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- Membre : Bruce Springsteen

Clarence CLEMONS - Peacemaker (1995)
Par MARCO STIVELL le 2 Août 2024          Consultée 290 fois

Deux albums en cette année 1995, cela aide presque Clarence CLEMONS à compenser le reste d'une décennie beaucoup plus tranquille que la précédente, et, après coup, en donnant l'impression que quelque chose se prépare ! D'autant plus que Peacemaker n'a rien, rien du tout ou presque à voir avec Get It On, l'album-collaboration avec la chanteuse Aja KIM. Le 'presque' concerne bien entendu le saxophone ténor, cet instrument-roi du rock que beaucoup rattachent aux années 80 avec mépris, mais qui laisse croire par l'entreprise du Big Man que les années 50 en fait ne se sont jamais terminées. D'autant plus que le musicien, exceptionnel, a toujours su garder un son particulier.

Il est possible de l'apprécier autrement à travers cet album, Peacemaker, dont la pochette avec la photo de CLEMONS reflète bien le contenu, à son tour complètement différente de celle de l'autre disque d'alors. Le musicien semble en pleine phase méditative et porte un gros torque sur le coup, comme pour mieux évoquer ses racines africaines. Voici en effet un album de retour aux sources à demi-complet, sans une once de rock. Totalement instrumental, le sax gérant ce qui s'apparente au 'chant'. Et à l'encontre de toute logique, ce second effort de 1995 est mieux distribué que le premier, pas seulement dans un pays 'lointain', et par l'entremise de Zoo Entertainment, label indépendant sur lequel on retrouve également TOOL, Neal CASAL, voire les emblématiques LITTLE FEAT.

Les six pièces musicales de l'album durent entre cinq et dix minutes chacune, pour un ensemble d'une cinquantaine. Et pour savourer le tout, il vaut mieux se mettre soi-même dans un état d'esprit tranquillisé, attentif à défaut d'être méditatif. Il s'agit de longs développements inspirés du jazz, rappelant l'époque fusion mais avec une orchestration minimaliste basée sur le sax, les percussions (trois musiciens dédiés en permanence dont Luis Conte, tout comme sur l'album avec Aja KIM), parfois la basse (John Pierce de HUEY LEWIS & THE NEWS, avec Kai Eckhardt du JOHN McLAUGHLIN TRIO pour "Peace Prayer" ainsi qu'Abraham Laboriel pour "Spirit Dance") et quelques claviers en résonances (sauf pour "Serenity" où intervient de façon très nette John Schreiner, également présent sur l'album avec Aja KIM).

Au-delà d'une forme de tradition prestigieuse, les années 90 sont elles aussi bien présentes à travers un apport léger d'électronique, dans les résonances de synthétiseurs qui n'envahissent jamais la musique, décidément très marquée par ses respirations et espaces. Les percussions jouent les mêmes motifs récurrents, tout en rajoutant des pistes supplémentaires, le sax souvent d'abord doux puis rugueux à la fin ou au milieu ("Miracle" à son climax) est parfois suivi de près par la basse. C'est très musicien dans le bon sens, mais pas si simple d'accès. Clarence CLEMONS semble avoir voulu là un compromis personnel entre l'acid-jazz en vogue (qui touche alors de JAMIROQUAI par certains aspects jusqu'au phénomène SAINT-GERMAIN bientôt) et une inspiration plus 'ambient', mêlée d'airs et de danses africaines aux couleurs de jungle plutôt que de savane.

Même avec un esprit ouvert, il n'est pas garanti que ce disque revienne souvent sur la platine, mais son audace quoique dans une démarche humble et ses qualités musicales sont indéniables. On dirait presque aussi un hommage à SANTANA et sa période la plus dense (première moitié des années 70), avec des titres choisis comme "Abraxas", "Miracle" (le guitariste a sorti un album nommé Milagro en 1992), et du coup on se dit qu'il est étrange que ces musiciens hors-pair n'aient jamais collaboré ensemble. Les deux morceaux sont d'ailleurs remarquables, l'un pour son rythme sensuel, pas latino mais pas loin, l'autre au contraire avec ses dix minutes lancinantes, où l'on note un jeu discret de flûte programmée. "Into the Blue Forest", contemplation empreinte de magie, porte bien son nom, tandis que "Serenity" donne la part belle à un piano très mélodique aux côtés du sax dans un ensemble lunaire.

Avec, juste après, le groove basse-batterie enlevé de "Spirit Dance" et le sax alto de Dave Koz en contrechant du ténor de CLEMONS, on peut penser que la fin de Peacemaker existe dans le but de rattraper un peu le public habituel qui se serait senti dérouté. Cela ne s'adresse clairement pas aux fans de Hero (1985) voire A Night With Mr. C (1989), les albums solos les plus populaires du Big Man ; en revanche il y a là de quoi soulever une vague 'Téléramouille', plaire à tous ceux qui snobent Bruce SPRINGSTEEN et ses acolytes, ne jugent pas leur musique suffisamment sérieuse. Qu'ils profitent, car la reformation éphémère du E STREET BAND en 95 aussi (quelle année remplie pour CLEMONS !) et à l'inverse d'un Peacemaker, va bientôt déboucher sur du durable !

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   MARCO STIVELL

 
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- Clarence Clemons (saxophones)
- Luis Conte, Alex Acuna, Efrain Toro (percussions)
- John Pierce, Kai Eckhardt (basse)
- Abraham Laboriel (basse)
- John Schreiner (piano, synthétiseur)
- Gary Ferguson (batterie)
- Dave Koz (saxophone alto)


1. Peace Prayer
2. Into The Blue Forest
3. Abraxas
4. Miracle
5. Serenity
6. Spirit Dance



             



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