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CAMEL - The Single Factor (1982)
Par MARCO STIVELL le 19 Décembre 2010          Consultée 5002 fois

Nude avait beau être un sacré chef-d'oeuvre (ou un chef-d'oeuvre sacré), il s'est soldé par un nouvel échec commercial. Arrive ainsi The Single Factor, considéré habituellement comme l’album de la facilité, l’album commercial. Toutes ces bêtises... Replaçons un peu le contexte : à la fin de la tournée 81, entre le départ (provisoire) de Colin Bass et la blessure d’Andy Ward, on peut dire que l’image du "vieux" CAMEL se désagrège de plus en plus. Andy Latimer se retrouve donc seul à tout gérer, et aussi à supporter la pression de plus en plus forte émanant de la maison de disques (Decca) qui pousse le leader du groupe à écrire plus de tubes. Le nouvel album joue alors sur une ambivalence, puisqu’à côté de ça, Andy s’entoure de nouveaux musiciens : pêle-mêle, les écossais David Paton et Chris Rainbow issus de ALAN PARSONS PROJECT ; Graham Jarvis (FAIRPORT CONVENTION), Anthony Phillips (ex-GENESIS). Des gens qui n’avaient pas ou peu grand-chose à voir avec la musique de CAMEL (y compris Phillips qui faisait de la musique électro ou acoustique à l'époque), mais Andy se soumet un défi, celui d’employer ces musiciens en faisant en sorte que par leurs participations respectives, ils perpétuent au mieux le 'son CAMEL', qu'ils puissent faire en sorte que le résultat s’en approche le plus possible.

Tubes obligatoires, à la recherche du bon single (d’où le titre de l’album), et musiciens venus d’autres horizons destinés à faire du CAMEL. Pari risqué donc. Est-ce que cela fait de The Single Factor un album inintéréssant, facile, raté ? Pas le moins du monde, je me permets même de recommander chaudement ce disque à tout amateur de pop de cette époque surtout, cela va de soi, encore que le son des années 80 soit encore quelque peu sous-jacent, et il n'y a pas de comparaison avec les albums précédents qui tienne. D'autre part, quand je dis que depuis Nude, le groupe n’a plus sorti que des grands disques, j’englobe tous les disques sortis depuis lors jusqu’à de nos jours, et celui-là aussi bien évidemment. Des tubes, bien sûr, mais pas que ça. CAMEL reste fidèle à lui-même en délivrant des petites perles instrumentales qui arrivent elles-mêmes à garder un format de chansons.

La première face s’ouvre avec deux chansons tubesques et hyper joyeuses ("No Easy Answer" et "You Are the One"), et l’on remarque dès lors un certain progrès du chant d’Andy. Bref, tubes forcés peut-être, mais le leader du groupe y a mis beaucoup de cœur et de bonne humeur, il est plutôt normal de le ressentir ainsi. Petite précision quand même, dans les membres importants de CAMEL depuis à peine un an, il convient aussi de parler de quelqu’un, ou plutôt quelqu’une, qui occupe un poste important : Susan Hoover, accessoirement Mme Susan Latimer, qui avait commencé à écrire des paroles sur Nude, mais vu que l’album était surtout instrumental, on peut vraiment dire que The Single Factor est la première réelle œuvre du couple Hoover-Latimer, même si Andy s’est réservé l’écriture des textes de "Lullaby" et des deux premières chansons évoquées ci-dessus. Arrive ensuite "Heroes", petite perle classisante et plus dramatique, interprétée par l’une des nouvelles voix de CAMEL : le bassiste David Paton. Voix un peu perçante mais profonde comme la chanson et qui passe mieux au fil des écoutes. Encore un tube potentiel sorti en single, mais bon, vous vous doutez bien de la suite. Après ce genre de tonalités, on attend soit un morceau joyeux, soit dans la continuité, et c’est ce dernier critère qu’Andy a choisi : "Selva" est un instrumental mélancolique sur lequel nappes de synthé (par Duncan Mackay), guitare classique (Ant) et guitare électrique (Andy) forment un délicieux mélange velouté. La première face se clôt avec un duo piano-voix, joli petit interlude.

La seconde commence avec un morceau si réussi qu’il mérite un paragraphe à lui seul. Voilà le genre de morceau qui ne paie pas de mine, progressif, avec une structure en chanson, sur lequel les instruments se lâchent sans se prendre au sérieux. Ca me rappelle un peu le "Thick as a Brick" de JETHRO TULL en plus simple et sage, plus 'formaté' mais tout aussi jubilatoire. Et pour la première (et seule) fois dans l’histoire de CAMEL, on remarque une sorte de supergroupe au milieu de tout le reste. Visez un peu : Andy Latimer (guitare électrique), David Paton (basse), Anthony Phillips (guitare 12 cordes), Simon Phillips (batterie) et Peter Bardens qui, pas rancunier pour un sou (voilà encore un point commun avec GENESIS : la plupart des membres passés sont restés en très bons termes avec les autres), vient apporter sa petite contribution. Tout un groupe, un ensemble d’instruments magiques pour une pièce certes légère ("Sasquatch" donc), humoristique (ce titre est relatif à un délire sur les pieds d’Andy, aussi gros que ceux du yéti), mais complètement réjouissant. Ah, cette arpège de 12 cordes, ces guitares électriques et ces claviers délirants, cette rythmique solide ! Sans parler des mini-ponts qui font encore plus monter la sauce. Bref, je n’ose imaginer ce qu’aurait donné un album entier avec cette formation-là en ajoutant pourquoi pas Chris Rainbow pour les chansons éventuelles.

Le reste de la seconde face n’est peut-être pas entièrement aussi tape-à-l’oreille, mais reste tout aussi marquant après que l'on y est revenu. Le sombre pour ne pas dire torturé "Manic" décoiffe assez avec son avalanche de synthétiseurs, ces bruits éléctroniques dans tous les sens (n’est pas Francis Monkman qui veut), et une fin totalement différente, avec le doux glockenspiel de Tristan Fry (qui a joué avec Nick DRAKE, entre autres). "Camelogue", chanson plus pépère, peut passer facilement inaperçue au milieu du reste (j’en ai fait les frais), mais super bien réalisée. Elle rejoint la convivialité des débuts du disque, de même "Today’s Goodbye" qui aurait vraiment mérité d’être un tube. Ces chœurs, ces nappes d’orgue, puis cet air joyeux et optimiste, tout pour redonner le sourire. On finit avec l'enchaînement "A Heart’s Desire" / "End Peace". La première offre la voix de Chris Rainbow joliment accompagnée d’un petit accordéon, et là messieurs mesdames vous avez dans les oreilles la voix du chanteur le plus 'professionnel' et le plus admirable que CAMEL ait jamais eu. "End Peace" est le seul morceau co-composé par Andy et Ant, une petite merveille de rêverie avec nappes de claviers voluptueuses, voire cristallines sur le final.

Andy et Ant ont, paraît-il, donné ensemble naissance à un bon petit paquet de matériel, mais Andy n’a gardé que ce "End Peace", ce qui n'est tout de même déjà pas mal. Simplement un tel travail, avec ces deux musiciens hors-pairs ne doit pas être oublié (pas plus que ce qui est paru ne doit l'être…), et l'on peut espérer vivement voir un jour sortir un coffret de CAMEL avec tous ces inédits. Album magnifique, 'facile' en apparence, mais rempli à ras-bord de belles idées et de beaux arrangements, sans parler des grandes qualités textuelles et musicales d’un bout à l’autre. Si l'on hésite à regarder vers le passé et à dire que l’objectif du son CAMEL a été atteint ou non, ce qui est sûr, c’est que tous les musiciens présents donnent beaucoup d’âme et de force à l’ensemble, notamment les Paton, Jarvis, Rainbow et, bien sûr, Ant qui se révèle une nouvelle fois un musicien de studio polyvalent et idéal, tout comme pour le Smallcreep’s Day de Mike Rutherford (1980, voir chronique). Quant aux tubes, les deux tiers de l’album, y compris l'instrumental "Sasquatch" auraient mérité de passer à la radio, mais bon, c’est avec regret que l'on constate que le monde musical délaisse ce genre de disque.

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   MARCO STIVELL

 
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- Andy Latimer (chant, guitares, piano, claviers, basse, mellotron)
- Graham Jarvis (batterie)
- David Paton (basse, basse fretless, chant, chœurs)
- Chris Rainbow (chœurs, chant)
- Dave Mattacks (batterie)
- Haydn Bendall (synthétiseur yamaha cs80)
- Duncan Mackay (synthétiseur prophet)
- Anthony Phillips (piano, orgue, guitares, synthétiseurs, marimba)
- Simon Phillips (batterie)
- Peter Bardens (orgue, mini-moog)
- Francis Monkman (clavecin-synclavier)
- Tristan Fry (glockenspiel)
- Jack Emblow (accordéon)


1. No Easy Answer
2. You Are The One
3. Heroes
4. Selva
5. Lullaby
6. Sasquatch
7. Manic
8. Camelogue
9. Today's Goodbye
10. A Heart's Desire
11. End Peace



             



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