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CERRONE - Supernature (1977)
Par NANAR le 21 Mars 2025          Consultée 191 fois

Supernature est l’un de ces albums desquels il est un peu gênant de parler, car tout a déjà été dit à son sujet. Il contient le single éponyme, ***LE*** tube de CERRONE. S’il est vrai que le morceau et l’album constituent un jalon de sa carrière, ils ont tendance à faire injustement faire de l’ombre à ses autres œuvres. On a également tendance à oublier qu’il s’agit d’une suite de 17 minutes; les mouvements "Sweet Drums" (différent du morceau homonyme sur l’album Kongas) et "In The Smoke" passent beaucoup trop souvent à la trappe alors qu’ils apportent une valeur ajoutée significative en termes d’ambiance et de contrastes – quoique le remix Cerrone Symphony: Variations Of Supernature (2010) les met à l’honneur au même titre que "Supernature". On peut même aller plus loin en affirmant que le thème principal de "Supernature", si reconnaissable (ah, ces chœurs!) occulte son développement en trois parties, le morceau durant dix minutes en version album contre trois minutes pour la version single.

"Supernature" doit son succès en partie au fait qu’il introduit massivement les synthétiseurs, introduisant CERRONE dans la 'cour des grands' de l’électronique grand public en France, aux côtés de SPACE, Jean-Michel JARRE et SPACE ART. C’est en effet par le biais de cet album que CERRONE a découvert les synthétiseurs, l’intéressé affirmant avoir appris sur le tas à se servir du synthétiseur duophonique Arp Odyssey durant les sessions d’enregistrement, avec l’aide de ses trois comparses Alain Wisniak, Raymond Donnez et Georges RODI, chacun apportant sa contribution aux parties de claviers – précisons néanmoins que Georges RODI pratique la musique électronique depuis au moins 1974, avec à la clef une série d’albums d’illustration sonore. Le moins que l’on puisse dire est que CERRONE a vite su se servir de son matériel; il suffit d’écouter l’EP Phonic / La Nuit Pour Nous qu’il a enregistré dans la foulée (sous le pseudonyme Cristal). Toujours est-il que le résultat, sans égaler la maîtrise de Giorgio MORODER (From Here To Eternity, 1977) est convaincant dans son genre, les leads, riffs (qu’on devine joués en direct et non séquencés) et basses au synthétiseur ainsi que les effets sonores sur les percussions sonnent plutôt bien.

Pour une fois, les paroles de "Supernature" valent que l’on s’y intéresse. Il est question de créatures conçues par l’Homme grâce aux nouvelles avancées scientifiques (et illustrées par la pochette) et qui se retournent contre l’humanité. Ce texte plutôt pessimiste, inspiré du roman L’Île Du Docteur Moreau (1896) de Herber George Wells, est fort bien appuyée par une composition neutre et obstinée, que ce soit les couplet et refrain principaux, le second thème au milieu du morceau ou la citation de "Also Spracht Zarathustra" de Richard STRAUSS vers la huitième minute. Le thème principal de "Supernature" reprend en partie les thèmes principaux de "Accidental Lover" (la grille d’accords) et de "Simon Peter" (les chœurs qui chante le titre – ils ont quasiment le même rythme, seulement décalé d’une croche), tous deux composés par son ancien collègue Alec R. COSTANDINOS plus tôt la même année. Après tout, cette redondance découle peut-être du style Disco en lui-même. La mélodie de "In The Smoke" est en revanche particulièrement réussie.

Sur la seconde face figure une autre suite, "Give Me Love" - "Love is Here" - "Love Is The Answer", qui souffre un peu la comparaison avec la première car un peu trop édulcorée par endroits, en plus de rester dans le Disco acoustique des deux précédents albums. Supernature est le seul album de CERRONE constitué de deux suites, ce procédé étant davantage dans les habitudes d’Alec R. COSTANDINOS. L’orchestre et les cordes grattées, après leur brillante absence de la première face, reprennent tous leurs droits. On continue donc dans la continuité de "Cerrone’s Paradise" et "Midnite Lady", avec cependant une part grandissante d’électronique. C’est également, chez CERRONE, la première apparition de Georges RODI dont les soli, riches en legato, sont immédiatement reconnaissables. "Give Me Love" est une nouvelle réussite. Après le thème violonneux suave "Love Is Here" faisant office de transition, nous arrivons à "Love Is The Answer" qui pèche par un léger excès d’édulcoration – les émulations électroniques de steel-drums n’étaient peut-être pas indispensables. Un défaut qui refera surface sur les deux albums suivants, indépendamment du problème récurrent des ballades. Ça reste néanmoins nettement meilleur que How Much, How Much I Love You (1978) de Alec R. COSTANDINOS.

Supernature fut enregistré durant l’été 1977, officiellement publié en février de l’année suivante mais distribué en France dès la fin de l’année 1977, un fait qui découle probablement de la stratégie promotionnelle de CERRONE qui consistait à envoyer les premiers exemplaires de son nouvel album aux disc-jockeys et aux boîtes de nuits avant la sortie officielle, afin de mieux le faire connaître.

Voilà, j’ai essayé de passer en revue cet album culte sans trop tomber dans les lieux communs du style 'une œuvre pionnière qui annonce la musique house', 'l’avant-garde de l’électro futuriste à la française', et cætera. Il est d’ailleurs assez marrant de constater que Cerrone est souvent décrit comme un 'pionner de l’électro' – 'pionnier du Disco' est également employé à son égard, ce qui est moins absurde, mais pas tout à fait vrai pour autant, cf. le combo allemand SILVER CONVENTION qui publiait dès 1975, sans même parler de la scène de Philadelphie – alors qu’il n’a vraiment abordé l’électronique qu’en 1977 et que sur ses dix premières années de carrière, l’électronique est très loin d’être majoritaire. Malgré le léger faux-pas de "Love Is The Answer", Supernature s’impose naturellement comme un incontournable de CERRONE.

3 ½ sur 5

Nota: Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver de crédits détaillés. On peut supposer que le line-up est proche de celui de l’album suivant mais je préfère ne pas m’avancer. Toute information supplémentaire est la bienvenue.

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- Cerrone (batterie, claviers, composition, paroles de 1)
- Alain Wisniak (claviers, paroles de 1, co-composition de 1, 3, 4,)
- Raymond Donnez (claviers, arrangements)
- Georges Rodi (synthétiseurs)
- Kay Garner (chant sur 1, 4, 5, 6)


1. Supernature
2. Sweet Drums
3. In The Smoke
4. Give Me Love
5. Love Is Here
6. Love Is The Answer



             



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