Comme le temps passe. Nos idoles des eighties paraissent aujourd’hui des grands-parents ; j’ai débuté avec "The Look Of Love" mes années de découverte musicale, et ce souvenir s’inscrit en belles lettres de platine dans mon esprit. Donc s’attaquer au successeur de l’opus fondateur du culte alphabétique ça a du sens ! Alors pour faire encore plus vrai, on reprend le thème de la couverture de 83 et on la travaille en rajoutant un Stephen Fry derrière le couple vedette d’alors… Il fallait assumer ce temps qui passe, c’est chose faite, et quelle jolie brunette ! Il s’agit du neuvième et dernier opus en date de ABC, icône de la new wave, on note que Anne DUDLEY, ex tête pensante des ART OF NOISE, est de la partie pour embellir les compositions de ses arrangements classiques.

Les choses démarrent de manière très alphabétique avec "The Flames Of Desire", tout est là, les cordes racoleuses et le ton si british de Mr Fry, la simplicité des rythmiques nous ramènent directement au milieu des eighties, tout ceci est plein de nonchalance et de bonne humeur, on est pas là pour refaire le monde, c’est une certitude. Quant à moi, cela ma rappelle certains émois au cinéma à attendre de voir la suite d’un film plein d’espoirs ! "Viva Love" se présente comme le titre de gloire de cet opus, jusqu’au titre du morceau qui remet immédiatement l’amour au centre des débats. Une certaine dynamique malgré la douceur de l’orchestration mise en place par Anne DUDLEY. Fry en fait des tonnes mais c’est aussi son fond de commerce.

Alors, les chialantes sont de la partie comme il se doit… Nous naviguons en eaux connues sur "Ten Below Zero" avec des arrangements qui dégoulinent de sucre et un Stephen Fry qui se rappelle à notre bon souvenir de jeune premier de la New Wave… Sauf que bien des années ont passé… déjà pas si évident pour des oreilles habituées aux sons en carton des années concernées, je vous parle pas de celles d’aujourd’hui ! Piano et claquement de doigts de rigueur pour "Kiss Me Goodbye", on apprécie ce petit rythme polisson, l’orchestration en fait sans doute un brin trop à mon goût, mais on reste dans une veine proche de SPANDAU BALLET. "Confessions Of A Fool" risque fort de vous endormir et la répétition de "Fool" a tendance à me les briser, c’est dommage… A nouveau, les aspects répétitifs de "The Ship Of The Seasick" ont une fâcheuse tendance à laisser l’auditeur hors de la composition, qui ne brille pas par son originalité.

Je suis plus sensible à la mélodie de "Singer Not The Song", qui nous replonge dans les grandes heures où la new wave menait le monde, on croyait encore à un monde meilleur et à une certaine superficialité des choses de la vie. "I Believe In Love" est un superbe titre qui parvient à proposer plusieurs éléments probants, une basse galopante, une guitare alternative puis hispanisante, un rythme tantôt exotique tantôt ensoleillé, on est gâté avec ce morceau à l’ambiance qui rappelle aussi James Bond par moment.

Deux titres sont le fruit de la collaboration entre Stephen et Anne DUDLEY : nous débutons par "The Love Inside The Love", drivé par un piano de belle tenue, les cordes retentissent avec emphase et donnent au titre un look toujours plus esthétique. La mélodie est terrible et nous éloigne de moult coudées de la new wave uniquement symbolisée par la voix du chanteur. Le bridge conçut par Anne est de toute beauté, un véritable enchantement. Il s’agit de loin du titre de l’opus. "Brighter Than The Sun" nous fait cela dit retomber sur terre, un mid tempo avec peu de ressort et d’originalité.

On a bien faillit y parvenir… réitérer l’exploit du premier album de ABC ! Hélas l’opus est à moitié rempli, les chansons réussies sont belles, incisives, et bénéficient d’une créativité dopée par les arrangements de Anne DUDLEY comme c’est le cas pour la fabuleuse "The Love Inside The Love". Hélas, l’autre moitié de l’album est toute pâlichonne à côté, et cela rend impossible l’accession à la note supérieure. Je reste donc sur un trois totalement déséquilibré pour la - pour l’instant - dernière œuvre de ABC.