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The CHURCH - Sometime Anywhere (1994)
Par PSYCHODIVER le 1er Novembre 2024          Consultée 114 fois

Les temps sont durs pour l'Église du Père Steve Kilbey. Drogué du matin au soir, délaissé par ses plus fidèles prélats (même l'ombrageux et fondamental Peter Koppes avait choisi le schisme plutôt que de persévérer dans un environnement qui lui paraissait de plus en plus hostile et moribond), les 90's ne furent pas la décennie la plus épanouissante pour beaucoup de téméraires du rock, les grungeux notamment, mais pour les vétérans malgré eux de l'alternatif australien, ce fut décidément la période la plus chaotique de leur carrière. À peine évadés du désert infini terminé sous les flots à l'issue de l'ambitieux mais mitigé Priest=Aura, les poètes maudits rescapés, Steve donc, mais également Marty Willson-Piper (qui revient de deux collaborations discographiques avec les goth romantiques anglais de ALL ABOUT EVE), optent pour une parenthèse. Constructive, mais transitoire tout de même. Au diable la consécration mondiale qui ne viendra sans doute jamais. La survie du groupe importe tellement plus. Première bonne nouvelle en cette ère de ténèbres, l'arrivée de Tim Powles à la batterie, depuis devenu inamovible et digne successeur de l'iconique Richard Ploog. S'ajoute à cette configuration de l'Église, la violoniste Linda Neil, figure capitale de la scène symphonique comme indépendante du continent down under.

On ne modifie pas une formule gagnante dans la plupart des cas : la pochette sous LSD et petits bourgeons exotiques prépare à nouveau à l'ambiance du disque. Non. Nous ne serons pas conviés à Liverpool ni dans un champ de fraises envahi par des morses sous acides. Mais la référence aux BEATLES est bien là. Et si THE CHURCH ne s'est pas donné pour objectif de signer un White Album, les diverses orientations qui ponctuent Sometime Anywhere pourraient plaider en faveur du contraire. Aussi, il faut appréhender cet album comme un pot-pourri à l'inspiration illimitée tangible. Pris pour une carte postale onirique, le voyage est garanti. Du Mexique au Japon, de l'Espagne à la Perse... Les Australiens semblaient avoir sacrément besoin d'évasion après leur introspection glauque et aride d'il y a deux ans.

Pourtant, à l'écoute de "Day Of The Dead", on pourrait croire qu'ils sont encore piégés avec le dingo infernal quelque part dans leur Yomi alternatif. Voilà un titre introductif étouffant et torturé mais dont le souffle épique teinté d'inquiétude nous emporte avec aisance. La guitare y est intenable et menaçante. La voix de Steve est tout sauf apaisante. La batterie y est impeccable, déployant une belle énergie bien canalisée. Tim Powles aurait dû être le premier choix du combo à l'issue de Starfish. Grand morceau. Que les FIELDS OF THE NEPHILIM prennent de la graine ! En alternatif tendance goth désertique et mystique, THE CHURCH trône au sommet. Mais la suite n'en sera que plus radicalement différente. En atteste un "Lost My Touch" complètement trip-hop, avec son lot de voix filtrées et un sens de l'onirisme qui vous emmène loin dans des limbes psychédéliques telles qu'annoncées sur la pochette et avec ce qu'il faut de prise de tête pour ne pas sonner comme un vulgaire ersatz de new age bas du front, vous savez, celui avec qui les mentors british de HAWKWIND commencent malheureusement à flirter en ces cruelles 90's. Reste une des nombreuses pépites cachées du groupe de Sydney. Sur "Loveblind", la formule mélodique gagnante et légèrement sombre du combo prend des couleurs bossa nova pour le meilleur. Les pitreries désincarnées de Gold Afternoon Fix sont désormais loin. La suite ne saura déployer toute sa dimension évocatrice qu'en fonction des convenances de chacun. Pour ma part, mon appréciation ira vers les morceaux suivants : "Angelica", mélange improbable entre PIL et THE MISSION avec un je-ne-sais-quoi d'ambitions progressives. "Lullaby" (pas d'araignée ni de peinturluré douteux en vue, il s'agit là d'une véritable berceuse). Un "Eastern" où l'Orient fascinant de Heyday nous réapparaît le temps d'un instrumental solide et prenant. "Two Places At Once", le seul tube du disque, où Steve et Marty se partagent le chant dans une ambiance alternative 90's à souhait et à la mélancolie désertique qui renverrait à une version hispanique des CRANBERRIES. "Business Woman", dans laquelle la fougue juvénile qui animait les géniaux premiers opus de l'Église se manifeste à nouveau, épaulée par un sens de l'émotion à fleur de peau. Enfin, le summum que constitue le diptyque conclusif, avec une "Fly Home" cotonneuse, bien qu'entrecoupée d'accès de colère guitaristiques vite gommés par l'intervention de magnifiques nappes de synthétiseurs qui se fondent en la dream pop absolue de "The Dead Man's Dream", à la progression irrésistible sublimée par un solo spatial (tout en fuzz) et des vocaux féminins dont la délicatesse et l'évasion sont leurs crédos. Un superbe diptyque pour l'un des plus merveilleux moments que les confesseurs de Sydney ont su proposer.

Alors, Sometime Anywhere ? Festival du grotesque ? Chef-d'œuvre incompris ? Trouvons un juste milieu. Bien que trop varié et un tantinet perfectible (la cohésion des années 80 s'en est allée pour de bon), ce cru 94 se révèle bien plus plaisant à écouter que ses deux prédécesseurs. Compensant l'absence de ligne directrice par une audace et un certain courage dans la composition générale qui multiplie les prises de risques (ces quelques incursions électro qui en ont refroidi plus d'un). En résulte un album voué à être mal aimé et qui, à l'instar de ses semblables passés, de Never Say Die de BLACK SABBATH à The Final Cut du FLOYD, en passant par Astounding Sounds Amazing Music de HAWKWIND, mérite bien mieux. À mes yeux, le plus attachant de tous les CHURCH des 90's. La suite sera en effet bien plus conventionnelle.

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   PSYCHODIVER

 
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- Steve Kilbey (chant, basse, claviers, guitares)
- Marty Willson-piper (chant, guitares)
- Linda Neil (violon)
- Tim Powles (batterie)


1. Day Of The Dead
2. Lost My Touch
3. Loveblind
4. My Little Problem
5. The Maven
6. Angelica
7. Lullaby
8. Eastern
9. Two Places At Once
10. Business Woman
11. Authority
12. Fly Home
13. The Dead Man's Dream



             



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