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FOLK-ROCK BRITANNIQUE  |  STUDIO

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- Style + Membre : Fairport Convention, The Albion Band

STEELEYE SPAN - Now We Are Six (1974)
Par MARCO STIVELL le 14 Décembre 2012          Consultée 3022 fois

A présent nous sommes six. En 1974, STEELEYE SPAN devient un vrai groupe de folk-rock et de manière définitive, grâce à l'arrivée d'un batteur à part entière. Nigel Pegrum, car c'est bien de lui qu'il s'agit, a d'abord joué avec un des premiers line-ups du groupe The Small Faces avant de faire partie du groupe de rock progressif Gnidrolog. En 1973, lorsque STEELEYE SPAN effectue sa tournée Parcel of Rogues en ouvrant les concerts pour Jethro Tull, la fréquentation de ce dernier groupe les pousse à adopter un ton plus rock et ils invitent donc Nigel Pegrum à les rejoindre. Si le nouvel album, Now We Are Six sonne encore très Tullien, c'est parce qu'il est produit par nul autre que Ian Anderson en personne, bien sûr de manière exceptionnelle. Bref, à présent nous sommes six en membres (sept si l'on ajoute Anderson pour l'alchimie de ce disque) et aussi en nombre d'albums, tenez-le vous pour dit !

Ce nouveau volume est sans doute celui des années 70 qui souffre le plus de différentes éditions, visant bien entendu l'ordre de la tracklist, mais aussi parfois les chansons elles-mêmes, dont certaines sont présentes sous forme éditée. Par exemple, «Thomas the Rhymer» peut faire trois minutes trente comme presque le double, ce qui est râlant dans certains cas surtout quand on sait combien les deux versions sont différentes. Tout cela bien sûr selon le pays dans lequel vous résidez, et l'époque à laquelle vous achetez l'album. L'édition originale anglaise en vinyle reste la plus hautement recommandable mais si vous tenez plus à écouter votre disque partout, il faut acheter la version CD de 2009 qui possède un ordre légèrement différent mais qui demeure toute aussi complète.

Now We Are Six marque donc une rupture dans le son de STEELEYE SPAN, grâce à cette batterie omniprésente et qui suffit à rapprocher la musique d'un ton plus hard. Un morceau instrumental comme «The Mooncoin Jig» gagne en force rock héritée du blues avec un tempo en ternaire, alors que les mandolines et le banjo de Peter Knight en font ressortir la couleur folk. Sur les deux tiers de l'album, nous avons toute une série de chansons qui dévoilent la réussite de la rencontre entre ce son très rock et les arrangements toujours étonnants du groupe. Extraordinaire est ainsi le mot qui leur convient, tout comme ce que le groupe nous avait proposé précédemment. Dans le genre «qui déchire», il y a le titre d'ouverture, «Seven Hundred Elves» aux superbes couplets, au riff qui tourne sur trois quatre notes. La production rend géniale l'apparition du dulcimer. De même «Edwin» joue sur la présence d'un riff agressif tempéré par les instruments à vent de Nigel Pegrum (flûte et hautbois) apportant eux aussi une touche particulière à la musique. Le banjo en doubles croches, les accords cristallins de Tim Hart ou la voix additionnelle et les chuchotements de Maddy Prior sont encore des éléments soulignant la brillance de ce titre.

«Thomas the Rhymer» est donc à privilégier dans sa version de plus de six minutes. Le riff tout simple et le jeu de batterie remarquable nous conduisent vers une chanson sur le prophète du XIIIème siècle qui serait entre autres à l'origine de la légende de Tam Lin. La spécialité de cette version longue, ce sont les passages avec guitare acoustique et flûte à bec absolument magnifiques. Puis Maddy Prior nous conduit systématiquement à la fin de chacune vers le refrain tonitruant et glorieux, un régal. «Drink Down the Moon» est elle aussi évolutive, commençant par une partie nébuleuse soutenue par la batterie et survolée par le hautbois, puis prolongée par une complainte magnifique où la violon plane avant que la guitare sonne le rassemblement, et que n'arrive le final «plus-british-tu-meurs». Maddy Prior y est irrésistible, comme sur le tout aussi fun «Two Magicians» (un forgeron qui court après une dame dont il veut ôter la virginité, avec force métamorphoses !) joué en slip jig, répétitif mais divertissant. On termine en élégance avec «Long-a-Growing» qui n'est autre que le célèbre «The Trees They Grow So High» dans une version acoustique très belle et plus sobre que le reste.

Le principal souci de cet album vient des titres restants. «Now We Are Six» et «Twinkle Twinkle Little Star» sont deux comptines interprétées par le St. Eleye Primary School Junior Choir qui n'est autre que la chorale improvisée des cinq membres chanteurs du groupe (sans Nigel Pegrum) accompagnée par Peter Knight (crédité comme une maîtresse d'école !) au piano. Le résultat est agréable, on relève les voix approximatives des hommes en voix de tête alors que Maddy Prior fait encore un effort, tout en sonnant plus enfantine. Il y a aussi le titre le plus inattendu du disque et qui conclue généralement le tout, à savoir la reprise de Phil Spector, «To Know Him Is to Love Him». En 1974, STEELEYE SPAN tournait avec les Sha-Na-Na et influencé par ces derniers, tenait à conclure ses concerts avec un mini-set rock'n'roll où il reprenait des standards tels que «Long Tall Sally», «Da Doo Ron Ron» et la fameuse chanson de Spector. Point de folk-rock britannique ici, on reste dans un arrangement fidèle du slow, où le groupe est seulement interprète vocal avec tous les clichés possibles et survolé par le saxophone alto de l'invité David Bowie qui joue parfois comme un harmonica. Vraiment surprenant, mais pas si désagréable lorsque l'on n'est pas un puriste.

Ces expériences qui ne sont pas pour autant des incartades empêchent toutefois ce sixième album de se hisser au rang des chefs-d'oeuvre précédents. Il reste en de nombreux points remarquable et une franche réussite.

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   MARCO STIVELL

 
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- Maddy Prior (chant)
- Tim Hart (chant, guitares, banjo, dulcimer électrique)
- Peter Knight (chant, violon, mandoline, banjo, piano, guitare ac)
- Bob Johnson (chant, guitares lead, synthétiseur)
- Rick Kemp (chant, basse, guitare acoustique)
- Nigel Pegrum (batterie, tambourin, hautbois, flutes, synthétiseu)
- + David Bowie (saxophone alto)


1. Seven Hundred Elves
2. Edwin
3. Drink Down The Moon
4. Now We Are Six
5. Thomas The Rhymer
6. The Mooncoin Jig
7. Long-a-growing
8. Two Magicians
9. Twinkle Twinkle Little Star
10. To Know Him Is To Love Him



             



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