Les Œuvres Pour Piano Et Orchestre ne sont pas ce qu’il y a de plus marquant chez CHOPIN, elles sont d’ailleurs très dévolues à son instrument soliste. Pour nourrir son inspiration, il puise dans les danses traditionnelles de la Pologne. Parmi celles-ci, il choisit la Krakowiak, le Kujawiak et la Polonaise. Le Mazur, lui, sera largement représenté dans la suite de son répertoire. Il est d’ailleurs courant à cette période d’apporter du virtuose sur des airs folkloriques.

Ces œuvres se situent dans les jeunes années du compositeur. Il les écrit entre 1827 et 1830 alors qu’il est étudiant à Varsovie. Si elles ne sont pas les plus emblématiques, elles marquent une première incursion, une ouverture timide vers des territoires prometteurs qu’il n’aura de cesse d’explorer et d’approfondir.

Le rideau s’ouvre sur le jeune CHOPIN, 19 ans, en août 1829, au Théâtre Impérial de Vienne. Il présente ses "Variations sur La Ci Darem La Mano" sur l’air de Don Giovanni de MOZART qu’il admire. Il s’agit de sa première œuvre concertante qu’il a composée deux ans plus tôt. La pièce explorant différents styles se compose de cinq variations qui se complexifient crescendo, entourées bout à bout d’une introduction et d’une coda.
L’orchestre n’intervient globalement qu’entre chaque variation, se faisant oublier derrière le piano. C’est une œuvre expressive et étonnante qui laisse entrevoir les prémices d’un imaginaire bien à lui. Elle suscitera plus tard l’intérêt de SCHUMANN qui en dira Chapeau, messieurs, un génie ! Chopin, je n’ai jamais entendu ce nom, en tout cas c’est un génie.

L’apprentissage de la composition se poursuit pour CHOPIN qui compose entre 1828 et 1830 la "Fantaisie Sur des Air Polonais opus 13" où flotte aussi l’influence de MOZART. Chacun des deux thèmes principaux a pour visage la Pologne. Le premier thème est inspiré d’une chanson populaire polonaise et le second s’ouvre sur une Kujawiak, une danse folklorique polonaise au rythme marqué. L’œuvre se fait alors éclatante. L’orchestre, très mélodique, mais dans l’ombre, se teinte d’un air désespéré et pesant et laisse éclater le piano virtuose et joyeux.

Le "Rondo À La Krakowiak" voit le jour en 1928 et incarne une danse vivante en deux temps. Elle est issue de la région de la Cracovie. L’introduction rêveuse et planante fait place à un thème gai au rythme très cadencé. Le piano est quasi omniprésent, un peu excessif. L’orchestre surgit par moment, comme en ponctuation, quasi baroque. Les cordes développent un joli thème, toutefois très vite effacé par le piano. Il s’agit tout de même d’un très joli rondo qui séduira immédiatement le public de CHOPIN.

La "Grande Polonaise Brillante opus 22" est précédée d’un "Andante Spianato" qui ouvre la pièce et introduit une polonaise qui s’inspire fortement des opéras italiens. C’est la composition la plus moderne. Elle est éclatante et laisse entrevoir le génie de CHOPIN. L’orchestre, comme toujours, se trouve éclipsé par sa majesté le piano mais il parvient tout de même à briller dans des instants lyriques sublimes. L’intensité est moindre que dans ces futures polonaises pour piano seul. On ressent quelques touches de pathos, mais elle laisse entrevoir le génie de CHOPIN, notamment lors d'un final éblouissant. Les crescendos, les changements de rythme ornés de notes subtiles et lyriques nous entraînent dans une danse prometteuse.

Ce sont des opus qui marquent le début du parcours de CHOPIN et aussi la fin de son écriture pour des œuvres pour piano et orchestre. S’il y a, dans son répertoire, des moments bien majeurs, elles témoignent, cependant, toutes de la singularité de CHOPIN où la maîtrise technique se conjugue à l’émotion musicale.