le premier disque de ballades. Dommage car il y a un réel potentiel dans ce disque, une poignée d'idées musicales qui, mieux développées, auraient pu déboucher sur quelque chose d'excellent.

1 ½ sur 5 pour le premier disque, 3 ½ sur 5 pour le second, donc la moyenne pile-poil.