Sympathique, cette pochette du troisième album de l'ALBION BAND (cette fois sous l'appellation ALBION DANCE BAND), à l'effigie de Britannia, la Marianne anglaise, tenant une guitare électrique et fièrement dressée au milieu d'un décor rural, fermes et chevaux. Tout à l'image du groupe et de sa formule musicale, mais très passéiste à une époque où le disco futuriste comme le punk sans futur font rage. C'est néanmoins durant ces années-là que la bande à Hutchings connaît le plus de succès !

Produit par l'intéressé ainsi que son vieux comparse Simon Nicol (entretemps revenu au sein de FAIRPORT CONVENTION), The Prospect Before Us est un disque moitié live, moitié studio. Hutchings souhaitant mettre en avant un caractère plus dansant jusque dans le nom de son groupe, plusieurs extraits live viennent corroborer cette envie de transmission, de montrer que le folk-rock britannique reste solide dans ce qu'il a de plus accessible, de plus communicatif. Et que le disco peut bien tout rafler, sauf l'instant de joie connu par des Anglais conscients de leur patrimoine.

Le set "Uncle Bernard's/Jenny Lind" en studio tout comme "The Hunt Is Up" qui lui fait suite en live, montrent différents aspects de l'ALBION BAND en la matière. La rythmique rock garde un fond blues acéré, Nicol reproduit à merveille le son de guitare 'mieux qu'accompagnatrice' qu'avait développé Richard Thompson durant son temps avec FAIRPORT CONVENTION, et il y a un autre guitariste, à savoir Graeme Edge, rescapé du désormais GRYPHON ensommeillé. De fait, c'est presque en toute logique que Hutchings fait intervenir des tournebouts, chalemie et autres, par un Philip Pickett (auparavant plutôt dans des orchestres) très présent, jouant également des synthétiseurs. Un peu à l'image du rôle de Richard Harvey dans le groupe à la chimère, donc.

Bien sûr, l'ALBION BAND lui ne s'aventure pas (trop) en contrées progressives, le clavier qui résonne le plus est celui de la concertina de John Rodd, le fiddle habituel est remplacé par ses pendants médiévaux que sont la citole et la vielle... La richesse n'en est pas moins là, entretenue par les réponses des instruments entre eux comme des voix entre elles (le chanteur John Tams, parmi les plus appréciés du genre, Shirley COLLINS présente pour la dernière fois). Pour ce qui est de la sélection, c'est un peu plus discutable.

Si le tandem "Varsovinna" (sensuel et au jeu de batterie très fin) / "Masque" (court et plutôt axé sur Pickett) fonctionne bien, si "Minuet" est un trois temps feutré pour flûte à bec et guitares très jolies, on ne peut pas en dire autant de tous les titres de la seconde partie. Plus que les disques précédents, The Prospect Before Us donne une impression de bric et de broc, même si cela reste très plaisant. Parfois, c'est le 'trop' qui l'emporte, à l'image de "I Wish I Was Single Again", tout un programme égayant où brille Tams, naturellement, mais sans plus au-delà de son contexte 'live'.

Les synthétiseurs apportés à "The Whim" et "La Sexte Estampie Real" (ces guitares fuzz et menaçantes, miam !) promettent des ambiances distinctes et marquées. On apprécie le rock à la STEELEYE SPAN de "Hopping Down in Kent", mettant Shirley COLLINS en avant mais on regrette que son pont démentiel au masculin soit aussi court. Le picking de "Merry Sherwood Rangers" est tout aussi délectable que la rythmique dense et décalée de "Horse's Brawl", que les grands accords solaires de "Wassail Song" ou encore son intervention inattendue de la cornemuse en conclusion. Et, de cette fournée, vous ne ressortirez pas indifférent de l'écoute de "Huntsman's Chorus", sans doute le plus évident avec même un meneur de danse (Eddie Upton). Du bon !

Note réelle : 3,5