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- Membre : Bruce Springsteen

Clarence CLEMONS - Rescue (avec The Red Bank Rockers) (1983)
Par MARCO STIVELL le 5 Mai 2024          Consultée 533 fois

Doit-on dire son nom ? Doit-on vraiment le présenter ? Il est l'un des musiciens les plus adulés et l'un des plus emblématiques de la musique populaire américaine, bien que n'étant ni chanteur (du moins, pas au-devant de la scène), ni guitariste, ni... Bref, il a choisi d'être saxophoniste, et si l'on retient son identité, c'est parce qu'il s'est écarté du jazz ou de la soul/funk si naturels pour sa communauté, afin d'épouser un rock qui, certes, garde lui-même un son bien particulier.
Natif de l'état de Virginie, Clarence CLEMONS, dit Big Man, est associé irrémédiablement à la zone New York/New Jersey, resté longtemps (jusqu'à sa mort en 2011) l'élément favori du public aux côtés de Bruce SPRINGSTEEN et au sein du légendaire E STREET BAND dont il a été le seul Afro-Américain après le départ de David Sancious en 1974. Il a joué aussi pour d'autres, bien sûr, dès sa première décennie à succès (73-83) : SOUTHSIDE JOHNNY & the ASBURY JUKES, Gary 'US' BONDS, Ronnie SPECTOR, Carlene CARTER, Joan ARMATRADING, INTERGALACTIC TOURING BAND. Plus discret sur sa vie spirituelle, il est de confession baptiste et a eu, comme tant d'autres de ses collègues musiciens-stars (Carlos SANTANA notamment) recours aux enseignements du gourou indien new-yorkais Sri Chinmoy, d'où son pseudonyme occasionnel Mokshagun.

Sa carrure est celle d'un ancien footballeur outre-Atlantique jamais remis d'une blessure et dont les proportions ont subi d'autres affres ensuite. Son souffle surpuissant au sax ténor (quand bien même il a commencé à l'alto, enfant, et continue de jouer aussi du baryton comme sur le tube des tubes "Hungry Heart" en 1980) forme l'identité du rock au même titre que la guitare, quand bien même ses solis s'éloignent grandement de l'esprit rockabilly. Il a cette façon de faire 'exploser' la mélodie, ses interventions sont l'éruption au sein du magma créé par le groupe du Boss. Et cela marque les esprits ; demandez à notre Antoine De Caunes qui ne s'en est jamais relevé et ne jure pratiquement que par lui. Toutefois, passé le double album The River, le début des années 80 marque un tournant pour CLEMONS, car même s'il est omniprésent en live, SPRINGSTEEN décide de l'employer moins en studio (pour Born in the U.S.A., 1983 puis les albums des années 2000, il ne joue jamais sur ne serait-ce que la moitié des titres), mais il ne le sait pas encore. Aîné du E STREET BAND, il a dépassé la quarantaine en 82 et choisit de s'offrir son premier album 'à part', mais point solo.

Étant le deuxième après Steve Van Zandt/LITTLE STEVEN (album Men Without Women, 1982) à procéder ainsi, il fonde carrément un groupe - éphémère -, les RED BANK ROCKERS. Les musiciens sont tous à peu près inconnus, à l'exception du bassiste John Siegler (Todd RUNDGREN etc) et du guitariste David Landau qui n'est autre que le petit frère de Jon Landau, journaliste rock devenu manager de SPRINGSTEEN et à qui ce dernier doit beaucoup. Pour info, David, on l'a aussi beaucoup entendu avec la talentueuse Carolyn MAS qui n'est autre que la représentation féminine de SPRINGSTEEN durant cette fin d'années 70-80, jusque dans le son du sax mais qui n'est pas celui du Big Man. Le Boss intervient un peu à la guitare rythmique sur un titre composé par lui-même ("Savin' Up") et fait quelques choeurs dans la masse proposée, mais le copinage s'arrête là. Le chanteur à la voix forte et rauque, John 'J.T.' Bowen s'est tout de même fait remarquer aux côtés de Gary 'US' BONDS et LITTLE STEVEN sur son album solo, mais sa carrière n'ira pas plus loin.

Avec Rescue, unique album de la formation, le Big Man CLEMONS verse autant dans le rock de la East Coast/Jersey Sound dont SPRINGSTEEN est le porte-étendard que dans des racines plus intimement 'black' et le groove qui en découle. "Jump Start My Heart" contient des riffs sautillants de guitares nerveuses (en partie dus à Sid McGinnis, brillant guitariste punk), des parties de cuivres imposantes (les Uptown Horns) et des choeurs féminins délicieux. Il n'est pas incongru d'y voir une refonte du tube "Nutbush City Limits" de Ike & Tina TURNER (1973), en moins sexy même si CLEMONS fait de son mieux avec un solo félin. Et puis le chanteur est bon, l'ensemble inspiré, avec côté écriture/songwriting, entre autres, la bénédiction d'un Desmond CHILD encore dans ses années de démarrage, avant BON JOVI etc. Il figure sur une poignée d'autres titres en collectif, y compris le Big Man himself, mais pas aussi mémorables, tel "Money to the Rescue" fait de soul légère. Meilleure reste "A Man in Love", soft-rock bien balancé et épique.

Il est indéniable que la très binaire "Savin' Up" contienne la marque de SPRINGSTEEN, mais l'orgue de Ralph Schuckett, pourtant excellent au piano rock, y est beaucoup trop sommaire, à l'inverse du boogie-woogie "Resurrection Shuffle", single premier de l'album où il s'illustre. "A Woman's" Got the Power", reprise power-pop des A'S, a quelque chose du Boss elle aussi, et le solo de sax y est très léché. Alors que le tempo change autant que les ambiances ("Rock'n'Roll DJ" bien axé sur la basse en croches et le chant plus crooneur), CLEMONS varie ses interventions, parfois brèves, parfois groupées (ténor-baryton) et, en dépit de sa superbe, fait parfois du hors-sujet : le solo trop aigu de "Heartache #99", titre le moins bon de toute façon malgré un tapping de guitare complètement dingo et inattendu.

C'est comme si, avec son nom et sa silhouette figurant sur la pochette, il se devait de participer à tous les titres d'une façon ou d'une autre, sachant qu'il y a de l'énergique, du plaisant, mais aussi de l'anecdotique. Et quand il veut faire de l'excès, forcément, le bât blesse davantage. Il n'y a qu'à écouter le superbe titre bonus, "Summer on Signal Hill", un instrumental inespéré, pour comprendre ce qui manque un peu ailleurs, malgré les qualités indéniables de John Bowen. En réalité, c'est la face B du single "Savin' Up" et pour cause, signée également de la main du Boss, dont il s'agit d'une chanson pour le E STREET BAND et Born in the U.S.A., "Now and Forever", finalement délaissée, mais loin d'être un gâchis ici, quand bien même très à part. Avec de la simplicité, par-dessus le marché, de la guitare acoustique, de l'orgue planant, du rimshot, des claviers cristallins, du tambourin (on sait que CLEMONS aime jouer des percussions) et un sax qui s'envole en suivant la guitare baryton.
Et ce n'est pas terminé : pour connaître la suite à propos de ce morceau, n'hésitez pas à aller faire un tour du côté de chez Max WEINBERG.

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   MARCO STIVELL

 
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- Clarence Clemons (saxophones, percussions, choeurs)
- John Jt Bowen (chant)
- David Landau (guitares)
- John Siegler (basse)
- Wells Kelly (batterie, choeurs)
- Ralph Schuckett (claviers, choeurs, arrangements cuivres)
- Peter Wood (synthétiseurs)
- Lloyd Landesman (synthétiseurs, choeurs)
- Arno Hecht, Jack Bashkow (saxophone ténor)
- Crispin Cioe (saxophone baryton)
- Gary Guzio, Paul Lateral (trompette)
- Bob Funk (trombone)
- Desmond Child, Albertine Robinson (choeurs)
- Diana Graselli, Diane Wilson (choeurs)
- Don Yowell, Elaine Caswell (choeurs)
- Ellen Shipley, Ellie Greenwich (choeurs)
- Eric Troyer, Jeff Kent (choeurs)
- John Leffler, Ken Williams (choeurs)
- Maeretha Stewart, Maria Vidal (choeurs)
- Miriam Valle, Rory Dodd, Tim Holland (choeurs)
- Sid Mcginnis (guitare électrique)
- Bruce Springsteen (choeurs, guitare rythmique)


1. Jump Start My Heart
2. Rock 'n' Roll Dj
3. Money To The Rescue
4. A Woman's Got The Power
5. A Man In Love
6. Heartache #99
7. Savin' Up
8. Resurrection Shuffle
- titre Bonus
9. Summer On Signal Hill



             



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