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The CHURCH - Heyday (1985)
Par PSYCHODIVER le 22 Mars 2024          Consultée 397 fois

1985. Cette fois-ci, c'est la bonne. Le Père Kilbey et son Église électrico/rétro/space ont le feu vert pour entrer aux États-Unis. Quatre ans à batailler contre l'oncle Sam sans lui accorder une quelconque concession pour finir par l'emporter et enterrer la hache de guerre chez Warner Bros Records, quand bien même l'album à venir sera à nouveau enregistré aux Studios 301 de Sydney. En territoire yankee de cette époque, ce sont "The Boys Of Summer", "Dancing In The Dark", "Broken Wings", "Drive", "Everybody Wants To Rule The World", "This Is Not America", sans oublier ce pauvre Robert Smith embourbé dans cette maudite Curemania, qui triomphent sur les ondes. S'offrir une place aux côtés de ces cadors n'est pas une tâche aisée du point de vue d'un groupe que son intégrité a maintenue à la porte des US. Le petit succès de la compilation Remote Luxury a permis à THE CHURCH de se forger un début de réputation outre-atlantique. L'objectif est clair pour les Australiens : y percer avec leur formule. Et toujours sans compromis, malgré les assauts de la nouvelle maison de disque qui cherche à les transformer en guignols MTV compatibles. Après le post-punk, l'alternatif punky space et les contrées goth : Heyday sera pop. Mais une pop intelligente, travaillée, ensoleillée mais pas californienne pour autant. Tournée vers l'Orient plutôt.

La pochette nous prépare à nouveau au contenu. Marty le rêveur, Steve le goguenard leader, le timide Richard et Peter le taciturne prennent la pose devant une tapisserie persane. S'il y a bien une chose à laquelle nous ont habitués les meilleurs albums de l'Église de Sydney, c'est bien à une sensation de voyage partout sauf en Australie. La facette floydienne du combo sans doute, très ancrée dans des paysages fantasmés/idéalisés du vieux continent ou des nations exotiques. Autre caractéristique inhérente au son et à l'imagerie onirico-eurasiatique colportée par THE CHURCH : les références musicales de ses membres. Steve et ses fidèles n'ont pas jeté leur dévolu sur le producteur Peter Walsh au hasard. Ce dernier avait propulsé trois ans auparavant les SIMPLE MINDS au sommet via un New Gold Dream 81-82-83-84, il faut reconnaître, fort séduisant (si je fais partie des hermétiques malheureux à l'œuvre de Jim Kerr, il m'est impossible de ne pas verser une larme à l'écoute de "Someone Somewhere In Summertime"). Fans du travail de Walsh aux côtés des Ecossais comme de Peter GABRIEL (le grandiose Plays Live) : Steve and co' optent pour la luxuriance sur ce quatrième album et troisième volet de leur quadrilogie sacrée. Pour la postérité du son également. En effet : pas de clavier (du moins pas en quantité écœurante), ni sample, ni programmation à signaler sur ce cru 85. En revanche, les cuivres et les cordes sont de sortie. Il fallait oser. Appuyé par une production lumineuse, dense et charnelle, Heyday embrasse plus que jamais les 60's, à tel point que certains gratte-papiers iront consacrer les Australiens dignes héritiers d'Arthur Lee et du Brian Wilson torturé de Pet Sounds.

Il est vrai qu'à l'écoute des petites merveilles que recèle Heydey, la comparaison avec les héros du rock psyché tendance mojave est évidente. Et quand les Aussies se payent le luxe de proposer une enfilade de tubes alternatifs où efficacité rime à l'occasion avec compositions mémorables voire élaborées, on ne peut que s'incliner. D'un "Myrrh" absolument impérial à un "Disenchanted" où le terme de 'pop' retrouve toute sa majesté, du fédérateur "Columbus" (premier vrai tube du combo aux US) aux énergiques autant que poétiques "Tantalized" et "Night Of Light", c'est un festival de guitares cristallines et de rythmiques accrocheuses qui plantent un décor composé d'oasis, de dunes à perte de vue, de palais fortifiés d'un autre temps. Même lorsque les chansons paraissent anecdotiques ("Tristesse", "Already Yesterday" ou encore "Youth Worshipper" ma préférée du trio), elles ont tôt fait de révéler la splendeur de leur potentiel mélodique. Et que dire de "Happy Hunting Ground", instrumental où l'alternatif et le rock progressif unissent leurs forces au nom d'une évasion d'une délicatesse extrême (il n'y a pas que TOTO et Brian ENO qui sachent nous emmener sur Arrakis). Aussi, lorsque "Roman" referme le disque sur des never coming back again..., on ne peut s'empêcher de retourner la galette et d'aller à l'encontre de cette promesse d'adieu.
Tandis que le règne de l'artificiel, du clinquant et du facile sur le rock ne fait plus aucun doute, les regards des membres de THE CHURCH sont tournés vers le passé et savent y piocher les influences les plus bénéfiques. Steve et ses fidèles ont de surcroît su faire face aux manigances de la Warner et rester soudés en dépit des tensions, le magnétique frontman et les deux guitaristes se partageant le chant. À défaut d'être l'apogée du groupe, Heyday est une perle rare doublée d'un petit miracle. Ai-je besoin d'ajouter la mention 'album de l'année' ?

Mais qui arrêtera donc THE CHURCH dans son ascension imparable du rock des années 80 comme mondial ? Les US à deux doigts d'être conquis par ses sermons, l'Église triomphe au passage de tous ses rivaux pourtant légion à l'époque. Des SMITHS qui s'égarent au même moment sur le mitigé Meat Is Murder, aux pas déplaisants mais trop immatures CHAMELEONS. Inutile d'évoquer le sort des exécrables XTC (jamais pu blairer Partridge, sa voix comme sa condescendance beatlesienne d'intello rebut du prog). Il ne serait pas non plus étonnant qu'un certain Wayne Hussey, à peine évadé des SISTERS OF MERCY, soit tombé en admiration devant l'Orient mystérieux et paradisiaque décrit par les Australiens, tant Heyday semble anticiper en tout point le futur son de THE MISSION.

Toutefois, le pélerinage outre-atlantique des Australiens ne faisait que commencer et les péripéties s'annonçaient nombreuses. La suite dans trois ans...

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- Steve Kilbey (chant, basse)
- Peter Koppes (guitare, chant)
- Marty Willson Piper (guitare, chant)
- Richard Ploog (batterie)
- Peter Walsh (cordes, cuivres, arrangements)


1. Myrrh
2. Tristesse
3. Already Yesterday
4. Columbus
5. Happy Hunting Ground
6. Tantalized
7. Disenchanted
8. Night Of Light
9. Youth Worshipper
10. Roman



             



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