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The CHURCH - Gold Afternoon Fix (1990)
Par PSYCHODIVER le 18 Avril 2024          Consultée 181 fois

Années 90. Los Angeles. THE CHURCH se remet à peine du succès de son excellent Starfish dont l'enregistrement ne lui a pas laissé un souvenir impérissable. Lassé de devoir se plier aux diktats US qui reviennent à la charge, les quatres de Sydney cherchent plus que tout à préserver leur son. Ils suivent de près les évolutions du rock et les trajectoires empruntées par leurs concurrents.
Le deuxième album de THE MISSION, Children, sorti en 1988 et produit par John Paul Jones, n'a pas échappé aux cages à miel des aussies et l'idée de recourir aux services de l'excellent bassiste/claviériste de LED ZEPPELIN (des quatre bluesmen au dirigeable, c'est celui que je préfère) germe dans leur esprit. au détriment des ambitions d'Arista et d'un Waddy Wachtel plus vampirique que jamais et bien résolus à ne pas tolérer ne serait-ce qu'une incursion anti commerciale, là où Jones aurait pu garantir une œuvre nantie d'une personnalité certaine mais pas assez radio compatible. Et cette fois-ci, THE CHURCH perd la bataille. On ne peut pas gagner à chaque fois.

Cette défaite n'est pas sans conséquence. Steve, Marty et Peter se vautraient déjà dans la compilation schnouf / opiacés / anxiolytiques à l'époque de Starfish, mais leur consommation respective n'a fait que s'accroître proportionnellement à leur réputation outre-atlantique. Pire, Steve commence à prendre goût à cette merde sans nom qu'est l'héroïne. Pour Richard, sans doute celui qui avait le moins bien vécu la conception du dernier opus étoilé, trop c'est trop. À défaut de partir sans préavis, il enregistre une poignée dérisoire de chansons, a sans doute accepté que son visage apparaisse sur la pochette puis quitte le groupe.
Une page se tourne pour les confesseurs de Sydney. Une rupture qui ne se traduit pas uniquement par ce départ marquant. Comme souvent avec THE CHURCH, les pochettes préparent au contenu des disques. Autant dire que ça commence mal. Qu'est-ce que c'est que ces gueules, bon sang ? Franchement, messieurs, vous vous êtes donné pour objectif de faire plus effroyable en matière d'attentats capillaires que tous les boys band à venir ? Je veux bien que l'entrée dans les 90's implique quelques concessions, mais tout de même. Quant à la photographie noir et blanc, elle annonce sans subtilité une ambiance des plus moroses et dépourvues de la moindre étincelle, d'un quelconque souffle de vie. Et lorsqu'un artiste à l'œuvre débordante de vitalité s'abandonne aux ténèbres artificielles, le résultat n'est jamais satisfaisant. J.J Burnel déplorait que les groupes qui s'aventuraient aux US sans précaution y laissaient leur âme sans exception : THE CHURCH, en 1990, subissait de plein fouet le phénomène.

Appellons un chat un chat. Gold Afternoon Fix est un désastre à tous les niveaux de conception. Un sous Starfish dévitalisé, soporifique, accumulant les longueurs (il ne faisait que paver la voie à une interminable lignée de disques victimes de l'avènement du CD et donc du remplissage systématique et irraisonné) et cherchant vainement à emprunter les courants dark qui commencent à irriguer le rock US et préparent la déferlante grunge à venir. Plus qu'un album raté, il constitue un témoignage de l'aliénation intégrale par la drogue et les diverses pressions humaines d'un groupe qui a perdu tout contrôle sur son oeuvre.
L'inspiration semble s'être évaporée sous le soleil californien. Les textes ont beau flirter avec quelques thématiques science-fictionnelles et fantaisistes, nous sommes à mille lieues d'un successeur à "Field Of Mars" ou "Reptile". Si, effectivement, on épargne le lumineux (et assez intrusif) "Metropolis", les torturés (limites suicidaires) mais laborieux "Pharoah" et "Grind" et quelques miettes prometteuses (l'intro de "Terra Nova Cain", la progression partielle de "Russian Autumn Heart" et "Disappointment"), on ne va pas jusqu'à affirmer qu'ils méritent qu'on se relève la nuit pour les écouter. Tout comme on ne reprend jamais deux fois de la soupe tiède. En parlant de soupe, que dire de l'insupportable "You're Still Beautiful" où l'Église tente de rejoindre la mouvance alternative soft et sans grand relief dont bon nombre d'ex combos synthpop deviendront les fers de lance dans les 90's ? Au mieux, ça donne A-HA et sa Memorial Beach acceptable, au pire ça inflige des DURAN DURAN et leur culculterie sans nom qu'est Ordinary World. Les prélats de Sydney avaient-ils oublié que huit ans auparavant ils coupaient court à leur tournée européenne avec la bande de Simon Le Bon en raison de l'attitude déplorable du public de ce dernier à leur égard ? Comme si cela ne suffisait pas, le kit de batterie qui n'a pas trouvé d'occupant suite au désistement de Richard a été remplacé par, je vous le donne en mille : une boîte à rythme. Et Richard n'ayant participé qu'à l'enregistrement de quatre chansons sur treize, nous sommes en présence du plus mauvais opus de THE CHURCH en terme de son. Ah oui. Et bye bye, les arpèges 12 cordes de Marty par la même occasion : ce dernier s'étant fait dérober sa précieuse Rickenbacker au cours de la tournée de Starfish, il joue ici de la mandoline. Mais, comme expliqué plus haut, peu importe la présence d'un quatuor australien soudé et le recours à de nouveaux instruments, le problème majeur de ce sixième opus est l'inexistence d'un sens de la composition qui le distinguerait de ses aînés et de la concurrence comme d'une dévotion à la musique. Une véritable bérézina.

Si Seance avait démontré que THE CHURCH était capable de composer des albums d'apparence austère mais qui révélaient progressivement leur majesté, et Heyday qu'un album pop à 100 % et à l'allure monolithique n'était pas forcément synonyme de pensum mais parfois de trésors, Gold Afternoon Fix atteste de la fin brutale d'un âge d'or. Certains fans trouvent le moyen de le défendre, avançant l'argument de la suite logique de Starfish ou du rude passage vers les 90's moins bien négocié que prévu mais pas désagréable, le groupe n'en a cure. Au contraire d'une Seance vite réhabilitée, cet accident de parcours millésime 1990 est vite oublié. De cet éprouvant revers, l'Église ne sauve que "Metropolis", le seul single à avoir plutôt bien fonctionné sur les ondes et encore de nos jours régulièrement joué en concert.

Un verdict sévère. Certains le qualifieront d'assassin. Mais qui aime bien châtie bien. Et après une décennie 80 irréprochable, THE CHURCH s'effondre. Il fallait que cela arrive à un moment donné. Gold Afternoon Fix, nadir des Australiens et déception commerciale inévitable, leur coûte définitivement la carrière mirobolante qu'ils espéraient. À partir de là, que faire ? Dissoudre le groupe ? S'accorder une pause de dix ans pour revenir triomphalement ? S'exiler dans un désert infini pour y méditer ? Je vous laisse deviner laquelle de ces trois options choisiront Steve, Peter et Marty.

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- Steve Kilbey (chant, basse, claviers)
- Peter Koppes (guitare, chant)
- Marty Willson Piper (guitare, chant)
- Richard Ploog (le peu de batterie que l'on puisse trouver sur cet)


1. Pharoah
2. Metropolis
3. Terra Nova Cain
4. City
5. Monday Morning
6. Russian Autumn Heart
7. Essence
8. You're Still Beautiful
9. Disappointment
10. Transient
11. Laughing
12. Fading Away
13. Grind



             



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