Onze ans ! Onze longues années sans nouvelles de la part des kings de l’alphabet. Et les gars se pointent d’un coup la bouche en coeur avec pour pochette d’album une « image » qui fait la nique aux pires agences immobilières de l’hexagone. Comment est-ce seulement possible ? D’accord, les new waveux n’ont jamais été des kings pour le look des pochettes, mais là alors ça frise le seppuku avant écoute, non ? Cela dit, c’est la grosse fête du slip puisque nous assistons tout excités au retour de David Palmer, le batteur originel, qui cosigne tous les titres. Il s’agit du seulement huitième opus des ABC, je sais, yen a qui se foulent guère !

L’opus s’ouvre sur le titre éponyme, la jolie chialante "Minus Love". Stephen Fry y fait la preuve de son talent vocal et d’un attrait évident pour la blue eyed soul. Un joli titre qui positionne la mélodie au centre des débats, c’est de bon augure pour la suite. On continue dans les influences soul avec "Validation" ou Stephen paraît tout de même moins à son aise, tout le monde n’est pas Annie LENNOX ou Alison MOYET. Du coup, l’identité tourne à la pop proprette, malgré des choeurs dignes d’une église de Harlem. Un petit esprit funky traîne sa carcasse sur "Fugitives", une wah wah et un rythme trépidant que le grand Isaac HAYES n’aurait pas reniés.

Et d’un coup comme ça, on se croirait revenu aux plus belles heures des eighties avec "Lose Yourself". Le titre s’écoule bien et est marqué par un joli solo de gratte en mode slide, chose rare dans la new wave, croyez-moi ! Et puis écoutez donc ce beat de synthés sur "Way Back When," sérieux ! Même quand il cause de la musique du passé, Stephen sonne new wave, rien à faire ! "The Very First Tim" colle à merveille aux gimmicks habituellement véhiculés par ABC, ceci éclairera votre ex-visage d’ado pour ceusses qui connaissent. Piano et claviers s’entrechoquent sur un "Love Is Strong" qui rappelle quelque peu des ambiances à la DURAN DURAN, très agréable au demeurant, on sent que Stephen a pris plaisir à enregistrer ce titre.

Les sequencers prennent le pouvoir de "Ride" et donnent à cette compo une forme plus alternative et donc moderne, on ne va pas s’en plaindre. La puissance dégagée est tout à fait rafraîchissante ! Un solo de gratte distorsionné à nouveau étonnant pour ce qui est probablement le titre le plus ambitieux de cette galette. On va apprécier cette gratte qui doit beaucoup au Gunbarrel de John BARRY sur "Life Shapes You". Le refrain penche plus vers la pop un brin froide, mais allez, on est contents, un peu d’agressivité fait toujours plaisir ! "One Way Traffic" propose quelques sonorités cuivrés à la MADNESS et une gratte que le grand Chris Forman aimerait avoir tenue. Enfin, "16 seconds to Choose" se présente comme un rock presque hard avec une belle énergie.

Et bien et bien ! Nous voici surpris par la qualité de cet opus qui a le mérite de proposer de la qualité comparable à celle des meilleures époques du groupe soit ne traînons pas le début des années 80. C’est toutefois avec le titre "Ride" que Fry et ses sbires tiennent une piste conséquente pour éventuellement aller pêcher de nouveaux fans et ne plus apparaître comme un looser kitsch du passé. Je suis sur un 3,5 méritant pour nos vieux briscards de la new wave.