En parallèle des parutions d’archives sur le label Up & Down Unit Creation (Numéralogique, News From The Past, Talk, Le Vent Souffle Où Il Veut et le coffret Unity In Diversity), Luc Marianni publia sur son autre label DDD cinq E.P entre 2012 et 2017, trois disques de remixes de ses œuvres par des artists d’electro contemporains (Le Rire, La Fête, L’Humour… et la Tendresse?) et deux autres confrontant des morceaux inédits et leurs remixes : Le Vol D’Icare (2013) et Green Iceland (2014). Ces deux disques contiennent en majorité des morceaux électroniques enregistrés à la fin des années 1980, à la suite de Six Synthetic Suites (1986) mais restés entretemps dans les cartons.

Le Vol D’Icare présente deux morceaux réalisés en 1988. Luc MARIANNI s’applique à éviter les turgescences clinquantes de cette période-là et propose une musique lente, contemplative. Les synthétiseurs et boîte à rythme sont réduits à leur plus simple appareil, et le son est assez compact et étouffé, typique des maquettes, au point qu’il est difficile de dire si nous avons affaire à des synthétiseurs analogiques ou numériques. Qu’importe, au fond.
Il émane une certaine tristesse de la mélodie de "Machupicchu Mist", ébauchée puis affirmée sur une suite d’accords et une ligne rythmique très simple. "Le Vol D’Icare" est un autre beau morceau, un peu plus animé et varié, la première moitié ascendante sur un motif séquencé, puis dans sa seconde moitié planant et se perdant au loin.

Quelle surprise alors de trouver ce "Icarus Flight" du DJ et producteur O B IGNITT, actif dans la scène électro de Detroit depuis le début des années 1990 ! "Icarus Flight" reprend du "Vol D’Icare" quelques nappes subsidiaires, mais en revisite également le motif de basse et l’incorpore à une rythmique acid house − nous reconnaissons la boîte à rythme Roland TR-808 et le synthétiseur TB-303 à la basse. Toujours est-il que c’est surprenant de trouver ce morceau moderne, certes sympathique à défaut d’être transcendant, avec des archives d’une toute autre trempe.