Paris Connection est un album un peu à part puisque Alec R. COSTANDINOS n’y a rien composé, se contentant d’être producteur – tel Giorgio MORODER sur Body Shine (1979). La moitié des compositions sont du fait du producteur Raymond Knehnetsky (cependant elles n’ont rien à voir avec le projet SATURNE EA 1) et l’autre moitié consiste en des reprises ("Eloise" de Brian & Paul Ryan, "You’ve Lost That Loving Feeling" et "Unchained Melody" toutes deux de The RIGHTEOUS BROTHERS). Le tout est enchaîné en deux suites de plus de quinze minutes.

Le principal problème de Paris Connection est sa débauche musicale disproportionnée. On a les filets de sole, on nappe de chocolat fondu, on ajoute du jus de pamplemousse, on arrose de stout, et à l’arrivée on a une gerbe monumentale. Vous me voyez peut-être venir, c’était exactement le problème de How Much, How Much I Love You paru plus tôt la même année. Sur ce dernier, la surcharge musicale cachait un effroyable vide d’inspiration. Paris Connection est pas loin d’être aussi grotesque, mais certains éléments le sauvent du désastre. L’album semble bien commencer: la reprise d’"Eloise", s’étant sur quasiment toute la première face, est introduite par une jolie rythmique mi-percussive mi-électronique, avec de beaux accords, avant l’arrivée explosive de l’orchestre et un refrain plein de paillettes électroniques, manifestement du Prophet 5, dans un style rappelant Joël FAJERMAN à la sauce Disco. Les premières minutes sont donc dynamiques et plutôt convaincantes. Malheureusement, passées les quatre premières minutes, le tout commence à s’enliser dans le facile et le mielleux… et la redondance, les phrases musicales du début étant répétées sans valeur ajoutée, tout le contraire des développements très réussis des deux morceaux de LOVE AND KISSES pour la BO de Thank God It’s Friday (1978). Heureusement que les soli de "K’s Theme", le petit thème original glissé au milieu, contrebalancent un peu tout cela.

La seconde face est un medley de quatre compositions, les deux reprises de The RIGHTEOUS BROTHERS, et les originales "Trident Suite" et "Landsdowne Suite". Les deux reprises ouvrent le bal et forment une introduction alimentaire mais pas mauvaise, vers ce qui s’avère le meilleur passage de l’album, "Trident Suite", riche de soli de guitare et d’orgue répondant parfaitement aux cordes, mais malheureusement trop court. Puis viennent dix minutes d’un vaste gloubi-boulga des deux reprises de The RIGHTEOUS BROTHERS et de "Landsdowne Suite", un bref pont aux percussions, mais le vrai thème dominant de ce medley est bien la reprise de "You’ve Lost That Loving Feeling", dont la répétition finit par, au choix, anesthésier ou taper sur les nerfs.

Alors voilà, pas besoin d’en dire plus pour cerner le problème de cet album : des thèmes à la fois trop ressassés et mal enchaînés, une structure illisible, et un orchestre qui passe la majorité de son temps à s’agiter dans tous les sens. Au moins, cette fois, ce n’est pas la faute de Alec.