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I MUVRINI - Noi (1993)
Par MARCO STIVELL le 5 Octobre 2010          Consultée 6304 fois

Bon. Aloooooors... Par où commencer ? Noi ça veut dire "nous", aussi bien en corse qu'en italien, de ce côté-là je ne vous apprendrai surement pas grand-chose. Noi, c'est un des disques les plus importants de la carrière du groupe en partie car c'est celui qui voit l'arrivée de certains de ses collaborateurs musicaux les plus précieux (Régis Gizavo, Gilles Chabenat, Stéphane Vera), d'autre part parce que la musique atteint un sommet de perfection musicale "à peine" effleuré sur les trois albums précédents. Enfin Noi, c'est... le meilleur ? D'un point de vue personnel je peine à le reconnaître, mais de façon objective... Argh que c'est dur, et en même temps ça devrait pas l'être. Dieu que la vie est compliquée des fois !

C'est qu'en fait, ce disque a tout pour figurer comme le meilleur, ou au moins parmi les meilleurs disques du groupe toutes périodes confondues et qui se suivent. Et c'est pour ça que j'ai du mal à le pointer lui plutôt que les autres, parce qu'il démarre un cycle d'une dizaine d'années regroupant une poignée d'albums tous aussi sensationnels les uns que les autres, d'une qualité que je considère comme étant irréprochable, rien de moins et c'est dit sur un ton hyper-assuré (là pour le coup !). Assuré et assurant ! Oui, vous pouvez y aller, amis (si je puis dire) musicophiles qui avez une idée menue de la musique du groupe, ou vous - qui n'êtes pas mes amis, mouahaha - qui vous faites des a-prioris et ne vous souciez guère que votre avis soit trop méchant. Ce disque est fait pour vous, pour n'importe qui, pour ceux qui adorent le groupe, pour tout le monde en fait ! Vous allez trouver que je m'enflamme, mais figurez-vous que je suis très calme, et que j'essaie de contenir justement toute la joie qui m'envahit rien qu'à l'idée d'être arrivé à ces quatre albums...

Noi constitue le premier volet d'une sorte de diptyque présentant deux lots de chansons qui n'ont rien à voir entre eux, si ce n'est le fait qu'ils ont été tous deux enregistrés avec l'aide du producteur danois Mads NILSSON. Celui-ci (je ne sais pas si il est le seul) a réussi à insuffler une certaine froideur qui n'a rien à voir avec les autres productions comme celles des années 80. Non là, c'est tout un climat qui se développe. C'est... comment dire... hivernal. Avec tous les superlatifs qui suivent bien sûr. Noi c'est aussi l'album parmi toute la discographie du groupe qui pourrait faire penser à un concept-album sans en être un. Les morceaux sont faits, présentés, disposés de telle manière qu'on pourrait penser que c'est un concept... Mais non.

Je dis cela, en particulier parce que je pense au début et à la fin de Noi. Le début, c'est "Anu Lasciatu" et "Oghje Si Tu". La fin, c'est "Anu Tombu". Il faut bien concevoir l'idée que la première et la dernière ont tout de la forme d'ouverture et de conclusion d'un album conceptuel. "Anu Lasciatu", avec la froideur de la vague de synthé conjuguée aux hammers et pull-offs (techniques de jeu) à la guitare électrique, ainsi qu'au thème ondulant de vielle à roue et au "battement de coeur" de la grosse caisse, ça a tout pour faire penser à un genre de Pink Floyd corse moderne. Bon ok, je dis ça juste parce que l'intro me fait penser à celle de "Shine On You Crazy Diamond", mais il n'y a aucun rapprochement possible avec la musique de David Gilmour et ses amis, si ce n'est pour ici un sens aigu des ambiances. La voix d'Alain avec ses multiples "riccucate" (technique vocale cette fois, merci Eric pour le terme) ne sera pas au goût de tout le monde, mais le morceau prend tout son sens lorsque c'est Jean-François qui commence à chanter. Les notes coulées de fausse harpe sont une riche idée, et l'enchaînement avec "Oghje Si Tu" est très simple et juste perceptible, mais très réussi. Quant à "Anu Tombu", moins spectaculaire que le premier titre, il se révèle tel un "au revoir" avec un texte sombre et juste une nappe de synthé conclusive sur laquelle viennent se greffer les voix dans le lointain, et un grondement de tonnerre qui fait penser à un tomber de rideau.

Et encore, personnellement je trouve qu'aussi bons soient ces titres, surtout le premier sur sa fin, le reste est encore bien supérieur. Il n'y a que de super chansons, que de super bonnes idées musicales... On commence avec "Oghje Si Tù", qui nous met à terre de suite avec son arpège de cetera (cousine de la guitare en corse), son petit rythme au charleston (la double cymbale de la batterie), sa nappe qui s'affine entre les couplets et l'apparition du royal accordéon... Le refrain final, avec les petites incursions de cornemuse, est aussi puissant que mémorable. "A Mare Bellu", une des rares chansons de I MUVRINI au tempo rapide, en plus d'avoir un enchaînement couplets-refrains toujours efficace, est superbement agrémentée d'un zeste de percussions, accordéon et vielle à roue. On continue avec "Vole Campà", une des chansons les plus méconnues de cet album, sans doute car elle n'a pas (ou peu) été jouée live, ce qui pourrait se comprendre car elle repose beaucoup sur la présence du choeur gospel. D'autre part, les petites subtilités aux percussions et au piano (le frottement des cordes au début), la petite fausse flûte de pan, tout ça ce sont toujours d'excellentes idées. "Tu Mi Dai a Manu", contient de superbes parties de guitare classique et d'accordéon - imaginez l'intro, aux côtés d'un feu de cheminée un jour de pluie - ainsi qu'un final inédit, plus orienté tango. Quant à "Quandu", il est l'un de ces morceaux qui contiennent les ambiances les plus fortes, principalement grâce aux nappes, à la cetera, aux fausses flûtes... Sans toutefois manquer le solo de vielle à roue. Et tout ça, vocalement, c'est de haute volée. On se pose un peu avec "Amori", une ballade au piano électrique "bleu(e)", sublime du début à la fin même si reposant sur un enchaînement d'accords simplistes et avec des paroles qui ne le sont pas moins. Comme quoi il n'y a pas besoin de faire compliqué pour rendre quelque chose beau.

"Di Biancu e Di Moru" marque l'unique autre participation du choeur gospel de Copenhague et vaut bien un "Vole Campà", avec cette fois un accent mis sur la cornemuse et la batterie. Autre morceau de choix, haut en couleurs à la fois froides du côté musique et chaudes du côté vocal, un vrai cocktail d'âme humaine distillée. Le groupe calme encore un peu le jeu ensuite sur "A Sculuccia" qui, avec toujours l'instrument dieu que l'on appelle la nappe de synthétiseur, met bien en valeur la belle voix d'Alain avec un peu de vielle et de cetera, pour une jolie histoire de petite école (traduction du titre). J'aime particulièrement le vers "Ci hè sempre una operazione scritta à bianca calcinella" (mot à mot : "il y a toujours une opération écrite en blanc au tableau"). "U Sole d'Aprile" mettra du baume au coeur des fans de pop-rock, avec un rythme élancé et une mélodie lumineuse, le tout conduit par la batterie et un accordéon festif. On notera aussi le jeu de cornemuse qui se fait à la fois légèrement rythmique et hyper-mélodique. "Lode Di U Sepolcru" est le moment "traditionnel" du disque, plutôt solennel et permettant de découvrir ce bijou de morceau "sacré" qui trouve à mon sens mieux sa place sur Noi que sur Anu Da Vultà. Et on termine en beauté avec last but not least (at all), "Un Possu Piu" avec sa forte rythmique rock, sa guitare électrique et sa cornemuse mordantes, et son refrain - où les choeurs sont redoublés - plus que mémorable : "Vai, vai, vai ci tu. Eo, eo, eo un possu piu..." (approximativement "Vas y, moi je ne peux plus."). C'est la dernière vraie chanson de l'album, et on ne pouvait espérer meilleure fin.

Assurément on tient là le fin du fin, la crème de la crème, le must du must parmi tout ce que le groupe a pu produire jusqu'alors, essentiellement grâce aux talents de compositeur pour Jean-François BERNARDINI, d'arrangeur pour Jean-Bernard Rongiconi. Ce n'est sans doute pas le meilleur album pour commencer, ni pour finir d'ailleurs, son parcours avec le groupe. En fait c'est le meilleur tout court... CLAC ! Aïe ! Oh zut ça me reprend... Bon, la suite au prochain épisode !

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   MARCO STIVELL

 
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- Alain Bernardini (chant)
- Jean-françois Bernardini (chant)
- Jean-charles Adami (chant)
- Serge Luciani (chant)
- Martin Vadella (chant)
- Jean-bernard Rongiconi (guitares, cetera)
- Eric Ferrari (basses)
- Stéphane Vera (batterie)
- Martin Kaersa (piano, claviers)
- Régis Gizavo (accordéon)
- Gilles Chabenat (vielle à roue)
- Jacob Andersen (percussions)
- Bruno Le Rouzic (cornemuses)
- The Copenhagen Gospel Voices Of Joy


1. Anu Lasciatu
2. Oghje Si Tu
3. A Mare Bellu
4. Vole Campà
5. Tu Mi Dai A Manu
6. Quandu
7. Amori
8. Di Biancu E Di Moru
9. A Sculuccia
10. U Sole D'aprile
11. Lode Di U Sepolcru
12. Un Possu Piu
13. Anu Tombu



             



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