Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL-ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Bruce Springsteen

Clarence CLEMONS - Get It On (aja & The Big Man) (1995)
Par MARCO STIVELL le 31 Juillet 2024          Consultée 438 fois

Dans les années 90, Clarence 'Big Man' CLEMONS peut donner l'impression d'être un géant en sommeil. Après la fin du E STREET BAND en 1989, il avait enchaîné albums et projets, et depuis 90, cela s'est bien calmé pour mieux revenir en 95 avec plein de belles idées ou promesses. Parmi la routine des sessions, ZUCCHERO (album Spirito DiVino) et un début de collaboration plus rapprochée avec Alvin LEE (TEN YEARS AFTER). Il y a surtout la reformation éphémère, pour quelques titres et concerts, du E STREET BAND par Bruce SPRINGSTEEN, et les quatre prochaines années, pour tout le monde, auront un air de 'on attend la suite !'.

À côté de cela, le Big Man se réveille en pensant aussi et presque d'abord à lui, avec pas moins de deux albums ! L'un, celui qui nous intéresse ici, est une véritable curiosité dans le sens où il est présenté comme un album entier, collaboration plus 'fournie' que les autres donc, avec une chanteuse, la toute jeune Aja KIM, Asio-Américaine née en Caroline du Nord et résidant à Philadelphie, spécialiste du rock (tendance nerveuse), qui a débuté cinq ans plus tôt et dont il s'agit du premier véritable enregistrement professionnel. Concernant CLEMONS, on parle d'un pilier majeur de la musique américaine au rayonnement mondial, et beaucoup d'autres que KIM rêveraient d'un tel coup de pouce, une si belle mise en lumière !

Le problème, d'envergure lui aussi, se trouve que ce disque, enregistré à Hollywood, n'est distribué qu'au Japon ! Il s'ajoute donc à la liste longue en ces années d'artistes américains délaissés par leur mère patrie mais encore suffisamment appréciés outre Pacifique, chez les anciens ennemis. On compte aussi Stephen BISHOP, Kim CARNES qui avait d'ailleurs participé à l'album précédent du Big Man, etc. Il n'empêche que forcément, pour le marché US ou européen, une oeuvre musicale publiée au Japon est trop difficile d'accès, donc quasiment nulle, et même plus tard à l'ère d'Internet, peu d'honorables âmes nippones s'en délesteront, qui plus est à un prix décent – oui, c'est du vécu -, pour rappeler que le capitalisme n'est pas toujours uniquement l'apanage des vilains Occidentaux.

En ce qui concerne Get It On d'AJA & THE BIG MAN, il y a quelques soucis liés au résultat lui-même. Le pire, c'est que tout ou presque y est très bon mais, en fait de collaboration affirmée, cela ressemble plus à un patchwork, avec des chansons du Big Man co-écrites majoritairement avec l'artiste blues-rock Jimmy DILLON, une reprise ainsi que deux instrumentaux. Enfin, trois compositions de Aja KIM sur les cinq chansons où on l'entend chanter, pour un total de onze, voire douze si l'on compte le titre caché à la toute fin. Autant dire qu'en dépit de l'intérêt de la chose et malgré sa générosité, mister C se met trop en avant et, face à l'attachement naturel de la gent féminine à son égard, manque un peu de galanterie.

On apprécie ces instrumentaux, "Alone Again" dans une veine slow blues léché, ainsi que "Lights of the City" pour un style plus springsteenien (le souvenir de "Sum0mer on Signal Hill" persiste ; même Max WEINBERG, l'ami du E STREET BAND, l'a fait sien) avec un sax poussé à fond avec des arrangements folk-rock épiques. D'un autre côté, ils aurait mieux valu les placer sur un album extérieur, même si justement l'autre d'alors signé du Big Man, Peacemaker, prend une toute autre direction. On y retrouvera d'ailleurs une poignée de musiciens présents ici, comme le génial percussionniste Luis Conte ainsi que le claviériste John Schreiner. Get It On est produit par le jeune Japonais qui fait alors ses armes en Californie, Michael Kaneko, avant de redevenir une sommité dans son pays beaucoup plus tard.

Au sein de la bande également, monsieur Jim Keltner à la batterie (CLAPTON etc) parfois doublé par l'Hawaïen Garin Poliahu, puis Kevin Russell aux guitares (ancien 707 que l'on avait déjà croisé auprès du Big Man en 91 sur un titre de Nils LOFGREN, autre comparse de la E STREET, album Silver Lining), ainsi qu'à la slide/dobro, Eric Sardinas, un copain de Steve VAI. Sans oublier le bassiste Lynn Woolever alors méconnu, sauf de Aja KIM elle-même dont il restera plus proche que quinconque, au fil de leur longues années de mariage. Avec tout cela, incluant une section de cuivres occasionnelle, on est heureux qu'après le son électronique de A Night With Mr. C, notre cher CLEMONS retrouve un esprit plus organique, pour ne pas dire plus rock. Et pourtant, cela va bien dans le sens de Aja KIM !

On commence avec un titre en duo qui est la fameuse reprise, "Baby Get It On", empruntée à Tina & Ike TURNER (album Acid Queen, 1975), forcément bien balancé avec les cuivres et riffs guitares/basse, une excellente complémentarité entre la bonne grosse voix grave et soulful du Big Man avec celle à la fois girly et nerveuse de KIM. Un peu trop scolaire dans ses arrangements toutefois (mis à part le très bon choeur gospel à la fin), une manque d'interventions spontanées de la part de la chanteuse s'y fait ressentir, tout comme le sax mythique qui n'intervient que tardivement.

Seul ensuite, CLEMONS se lance dans des efforts soul-rock ("One Step Two Steps", seul titre sans sax mais avec harmonica, une fois n'est pas coutume !), rhythm'n'blues ("Funky Monkey Baby" co-écrit avec le producteur Kaneko, "Love Child" avec ses couplets reggae), franchement sympathiques. Toutefois, s'il avait vraiment fallu des titres sans chanteuse, "Don't Walk Away", aussi efficace que lumineux, aurait suffi avec également "Love Child". Ou alors, lui en donner plus à elle, y compris ce blues caché juste après "Lights of the City", ne pas donner l'impression que le sax a raté ses entrées ou se réveille trop tard.

Son duo avec la guitare (Kevin Russell comme Mark 'Farm Boy' Turner et Eric Sardinas font un super boulot tout le long) fait écho à celui de KIM et CLEMONS pour le brillant "Give Me What You Got", à quoi on aurait aimé que ressemble davantage la reprise des TURNER. Restent les trois compositions de la damoiselle, qui heureusement mettent en valeur une voix aussi plaisante que leur écriture à laquelle participe son mari bassiste.

"Rain", ballade pop plaintive tout en sons clairs avec une rythmique porteuse aux batterie-congas, et le plus orienté 'trucker'/routier "You Can't Hurt Me" sont d'excellente facture, avec basse proéminente au milieu des guitares acoustiques, effets magiques et solos de saxophone toujours vibrants. Dommage encore qu'il soit si peu 'attentif' sur "Woman of the World", au ton sexy grâce à la chanteuse comme les slide guitare, cuivres en fond, et qui, étoffé mieux avec plus de souffle hargneux, aurait bien mérité d'être un "Black Velvet" (Alannah MYLES) des années 90, succès à la clef.

Un léger gâchis donc que le disque doit d'abord un peu à lui-même, en dépit de toutes ses qualités, son ensemble de musicien et une 'petite protégée' des plus séduisants. C'est d'autant plus frustrant que cette alliance fonctionne bien mieux que les RED BANK ROCKERS pour le premier album du Big Man en 1983 ! À part des concerts, aucune suite naturellement, mais Aja KIM, sans album autre à son nom, poursuit dans le milieu hard-metal et devient par la suite, près de dix ans plus tard, deuxième chanteuse du groupe féminin hommage The IRON MAIDENS sous le pseudonyme 'Bruce Lee Chickinson', bel équilibre entre ses origines asiatiques, le chanteur concerné, son panache à elle et son sex-appeal.

A lire aussi en ROCK par MARCO STIVELL :


Nolwenn KORBELL
Avel Azul (nolwenn Korbell's Band) (2018)
Korbell, darcel, geronimi etc for the best!




Elton JOHN
Rocketman (music From The Motion Picture) (2019)
Ça décoiffe !


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Aja Kim (chant, choeurs)
- Clarence 'big Man' Clemons (chant, saxophone ténor, harmonica)
- Kevin Russell, Mark 'farm Boy' Turner (guitares)
- Eric Sardinas (dobro)
- Lynn Woolever (basse)
- Jim Keltner, Garin Poliahu (batterie)
- Luis Conte (percussions)
- John Schreiner (piano, synthétiseurs)
- Austin De Lone (piano)
- Révérend Rubin Lawrence (orgue)
- Chris Mostert (saxophone alto)
- Mike Nelson (saxophone baryton)
- Jon Pappenbrook (trompette)
- Eric Jorgensen (trombone)
- Donald Webber & The Real Gospel Ensemble (choeurs)
- Machun, Ellis Hall (choeurs)
- Michael Kaneko, Jordan La Sierra (choeurs)


1. Baby Get It On
2. One Step Two Steps
3. Rain
4. You Can't Hurt Me
5. Love Child
6. Alone Again
7. Funky Monkey Baby
8. Woman Of The World
9. Don't Walk Away
10. Give Me What You Got
11. Lights Of The City



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod