La naissance des REAL MCKENZIES est une histoire de paradoxe. Fils d'Ecossais émigrés au Canada, Paul McKenzie est élevé dans la plus pure tradition celtique et se voit contraint de se plier à moult règles n'ayant que peu de sens pour un adolescent en recherche d'intégration. Ainsi, c'est en réaction à cette éducation que le jeune artiste décide de fonder un groupe dans lequel kilt et cornemuse seraient au service d'un punk débridé et inspiré par la première vague du mouvement né dans les années 70. En déstructurant les symboles et emblèmes celtiques pour les fondre dans un moule punk-rock, Paul McKenzie n'invente pas la roue, les Pogues ayant notamment participé à la naissance du mouvement punk-rock celtique des années 80. Mais se faisant bien plus radical que ces derniers, THE REAL MCKENZIES se transforme ainsi en porte-drapeau d'un style en plein boom et à la recherche de figures emblématiques, tout du moins de l'autre côté de l'Atlantique. Preuve principale de l'aspect punk prépondérant dans sa musique, le groupe a plus souvent partagé la scène avec des groupes comme Rancid, NOFX ou The Misfits qu'avec Flogging Molly et consorts.

Très court, ce premier album éponyme permet au groupe de poser les bases de sa musique. Après trois ans de tâtonnement, Paul McKenzie dispose enfin de partenaires de confiance en la personne de The Bone (guitare), Kurt « Dirty » Robertson (guitare), Matt MacNasty (cornemuse), Jamie Fawkes (basse) et Brad Attitude (batterie). Le sextet offre ainsi un premier essai dense et débordant d'énergie. Ne dépassant pas la demi-heure, The Real McKenzies est une collection approximative de brûlots punk celtique violents et encore peu maîtrisés. Tous les éléments, au service d'une énergie brute et débordante, se combinent de manière plus ou moins anarchique pour un résultat aux allures de fourre-tout. Le chant rugueux et monocorde de Paul McKenzie, les guitares alignant les riffs plaqués à un rythme effréné dans la plus pure tradition punk des années 70 et la cornemuse audacieuse participent à la construction d'une identité totalement tournée vers le folklore écossais. Symbole de l'originalité du groupe, THE REAL MCKENZIES signe la première reprise punk de traditionnel écossais « Loch Lomond », popularisé par Runrig à la fin des années 70. Cette adaptation constitue de toute évidence le meilleur moment de cet opus, par ailleurs handicapé par quelques défauts de jeunesse. Ironique ou sincère, « Raise yer Glass » se veut une bien pataude et lourde déclaration d'amour alcoolisée à l'Ecosse. « Outta Scotch », reprise des Pointed Sticks, pêche par une débauche d'énergie mal maîtrisée, alors que « Kilt » souffre de l'absence de cornemuse, dénuant le groupe de toute originalité et véritable raison d'être.

Certains titres valent néanmoins le détour. C'est le cas du mélodique « Skye Boat Song » (doté d'une ligne de cornemuse persistante), « Sweaney Bean Clan «  (aux allures folk, soutenu par des guitares acoustiques en faisant un excellent morceau pub-rock) ou « Scottish and Proud » (décidément, l'ironie n'est pas loin), doté d'un refrain imparable et d'un break rageur, véritable leçon de punk.

Avec son premier album éponyme, THE REAL MCKENZIES pose les bases d'une musique enragée et novatrice, encore trop fragile et approximative pour être réellement convaincante. La suite s'avèrera, par chance, bien meilleure.