Le Punk-Rock celtique est en Amérique du Nord ce que la variété daubesque est chez nous : une institution. Descendants ou non des peuplades irlandaises, écossaises, galloises, etc. ayant émigré vers la Terre Promise pour fuir les persécutions anglaises, nombre d'artistes rendent aujourd'hui hommage aux sept royaumes celtiques. Usant (parfois à outrance) d'instruments traditionnels tels que le bodhran ou la cornemuse, ces groupes soutiennent leur propos par le biais d'un Punk-Rock fort peu original mais leur permettant de séduire une audience souvent jeune et en quête de nouveauté dans un genre qui a à peu près tout dit.

Contrairement aux FLOGGING MOLLY et DROPKICK MURPHYS, fers de lance d'un Punk celtique américain flamboyant, les REAL MCKENZIES sont originaires de Vancouver, Canada. Après avoir longtemps fait leurs armes dans des petits club locaux, les huit membres du combo sont aujourd'hui considérés comme un groupe incontournable d'une scène ne cessant de grossir et trouvant principalement un écho de ce côté-ci de l'Atlantique.

N'y allons pas par quatre chemins. Off the Leash, le septième album du combo, est sans doute ce que le Punk celtique a produit de mieux ces dernières années. Toutes guitares électriques et cornemuses dehors, celui-ci débute par le tube en puissance qu'est « Chip », dont le riff et surtout le refrain font, depuis la sortie de l'album, d'énormes dégâts en concert. Que les puristes du style ne cherchent pas en THE REAL MCKENZIES un nouveau RANCID ou NOFX. Épuré et édulcoré, le Punk-Rock des Canadiens se veut très fun et mélodique. Loin des préoccupations politiques et sociales des groupes précités, THE REAL MCKENZIES a pour simple objectif de produire des compos efficaces, quitte à négliger les paroles, souvent légères. Sorte d'OFFSPRING avec binious, le groupe nous propose des compos persistantes et provoquant une irrépressible envie d'entrer dans la danse.

Le premier tiers de l'album rassemble les meilleures compositions de cet opus. Outre « Chip », mentionné plus haut et qui vaut à lui seul le fait de se procurer cet album, le groupe se fait plaisir et nous fait plaisir avec « The Lads ou Fought and One », petit brûlot joué au plancher et doté d'un break intéressant, n'hésitant pas à mettre en retrait la cornemuse pour laisser s'exprimer une guitare électrique au son irréprochable et au feeling remarquable.

« The ballad of Greyfriar's Bobby », titre qui lui succède, vaut également son pesant de cacahuète. Morceau narrant l'histoire du chien Bobby, dont on dit qu'il passa 14 ans à garder la tombe de son maître dans un cimetière de la ville d'Edimbourg, tranche par des couplets très « groovy » opposés à un refrain dans la plus pure tradition Punk-Rock américaine.

Bien que plus répétitif, le reste de l'album parvient néanmoins à conserver jusqu'au bout l'intérêt de l'auditeur grâce à quelques expérimentations timides, le groupe n'hésitant pas à lorgner vers une Country Rock à la Johnny CASH (« The Maple Trees Remember »), ou faisant intervenir des guitares acoustiques sur un « Guy on Stage » malgré tout plutôt anecdotique. Et que dire de « Anyone Else », titre le plus rapide et le plus énervé de l'album, qui évoque un MOTÖRHEAD sur-vitaminé ?

En un peu moins de 40 minutes, THE REAL MCKENZIES offre un concentré de Punk-Rock celtique de fort belle facture, qui comblera sans peine tous les amateurs du genre. Œuvrant dans un mélange des genres tant musical que personnel (le look des membres du groupe tenant autant du biker américain que du highlander écossais), le groupe est devenu en quelques années un incontournable. Off the Leash en est la meilleure preuve !