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The CHURCH - The Hypnogogue (2023)
Par PSYCHODIVER le 6 Février 2024          Consultée 333 fois

Qui se souvient de THE CHURCH aujourd'hui ? À moins d'être un vieux de la vieille n'ayant vécu que pour le post punk 80's ou bien un curieux de tout qui a fini par tomber sur ce groupe ultra-confidentiel en cherchant du côté de l'Australie après une overdose d'ACDC et d'INXS, il y a peu de chance que le pékin moyen interrogé au hasard dans la rue vous réponde que les sermons de Steve Kilbey lui ont montré la voie à suivre. Pourtant, l'ami Kilbey est toujours là. Maintenant son église à flot depuis 1980, malgré les affres de l'existence et du music business, et seul membre originel encore présent, il n'a jamais cessé d'écrire ni de produire.
Personnage atypique autant que magnétique, dont j'aurais moult fois l'opportunité de vous parler à l'avenir, le plus britannique des squatteurs de l'outback n'avait pas donné signe de vie médiatique (mais en a-t-il seulement une fois donné un ?) depuis 2017. Et le voici qui revient en cette année 2023 riche en réapparitions marquantes de cadors d'antan, qui plus est avec une sacrée ambition : The Hypnogogue est un album concept, le premier de THE CHURCH jusqu'alors.

Narrant les péripéties d'une star du rock aux prises avec une savante asiatique et son invention, une machine capable d'extraire les rêves et de les matérialiser via la musique, The Hypnogogue est un des albums les plus déconcertants de THE CHURCH. Un album indéniablement ouvragé. De l'artwork aux mélodies jusqu'à la production, on sent l'application et le dévouement de Kilbey à la cause de sa musique. Lui et ses hommes ont toujours évolué dans une sphère arty prononcée. Mais sans doute ont-ils décidé ici d'approfondir ce trait de caractère, malgré les risques. L'exercice de l'album concept est effectivement casse-gueule, et d'autant plus inutile que dommageable, s'agissant d'un groupe n'ayant plus rien à prouver. L'accueil chaleureux réservé à ce dernier cru est-il légitime ou bien exagéré ?

Comme à son habitude, THE CHURCH ne déçoit pas lorsqu'il s'agit d'installer des climats oniriques pénétrants, à grand renfort de guitares savoureuses, épaulées par la voix suave et mature de Steve qui jamais n'accuse une quelconque fausse note. On passe d'une émotion à une autre sans déplorer la moindre incohérence. L'album navigue du tragique (l'ouverture "Ascendance") au sautillant et désinvolte ("C'est La Vie") avec une facilité intacte.
Des morceaux sophistiqués et accrocheurs de la trempe de "I Think I Knew" et "Aerodrome" renvoient aux meilleurs moments des pièces maîtresses de l'Église kilbeyienne, rassemblées au sein de l'extraordinaire quadrilogie 80's que forment The Blurred Crusade, Seance, Heyday et Starfish. Si le fidèle demeure encore en terrain connu, la suite s'avère bien plus aventureuse, avec quelques inclassables au menu. À commencer par la piste éponyme, tout bonnement magique, mais ô combien spleenesque. Les CURE de Disintegration en duo avec THE MISSION n'auraient pas fait mieux. Quant à son clip en forme de voyage virtuel dans les bas-fonds de Néo Tokyo, que les publicitaires racoleurs Scott et Villeneuve prennent de la graine ! "Thorn", dont les effets électro-dream pop ne tardent pas à soutenir un rock acoustique doorsien, tel un Strange Days catapulté chez David BOWIE durant son exil allemand, assure pour le moins le trip abstrait promis par la pochette.
Et que dire du superbe "Antarctica" ? Ce succulent phasing sur l'intro avant que la cold wave du début des 80's ne rencontre l'ambient. Le cyber goth, ça existe déjà ? Le cas contraire, Steve et ses kangourous peuvent se targuer de lui avoir offert ses lettres de noblesse. Cette belle enfilade de compos des plus satisfaisantes, voire grandioses, aurait pu décrocher le titre de chef-d'oeuvre sans ce maudit ventre mou qui plombe l'ensemble à partir de "These Coming Days", où l'on sent bien que l'ambition du groupe a dépassé ses possibilités créatives. Des compos ni ratées ni déplaisantes à écouter, mais qui n'apportent rien à l'ensemble, en somme un remplissage deluxe. Se révèlent dispensables également "Albert Ross" qui ne parvient jamais vraiment à décoller et "Flickering Lights", pourtant doté d'arrangements à la base fort convaincants.

Passé ces maladresses, on obtient au bout du compte un bien bel objet. Perfectible, mais à la sincérité certaine, de même que la preuve flagrante de la vitalité de THE CHURCH. Aussi, quand le conclusif "Second Bridge", conciliation amère entre RADIOHEAD et le FLOYD, fait place au silence, on ne peut que saluer les artistes. En dépit de ses défauts évidents, The Hypnogogue possède une identité qui lui est propre, le distinguant autant du tout venant millésime 2023 que du reste de la discographie de ses créateurs, comme le furent dans les 90's le très (trop) austère et poussiéreux Priest=Aura et le résolument psychédélique sauce fraises et tartes aux guimauves Somewhere Anytime. Un drôle de disque hors-du-temps, dont l'essence ne se perçoit pas dès la première écoute. Voici la marque d'un groupe génial (et Dieu sait que je ne suis pas coutumier du recours à ce qualificatif douteux!) qui a su faire fi des étiquettes et sous genres à en perdre le fil.

THE CHURCH rejoint ainsi sans grand mal les déserteurs magnifiques de la retraite du rock que sont HAWKWIND, PIL, THE DAMNED et Peter GABRIEL (non, pas DEPECHE MODE), ces infatigables faiseurs de mélodies à tomber, sur lesquels le temps ne semble avoir aucune forme d'emprise. Oui. The Hypnogogue fera reparler de lui dans les années à venir. Cet ovni fascinant n'a pas révélé tous ses secrets, et son ombrageux concepteur Steve Kilbey non plus. Pour notre plus grand plaisir.

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- Steve Kilbey (chant, basse, claviers)
- Jeffrey Cain (guitare, claviers)
- Ian Haug (guitare)
- Ashley Naylor (guitare)
- Tim Powles (batterie)


1. Ascendence
2. C’est La Vie
3. I Think I Knew
4. Flickering Lights
5. The Hypnogogue
6. Albert Ross
7. Thorn
8. Aerodrome
9. These Coming Days
10. No Other You
11. Succulent
12. Antarctica
13. Second Bridge



             



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