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FOLK-ROCK BRITANNIQUE  |  STUDIO

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- Style : Fotheringay, Oysterband
- Style + Membre : Fairport Convention, Steeleye Span, Richard Thompson

The ALBION BAND - No Roses (1971)
Par MARCO STIVELL le 12 Mars 2024          Consultée 577 fois

Un grand nom que celui d'Ashley Hutchings, même si beaucoup ne le savent pas. C'est simple, on lui doit trois des plus grands groupes britanniques, bien ancrés dans la tradition folk ramenée au rock, certes. D'aucuns pourront juger qu'en Angleterre les BEATLES ou BLACK SABBATH ont été plus importants d'un point de vue patrimonial, chacun dans leur style, mais tout de même. Le folk-rock garde l'identité première ou 'terroir', avantage non-négligeable. En plus, voilà donc le nom de Hutchings pour relier les trois plus beaux fleurons, aussi bien en termes de musicalité que de carrière, longue comme le bras à chaque fois. Et avec des fondations on-ne-peut-plus rapprochées ! D'abord, FAIRPORT CONVENTION en 1967, puis quand ça n'a plus marché pour lui, paf ! STEELEYE SPAN, avec deux couples homme-femme dont un seul survivant par la suite, et idem, quand ça n'a plus marché, paf ! L'ALBION BAND, au nom le plus parlant sur ses origines et ses orientations, même si le moins connu outre-Manche et Atlantique sans doute. Et, tout cela en moins de cinq ans, donc (o tempora, o mores), mais cette troisième formation s'avèrera être la bonne.

Alors certes, l'ALBION BAND met un peu plus de temps à démarrer pour de vrai ; sa propre discographie pléthorique ne prend racine que dans la seconde moitié des années 70. Mais l'album No Roses n'est à bouder aucunement, sous risque d'une grosse erreur, car tous les éléments sont déjà là. Surtout que Hutchings, à peine échappé de STEELEYE SPAN et pour retrouver l'empreinte Sandy Denny de FAIRPORT CONVENTION, fait intervenir son épouse d'alors, qui n'est autre que madame Shirley COLLINS, première grande chanteuse folk britannique de l'ère moderne dont le précédent mari est un certain Alan Lomax, grand artiste-collecteur américain. Classe, cette réunion de talents, n'est-ce pas ? D'autant plus que, par moments, la première incarnation de l'ALBION BAND ressemble à un faux FAIRPORT puisque Simon Nicol et Richard Thompson participent à huit des neuf titres, Dave Mattacks à trois. Pas moins de vingt-deux autres musiciens interviennent plus ponctuellement, ce qui donne une impression de démesure dans l'effectif d'un album folk d'époque, même rock.

Dans tous les cas, il faut voir en No Roses, sinon un coup de maître, au bas mot un excellent effort de ce qui s'appelle pour l'heure ALBION COUNTRY BAND, sous la houlette d'Ashley Hutchings en producteur pour moitié avec Sandy Roberton, ancien du label Blue Horizon et du british blues boom, désormais bien établi dans la folk. Shirley COLLINS et son chant austère, dont les projets solo ont lorgné vers l'électrification dans le giron de FAIRPORT, valent pratiquement les apports de Sandy Denny.
"Claudy Banks", ballade ouverte et glorieuse, se voit tour à tour survolée de concertina et de riffs savants (Richard Thompson et Simon Nicol aux guitares électriques) pour se conclure sur un étonnant duo basson-saxophone alto, ce dernier joué par le free-jazzman George 'Lol' Coxhill. C'est un fait, par rapport à ses projets précédents, et dès la première chanson du premier album, Hutchings nous annonce que l'ALBION BAND sera davantage axé sur les instruments à vent, ou alors quelques surprises à l'image du couple guimbarde-'serpent' (comme un cromorne mais avec la forme de l'animal) sur "Hal-an-Tow".

Les morceaux, chose attendue en revanche, sont issus du répertoire traditionnel, proposés pour certains ici dans des versions 'shuffle', avec le rythme ternaire issu du blues-jazz. Le piano, quoique présent (merveilleuses complaintes "Banks of the Bann" et "Van Dieman's Land"), se voit souvent relégué en fond par l'accordéon ou son cousin mélodéon, voire le hammered dulcimer, à l'image de "Hal-an-Tow" et "Little Gypsy Girl". Parmi les petits plaisirs, sur "Just as the Tide Was a 'Flowing", on rencontre un concertina passé au phaser pour rappeler qu'on est toujours en ère psyché-progressive, mais aussi, en harmonie pour COLLINS, la voix de Maddy Prior (STEELEYE SPAN). "The White Hare" est d'ailleurs marqué par la polyphonie vocale mixte bien anglaise, aussi vrai que le cor d'harmonie en 'guest' demeure français à leurs yeux (french horn), sans oublier un passage de violon et guitare électrique. Tout cela paraît d'ailleurs très coloré, amené pour faire de l'effet, mais on s'y laisse franchement prendre, entièrement, pour de vrai !

D'ailleurs, s'il y a également un point sur lequel l'ALBION BAND n'a rien à envier aux deux autres plus grands groupes largement cités, c'est, outre l'adaptation du folklore en rock et modernité pour l'époque (seuls les claviers manquent mais il y en aura plus tard), la capacité de narration. Avec Shirley COLLINS pas moins qu'avec Denny, on le remarque lors des ballades lancinantes ("Van Dieman's Land", ancien nom de la Tasmanie, garnie d'ophicléide, cuivre rare, et de cornemuse du Northumberland) comme les histoires sanglantes, souvent hommage à des femmes-victimes. Si d'ailleurs "Poor Murdered Woman" ferme l'ensemble avec grâce envoûtante en dorien (mode mélodique mineur/triste résolument anglo-celtique), réunissant Hutchings, Mattacks, Nicol, Thompson ainsi que Dolly Collins, soeur-accompagnatrice de la chanteuse en dehors, le clou de No Roses est à rechercher du côté de "Murder of Maria Marten". Dédiée à une jeune femme tuée par son amoureux dans le Suffolk en 1827 (aussi connu dans la chronique comme le 'meurtre de la grange rouge'), cette fresque de sept minutes alterne rock à violon esprit Liege & Lief, voix planante sur bourdon de vielle à roue et fin paysanne avec bruits de carriole. Du grand art, déjà, encore !

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   MARCO STIVELL

 
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- Shirley Collins (chant)
- Ashley Hutchings (basse, percussions)
- Simon Nicol (guitares, choeurs)
- Richard Thompson, Tim Renwick (guitares)
- Dave Mattacks (batterie, percussions)
- Dolly Collins, Ian Whiteman (piano)
- Roger Powell (batterie)
- Dave Bland (concertina, hammered dulcimer)
- Tony Hall (mélodéon)
- Barry Dransfield (fiddle)
- Francis Baines (vielle à roue)
- Alan Cave (basson)
- Lol Coxhill (saxophone)
- Steve Midgen (cor d'harmonie)
- Gregg Butler (serpent)
- Trevor Crozier (guimbarde)
- John Kirkpatrick (accordéon)
- Alan Lumsden (ophicléide)
- Colin Ross (cornemuse du northumberland)
- Nic Jones (fiddle, choeurs)
- Royston Wood (choeurs)
- Lal Waterson, Mike Waterson (choeurs)
- Maddy Prior (choeurs)


1. Claudy Banks
2. The Little Gypsy Girl
3. Banks Of The Bann
4. Murder Of Maria Marten
5. Van Dieman's Land
6. Just As The Tide Was A 'flowing
7. The White Hare
8. Hal-an-tow
9. Poor Murdered Woman



             



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