C'est le deuxième enregistrement en deux soirs (2 et 3 septembre 2001) d'un concert de Clarence CLEMONS et son TEMPLE OF SOUL, au Stone Pony d'Asbury Park, New Jersey. Et un deuxième atout à part entière puisque, comme pour SPRINGSTEEN et le E STREET BAND, deux concerts peuvent très bien ne pas se ressembler, être agencés de la même façon, etc.

Quoiqu'il en soit, Live in Asbury Park vol 2, dont on note qu'il a dû attendre deux années de plus pour voir le jour (2004, après la tournée triomphale The Rising donc), ne fait pas doublon avec le premier. On remarque peu de titres en commun, comme le magnifique "Road to Paradise" cette fois introduit par un "Confession" monologue où CLEMONS parle de son enfance, "Livin' Without You" toujours smooth (ce clavier soyeux, miam) mais un peu plus crooner ou encore "Fatha John" encore plus vitaminé avec sa basse slapée, ses passes vocales.

Pour les différences, on relève cet "Another Place" aux attaques rhythm'n'blues directes par les cuivres, une suite de solos (violon, guitare, sax) et un délicieux parfum latino à la "Black Magic Woman" (FLEETWOOD MAC mais surtout SANTANA). Ensuite, "Lights of the City", pas un inédit celui-ci à cause de son titre (instrumental présent sur Get It On, l'album avec Aja KIM en 1995), mais au contraire oui dans sa forme puisque totalement modifiée, sans doute pour ne pas ressembler trop à "Road to Paradise".

C'est désormais un blues rapide, bien renforcé de congas-tambourin, solo de sax fiévreux etc. Intéressant, tout comme la présence de ce "You're a Friend of Mine", que l'on n'attendait plus, tube réel de la carrière solo du Big Man (album Hero, 1985), chanté en duo avec Jackson BROWNE à l'origine et qui laisse ici indirectement son rôle à Billy Livesay. Un bon rendu, bien frais et qui satisfait le public un rien nostalgique, dont l'insouciance possible allait être bien mise à mal et pour de bon, lors de la semaine suivant ces concerts du tout début septembre 2001.

Les gens sont là pour voir de sacrés musiciens à l'oeuvre, mais aussi pour s'amuser. Alors le TEMPLE OF SOUL continue dans cette veine en reprenant "I'll Go Crazy" de James BROWN, soul ternaire en diable menée par Livesay, aux cuivres et aux choeurs forts. Après le solo de CLEMONS, un pont révèle idéalement la violoniste miss Randi Fishenfeld un peu mieux vocalement ; pourquoi donc ne pas lui avoir réservé une chanson en lead ? Quant au "Pink Cadillac" conclusif, face B parmi les plus populaires de Bruce SPRINGSTEEN, s'il traîne un peu trop en longueur (qui plus est avec un fondu final bien malvenu) avec ses onze minutes trente au compteur, il contient plus de bonnes idées comme son solo de basse slapée, sa rupture jazz swing brillante aux cuivres.

Clarence CLEMONS a beau y faire son crooner, user de ses propres charmes comme il le mérite, avec conviction, il finit néanmoins par s'effacer quand il appelle, puisqu'on en parlait, son Patron chéri à le rejoindre sur scène. Tout comme il avait épaulé son batteur préféré, Max Weinberg (du E STREET BAND) menant son propre groupe 7, pour certains de leur concerts en 2000-2001, Bruce au noble coeur vient prêter main de marque à son bras droit saxophoniste, le temps d'un morceau, créant au passage une hystérie générale dans l'assistance dès son arrivée. Surprise, surprise !

Le résultat est une cover du très connu "Raise Your Hand", quoique moins emblématique que "Knock on Wood" pour monsieur Eddie FLOYD. Bruce chante d'une voix graisseuse, sauf quand il passe en falsetto, et une fois, ça joue, ça porte une soul clinquante, aux cuivres et ligne de basse solaire, aux choeurs du groupe, aux solo de sax et duel de guitare (incluant le Boss) avant que d'être rejointes par le violon. Forcément, pour toutes ces qualités, ces similitudes nageant au milieu des différences, l'écoute de ce live deuxième volume est indissociable du premier.