Sheffield, début des eighties... C'est le moment où les membres du groupe VICE VERSA sont interviewés par Martin Fry pour un fanzine. Le courant passe bien et le voilà comme claviériste puis chanteur, ça allait vite à cette époque ! Le single "Tears Are Not Enough" sort et provoque un premier buzz autour du groupe qui s'est rebaptisé ABC. Nous sommes en juin 82 lorsque sort leur premier album. La New wave n'en est pas à ses premiers pas, mais un son nouveau va naître. A cette époque, finalement éloignée des premiers ULTRAVOX ou TALKING HEADS, la musique évolue et pour le chanteur Martin Fry, il s'agit d'un mélange de punk et de disco, l'analogie n'est pas si bête !

"Tears Are Not Enough" était donc le premier single sorti par le groupe un an auparavant, le revoilà avec son ambiance si spécifique. Je n'en suis pas particulièrement fan mais il convient de l'évoquer, c'est le premier ! C'est une basse nucléaire qui drive le titre introductif "Show Me", des synthés scintillants, le ton détaché et langoureux de Fry, voilà les premiers ingrédients d'ABC, qui impose une patte symbolique pour les années à venir et dont les DURAN DURAN et A-HA seront les porte-étendards.

Trois autre singles seront de la partie : "Poison Arrow" est le premier single extrait de cet opus. Tous les trademarks sont de la partie, et les ados vont adorer ce beat simpliste et cette basse galopante, cette batterie en carton, avec les brushing tout y est ! D'un point de vue mélodique, on n'est pas au sommet des standards du groupe, mais on atteint tout de même la 6eme place du billboard, un sacré début. Un sommet est toutefois atteint avec le suivant "The Look Of Love" et sa vidéo à la Mary Poppins, j'en ai des souvenirs d'adolescence émus, un des premiers titres que j'ai enregistrés en cassette... Ouais K7 les gars, ça revient à la mode non !! Bref, une petite merveille.

ABC est donc à la pointe de la mode d'alors et cet ABC de l'amour va être un énorme succès outre manche en atteignant la première place des ventes. La musique est simple mais les sons sont alors sophistiqués, des mélodies catchy et dansantes, une recette toute simple ! Il faut rajouter que le boulot à la console de Trevor HORN est de tout premier ordre, c'était le son d'alors ! Le dernier single est "All Of My Heart", qui est plus poppy, un brin mollasson même, mais dont le lick de piano est resté vivace longtemps dans mon esprit. Ce n'est donc pas par la force de ses singles, excepté le superbe "The Look Of Love" que ce disque me laisse un souvenir de si belle allure. Et non, il nous faut aller farfouiller pour extraire la quintessence de cet opus !

Mais on la trouve allez ! Pas de suspense ! Mon favori est de très loin le sublime "Valentines Day", un chef œuvre de new wave comme je les comprends ! L'instrumentation statique du départ laisse la place à une montée en puissance phénoménale sur les couplets où la voix de Martin suit les claviers avec une complicité unique ! Des passages stoïques suivis par des montées énormes, voilà comment marche ce titre que je place au panthéon des eighties ! Je recommande aussi très chaudement "Ever 2 gether" et son atmosphère glaciale, sa basse tressautante digne de Mark King jusqu'au refrain épique !

Tout ceci concourt à faire du premier album des ABC un moment symbolique du début des années quatre-vingt. Plusieurs titres sont carrément supérieurs. Le son, déjà abouti, est superbe et tellement kitsch aux oreilles d'aujourd'hui ! Pour un essai, c''est un coup de maître que réalisent les gars de Sheffield sur ce lexicon qui mérite clairement sa place de classique dans les grands de la new wave ! L'instant était beau, je m'en souviens fort bien, merci ABC !