Recherche avancée       Liste groupes



      
POST-PUNK/GOTH/BLUES...  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Grinderman, Nick Cave & Warren Ellis , Einstürzende Neubauten, Magazine
- Style + Membre : The Birthday Party
 

 Nick Cave Online (1295)
 Nick Cave & The Bad Seeds Facebook (841)

Nick CAVE & THE BAD SEEDS - The Firstborn Is Dead (1985)
Par K-ZEN le 5 Février 2025          Consultée 218 fois

[Après les cygnes, maintenant le premier-né, décidément… La loi des séries sans doute !]

Seulement oui, avant l’enterrement – assez lointain à présent – il avait nécessairement fallu qu’il y ait la mort. Pas la douce, délicate, celle emportant le vieillard glacé dans son sommeil, au cœur de la nuit moite ; la violente, inattendue, qui laisse déboussolé, même en cas d’échec, via tant de moyens déployés. Quel est l’objectif du déploiement massif de tant de forces armées pour un si petit être n’ayant pas encore ouvert les yeux ?

Et si les rôles avaient été inversés le 8 janvier 1935 dans cette anonyme petite maison située à Tupelo, laissant Jesse, le premier-né vivant et Elvis le second à jamais inanimé ? Que serait-il advenu de la musique du vingtième siècle ? Aurait-on connu la révolution du rock ou le jazz aurait-il poursuivi sa domination sans partage jusqu’à l’avènement d’un nouveau messie ? Difficile d’imaginer cette ligne de temps fictive qui se serait déclenchée à la suite d’un aiguillage différent, c’est un peu cela l’uchronie, exercice auquel s’est livré par exemple K. Dick en rédigeant Le Maître du Haut-Château. Il est vraisemblable d’imaginer qu’un autre étendard se serait fait jour, peut-être moins emblématique (encore que) et qu’il se serait emparé du relais, un monde sans rock semblant chose totalement impensable.

Cependant, suivant sa survie initiale, il aurait fallu que notre petit Elvis endure également sans dommage cet épisode de tornades ayant frappé le sud-est des États-Unis en avril 1936. Ce qu’il fit, malgré un cataclysme que l’échelle de Fujita classa a posteriori F5, soit le degré maximal ayant déjà été rencontré sur Terre recensant des vents compris entre 420 et 510 km/h ! La catastrophe fit des dégâts humains et matériels incommensurables mais épargna notre fragile petit King. Comme par miracle.

"Tupelo" relate cet épisode météorologique exceptionnel, à grands renforts de paraboles bibliques et d’effets sonores orageux, un tableau dépeignant le jeune Elvis tel un prophète survivant à une apocalypse pourtant implacable. Funeste et tribale, la pièce a subi une longue maturation sur scène, lors d’une tournée en Angleterre investissant ensuite les continents européen puis nord-américain. Cette série de concerts suivait tout juste la publication de From Her to Eternity, inaugural disque de Nick CAVE depuis la séparation des BIRTHDAY PARTY où on trouvait "Saint Huck", source profonde de "Tupelo".

La tournée achevée, l’Australien prolonge son séjour à Los Angeles pendant trois mois, lui permettant de mettre en pratique la diversification de ses activités d’écriture évoquées lors d’une interview au NME en 1982. Il compose ainsi une nouvelle dont il effectue une lecture publique de certains extraits, curieux de voir l’accueil réservé à ses textes. Il continue également l’élaboration du scénario du film Swampland qui, toutefois, ne mènera nulle part, les producteurs freinant des quatre fers, effrayés par la folie des grandeurs de Nick. Sur les conseils de l’éditeur Simon Pettifar, le projet irriguera abondamment le premier ouvrage du chanteur Et l’âne vit l’ange.

De retour à Berlin, CAVE retrouve un semblant de stabilité sentimentale avec Elisabeth Recker, une femme bien différente d’Anita Lane tout en poursuivant son activité artistique frénétique. Il termine ainsi en une semaine tous les textes ornant son prochain album, plaque qui, comme "Tupelo" le laissait présager, serait fortement imprégné de la musique du sud-est des États-Unis fascinant CAVE, même si quelques pièces seraient plus empreintes d’un certain romantisme gothique comme le dramatique "Knockin’ On Joe". Seul "Train-Long Suffering" détonnerait dans le paysage, embarquant l’auditeur sur un chariot de mine en vue d’une inconfortable excursion.

Des blues minimaux et poisseux traversés de percussions parfois primitives seraient donc majoritaires, tels les ouvrages d’un artisan passionné rendant hommage à ses héros de manière évidente ("Blind Lemon Jefferson") ou de manière plus subtile. "Wanted Man" est emprunté au couple DYLAN/CASH mais uniquement en partie, les paroles en ayant été modifiées, ce qui occasionnera d’ailleurs des problèmes contractuels qui retarderont significativement la sortie du disque jusqu’en juin 1985. L’excellent "Black Crow King" – CAVE faisant preuve d’auto-dérision pour son intitulé – invoque plutôt quant à lui le DOORS final, celui où Jim est devenu cet homme caverneux et bouffi ne réussissant à investir qu’un simple coin de photographie, bien loin du félin crevant l’écran (et la scène) seulement quelques mois auparavant. Tout le contraire de ce cliché charismatique croquant un CAVE central et monochromatique, peut-être profitant de la dernière cigarette accordée au condamné dont les cendres rougeoyantes brillent doucement au cœur de l’ombre portée. Les critiques ne goûteront pourtant guère cette noirceur enveloppant The Firstborn Is Dead, ne parvenant pas à la comprendre véritablement, une obscurité déteignant au sein des BAD SEEDS qui déjà, sont confrontés aux premières tensions créées par l’intransigeance de CAVE à propos des choix artistiques. La tournée s’ensuivant, rappelant de manière désespérée Rowland S. HOWARD, se passerait ainsi de manière désastreuse.

Reste cette œuvre anthracite, la version CD offrant en bonus la version single de "Tupelo" plus une réinterprétation stratosphérique de "The Six Strings That Drew Blood", chanson des BIRTHDAY PARTY totalement transcendée.

A lire aussi en BLUES :


KID THOMAS
Rockin' This Joint Tonight (1997)
Blues blackrocknroll soul




Peter FRAMPTON
All Blues (2019)
Frampton joue du blues ! ! ! ! !


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Nick Cave (chant, harmonica)
- Blixa Bargeld (guitare, guitare slide, piano, chœurs)
- Barry Adamson (basse, guitare, orgue, batterie, chœurs)
- Mick Harvey (batterie, guitare, orgue, piano, basse, chœurs)


1. Tupelo
2. Say Goodbye To The Little Girl Tree
3. Train-long Suffering
4. Black Crow King
5. Knockin’ On Joe
6. Wanted Man
7. Blind Lemon Jefferson
8. The Six Strings That Drew Blood
9. Tupelo (single Version)



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod