Mark White ayant quitté le vaisseau alphabétique en 92, Stephen Fry se retrouve seul aux commandes de l’ex-fier paquebot de la new wave, aujourd’hui barcasse de fortune. Mais il lui est alors bien difficile de se renouveler et on voit que ce hiatus de 6 ans n’est pas une mince affaire pour rebondir. Est alors convoqué le collègue Glen Gregory de HEAVEN 17 pour aider sur un songwriting que Stephen souhaite en hommage aux ténors de la musique britannique, il nomme David BOWIE, ROXY MUSIC ou encore les SEX PISTOLS lors des interviews ce qui ne laisse pas de surprendre tant ABC a toujours été un des chantres de la mélodie. On ne peut que louer le retour à une pochette digne de ce nom, absolument splendide. Le septième album de ABC, nous y sommes !

Trois singles ! Le premier "Stranger Things" présente une mélodie assez basique. Les batteries monolithiques sont de la partie et rien ne semble devoir faire dévier les idées des cadros de la new wave de leur base. Au final, ce titre est d’une mollesse rare. "Skyscraping" tente à son tour d’attirer les oreilles des mélomanes de la décennie alternative. On voit mal comment cette musique pourrait plaire aux crasseux darkeux des nineties. Le piano est certes mignon et Stephen cabotine tout du long comme il sait si bien le faire, mais l’écart est grand avec les modes du moment. "Rolling Sevens" sort complètement du moule. Il est amusant d’entendre les gars de ABC tenter le coup du son de gratte plus distorsionné, on pourrait presque par instants penser à une vibration digne de BLUE OYSTER CULT dans l’approche mélodique et le thème science-fictionnaire. Ce titre qui a une certaine gueule nous éloigné du pré-carré de la New Wave. Très surprenant.

Cela dit, la gratte bien méchante et le chant à la BOWIE de "Ask A Thousand Times" nous replongent certes dans les eighties et le refrain est drôlement bien foutu. Et on ne s’arrête pas la. On retrouve cette grosse gratte sur "Seven Day Weekend".Toutes ces histoires de chiffres pour un groupe qui prone l’alphabétisme, c’est étonnant non ? "Faraway" porte en elle les élans pop de David BOWIE au début des seventies. Ce n’est pas désagréable mais ne possède pas l’abattage des compos du Thin white duke. Mais voyez donc ! Nous avons bien une petite rythmique punk sur 'Love Is Its Own Reward" - c’est vraiment surprenant de la part des gars de ABC – le résultat se laisse écouter, il y a même un peu de STRANGLERS là-dedans.ça alors ! De là à évoquer les SEX PISTOLS il y a un pas - ou un océan – que je ne franchirai pas !

On retrouve ensuite effectivement les tics de Bryan FERRY sur "Only The Best Will I Do", ces répétitions au clavier avec l’emphase vocale de l’art rock, c’est du ROXY MUSIC dans le texte. "Heaven Knows" semble sorti du même moule avec son sax statique et ses effets un peu cheap. Rappelons qu’à la même époque David BOWIE est en pleine reconsidération de son art avec Trent REZNOR de NINE INCH NAILS. Certains avancent, d’autres stagnent… Avec "Who Can I Turn To", on revient vers la chialante new wave de nos chères années d’adolescence, il y certes un petit côté grotesque et les arrangements sont parfois limites. Enfin, "Light Years" a pourtant tout d’une saine évolution, un état d’esprit alternatif et un son bien ancré dans les nineties, même si cela reste light comme son nom l’indique.

Mais oui, mesdames et messieurs, c’est un petit rebond pour Stephen Fry et son bébé ABC que ce septième opus ! On est plutôt fans de cette tentative de rendre hommage aux grandes influences du Sheffield. Bien sûr, l’aide des camarades n’est pas à sous-estimer, mais permet au groupe de surnager malgré une époque extrêmement défavorable. C’est un joli trois pour les ex-pontes de la new wave.