Green Iceland est le second volet d’un diptyque de disques présentant d’anciens morceaux inédits de Luc MARIANNI ainsi que leurs remixes. Cette fois-ci, quatre morceaux totalisant une vingtaine de minutes, soit près du double des deux morceaux du Vol D’Icare (2013). Autant ces derniers étaient joliment complémentaires, autant les quatre morceaux de Green Iceland (2014) sont très différents les uns des autres.

Le morceau-titre (1988), consistant uniquement en quatre accords de nappes souffreteuses répétées en boucle, est sans grand intérêt et démarre assez mal le disque. Nous lui préférerons largement "Machupicchi Mist" sur le précédent EP. "Orient Impress" (1988) n’est pas beaucoup plus satisfaisant; Luc MARIANNI y cherche ses notes, et quand il les trouves, c’est pour faire tourner une pauvre mélodie sans rien d’autre derrière. Nous touchons le fond du tiroir! Mieux vaut s’intéresser à "Hard Times" (1987), sur une base de claviers et boîtes à rythmes tout comme "Machupicchu Mist" et "Le Vol D’Icare", mais judicieusement enrichi d’une guitare électrique, d’abord se fondant parmi les nappes lugubres, puis s’en détachant et se déployant peu à peu, jusqu’à conclure seule avec un riff saturé.

Présentant Luc MARIANNI seul devant ses machines, ces cinq morceaux de la fin des années 1980 sont ses productions les plus intimistes depuis Voyage Vers L’Harmonie (1983), et auraient d’ailleurs presque pu constituer un album entier. Il reste encore "GRM 1", daté de 1979. Le titre ne trompe pas c’est de la musique concrète pure et dure. Il s’agit certes d’un exercice de style (nous sommes loin des fresques sonores de Pierre HENRY ou Bernard PARMEGIANI), mais cet arrière-plan lugubre et ces irruptions sonores préfigurant le splendide "Rêve Logique" (1980). Luc MARIANNI reviendra plus tard au GRM en compagnie de Philippe Deshayes pour un autre morceau, "Dorian G. Portrait", axé sur le traitement des voix, et qui paraîtra sur l’album quasi-éponyme (1982).

Nous en arrivons au remix de Ralph CUMBERS alias BASS CLEF (la Clé de Fa!), producteur natif de Bristol, qui s’avère plus aventureux que O B IGNITT dans son incorporation des anciens matériaux dans les trames modernes. Après la house de "Icarus Flight", voici un "Orient Green GRM" plus orienté techno, donnant une seconde vie au son vaguement orientalisant de "Orient Impress" et à l’objet sonore introductif de "GRM 1". BASS CLEF réussit à créer un morceau homogène avec des sources sonores fort différentes (y compris ses propres instruments), et en vient curieusement à relever le niveau de l’EP après quatre premiers morceaux très inégaux.