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The CHURCH - Priest=aura (1992)
Par PSYCHODIVER le 18 Mai 2024          Consultée 274 fois

Presque à la rue après la publication de l'indigne Gold Afternoon Fix et la tournée peu mémorable qui s'en suivit, les trois rescapés du pèlerinage outre atlantique, Steve Kilbey, Peter Koppes et Marty Willson Piper reviennent lessivés sur leur île continent down under et réinvestissent le Studio 301. Leur soif d'excursions alternatives n'a pas pour autant cédé à une sécheresse (quand bien même leur futur opus respire l'outback austère et mystérieux). Mais leurs vieux démons sont toujours à leurs trousses. Et sans doute les poètes maudits de Sydney n'ont ils jamais été aussi camés jusqu'à l'os qu'en ce début des 90's, se fournissant régulièrement en opioïdes via la Tasmanie, zone notoirement occupée par la racaille pharmaceutique sans frontière. Ils ont néanmoins la présence d'esprit de ne pas recourir à une boîte à rythme comme la fois précédente. Et c'est à un vieux de la vieille, Jay Dee Daugherty, ancien compagnon de route de Patti SMITH, que revient la tâche de remplacer le brillant Richard Ploog, pour beaucoup LE batteur iconique de la formation.

Déjà, un certain malaise (pas non plus une répugnance, mais un malaise tout de même) s'installe. L'état déplorable des gars pour commencer. Secundo : l'arrivée d'un vétéran tel Daugherty parmi un groupe relativement jeune (l'Église n'en était qu'à ses 12 ans d'existence à l'époque) n'est pas synonyme d'énergie rock. Plutôt d'écriture démonstrative, tape à l'oeil, trop élaborée, annihilant la fougue d'un combo qui en avait à revendre pour favoriser une musique plus ambitieuse mais plus fade. À titre de comparaison, voyez l'affaire Rust In Peace d'un MEGADETH tournant le dos à sa première vie thrash punk sous l'impulsion d'un soliste doué mais ô combien fatiguant et bavard, accompagné d'une production soignée à l'extrême, rarement au service des morceaux. C'est exactement là que réside le souci premier de Priest=Aura. Album de la renaissance comme de l'abandon (provisoire) d'une identité. Récit d'un exorcisme partiellement raté.

Si remonter la pente suite à un naufrage complet n'est pas une mince affaire, parler d'un album de la trempe de 𝘗𝘳𝘪𝘦𝘴𝘵=𝘈𝘶𝘳𝘢 l'est encore moins. À chaque discographie, son éponge à superlatifs. Au sein de l'œuvre des Australiens, ce cru 92 en est un beau spécimen. Du point de vue de Steve, c'est l'un des piliers de l'œuvre de THE CHURCH (le disque ayant été interprété sur scène dans son intégralité, au même titre que ses illustres prédécesseurs que sont The Blurred Crusade et Starfish. Si l'on pose la question aux fans, nombreux sont ceux qui parlent de l'album au dingo des ténèbres comme du paroxysme artistique des Australiens. Leur disque le plus personnel, le plus mature, le plus sombre. L'opus de la maîtrise et de l'apaisement psychologique après une errance américaine destructrice. Tout ceci est bien enjolivé, mais également faux (à une exception toutefois). THE CHURCH est un des rares combos pouvant se targuer de s'être rapidement trouvé. Sa maturité, il l'avait atteinte dès ses débuts et avait su la transcender à l'envie au cours de la décennie 80. La maîtrise, par conséquent, était déjà acquise. Quant au triomphe d'une paix intérieure, on repassera.
Seule vérité indéniable, la domination d'une noirceur lyrique mais viscérale qui vous colle à l'âme et s'accroche telle une plaie à la vie. Oui, Steve and co' étaient au fond du trou en 92.

Les 90's pour THE CHURCH, ce sont des années de doute, d'introspection chirurgicale, entremêlées de quelques provisoires retours aux sources. On ne peut pas vraiment parler de renouvellement. Si je voulais être franc (et un brin tranché), j'affirmerais que tout avait été dit entre 1982 et 1988. La suite, à défaut de laisser place à une redite, serait l'occasion pour les confesseurs de Sydney d'apporter à leur musique un souffle cinématographique qu'ils touchaient du doigt jusqu'alors et qui allait faire ses preuves. Mais jamais le temps d'un album entier.
Le fait est que les morceaux les plus réussis de 𝘗𝘳𝘪𝘦𝘴𝘵=𝘈𝘶𝘳𝘢 sont les plus longs et les moins conventionnels. Voyez "Aura", l'ouverture majestueuse, immersive et tentaculaire. Impossible de l'éviter. Idem du redoutable "The Disillusionist", sommet de tragique où les claviers vénéneux et omnipotents s'associent à un refrain opératique martial. Descente aux enfers assurée. Quant au bien nommé "Chaos", l'affronter de face pourrait vous coûter cher. Un fond arabisant mais sans le soleil de l'Orient. Des guitares en ébullition qui hurlent, susurrent, explosent et crachent sans prévenir. De fausses accalmies sous l'emprise du malaise : voilà une composition qu'Abdul Al Hazred apprécierait. Quant à la conclusion instrumentale ambiante goth "Film", où la pluie se décide enfin à intervenir dans le désert, il s'agit du meilleur morceau de l'opus, captivant et à la concision parfaite (ce que les CURE de Disintegration auraient pu proposer s'ils n'avaient pas loupé la production). Rien que pour ces quatre grands moments, Priest=Aura mérite l'attention de tous les mordus de sons exotiques. Du reste, je retiens en priorité le triptyque plus serein constitué par le plus pop "Feel" au joli numéro de guitare, la valse atmosphérique et poussiéreuse de "Mistress" ainsi que "Kings" que l'on croirait échappé de Starfish. Sept titres imparables, sept autres bien moins convaincants (le single "Ripple" en premier) voire anecdotiques (les interludes "Witch Hunt" et "Old Flamme" qui n'apportent pas grand-chose). Quand je vous disais que ce disque est difficile à appréhender.

Priest=Aura, c'est le Dirt d'ALICE IN CHAINS version méditation transcendantale et sans cadavre de femme à moitié enseveli dans les sables. Résurrection artistique après la débâcle de Gold Afternoon Fix, il peine néanmoins à rivaliser avec ses prédécesseurs 80's. L'inspiration semble avoir été condensée dans certaines pistes au détriment d'autres et, comme énoncé plus haut, le jeu hyper sophistiqué de Jay Dee Daugherty ne s'intègre pas totalement à l'essence du quatuor, ne prenant toute sa dimension qu'à l'occasion des pistes fleuves, mais contribuant à l'enlisement des plus directes par un cruel manque de puissance.
Toutefois, lorsque le groupe compose avec conviction, les pépites abondent. Et le son confié au discret Gavin MacKillop, (notamment producteur de LUXURIA et choisi par Steve, fan inconditionnel d'Howard Devoto) est irréprochable, loin de toutes caricatures de rock 90's sous stéroïdes et mixages blockbuster (aucun album de THE CHURCH ne mérite d'être remixé par Rick Rubin ou je ne sais quel Michael Bay / Wachowski / Bob Iger de la musique).

Mais le sort continue de s'acharner. Les ventes de 𝘗𝘳𝘪𝘦𝘴𝘵=𝘈𝘶𝘳𝘢 ne décollent pas. La tournée est une nouvelle fois un échec. Et le groupe frôle la dissolution. Marty qui s'était lié d'amitié avec les goths romantiques de ALL ABOUT EVE ne sait pas quel chemin il doit privilégier. Peter, l'un des fondateurs de l'Église, fait son apostasie en plus de ses valises. Jay Dee regagne les US pour retrouver Patti. Et Steve s'apprête à vivre dix années de lutte permanente contre les substances qui l'ont littéralement pris en otage. Quelle peut être l'issue d'un telle aventure ? La suite dans deux ans.

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- Steve Kilbey (chant, basse, guitare, claviers)
- Peter Koppes (guitare, claviers)
- Marty Willson Piper (guitare)
- Jay Dee Daugherty (batterie, claviers)


1. Aura
2. Ripple
3. Paradox
4. Lustre
5. Swan Lake
6. Feel
7. Mistress
8. Kings
9. Dome
10. Witch Hunt
11. The Disillusionist
12. Old Flamme
13. Chaos
14. Film



             



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