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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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CAMEL - Dust And Dreams (1991)
Par MARCO STIVELL le 12 Mai 2012          Consultée 6282 fois

CAMEL en 1991! Qui y croyait ? Certes, les fans n'avaient jamais perdu espoir, mais quand même, quelle preuve de longévité et de ténacité envers les plus grandes difficultés ! Ce qui a retenu la plume d'Andy Latimer pendant toutes ces années depuis 1985, c'étaient des problèmes juridiques avec la maison Decca qui en bonne (hum) maison de disques, s'est bien chargée de lâcher un groupe, même si celui-ci n'était pour ainsi dire pas un gros vendeur (et pourtant l'un des plus talentueux de sa génération, enfin on n'est plus à ça près). Andy et sa femme Susan ont quitté l'Angleterre pour se ressourcer, s'installant aux Etats-Unis, pays dans lequel le leader de CAMEL trouve l'inspiration d'un nouveau projet. Au début des années 90, il rassemble les fidèles Colin Bass, Ton Scherpenzeel et Paul Burgess, Dust and Dreams peut ainsi voir le jour.

La pochette n'entretient que très peu de rapport avec ce dont il est question dans ce disque. A l'instar de The Snow Goose, Nude ou encore Stationary Traveller, Dust and Dreams est un concept-album, basé sur une histoire qui, comme le grand frère de 1975, provient d'un livre, et d'un livre cette fois très important, CAMEL s'attaquant à rien de moins qu'au génial Les Raisins de la Colère de John Steinbeck.
L'histoire de Tom Joad et de sa famille traversant l'ouest des Etats-Unis pour trouver une vie meilleure en Californie est donc le point de départ de cette nouvelle oeuvre. Cependant, si Susan Hoover est bien présente aux paroles, on ne dénombre que quatre chansons sur les seize titres. Dust and Dreams est donc un disque à dominante instrumentale, mais reste lié à cette triste histoire. Je vais encore, bien loin d'être en panne d'inspiration, user de mon joker pour faire une analyse la plus détaillée possible du disque : autant que le livre de Steinbeck, Dust and Dreams est, en plus d'une nouvelle perle dans le paysage musical camélien, un disque qui se raconte.

La galette est divisée en deux actes. Le premier s'ouvre avec le grand tiercé gagnant de CAMEL, figurant parmi les plus belles pièces du groupe. "Dust Bowl", évoquant la vague de poussière qui s'est abattue sur les plaines du Midwest dans les années 1920, offre un simple thème de synthé dont les parties sont peu à peu superposées, et terriblement belles.
Entre ensuite le superbe piano CP-70 pour ouvrir "Go West", une chanson d'espoir absolument magnifique, interprétée avec fragilité par Andy Latimer dont la voix semble marquée par les années. Mais quel bonheur de la retrouver !
Piano sur lit de synthés, on mesure progressivement la dimension orchestrale que prend la musique du nouveau CAMEL, et c'est confirmé par le développement instrumental "Dusted Out" dont la montée en puissance sur à peine une minute cinquante reste l'un des plus beaux moments que le groupe nous ait offerts.
La chanson pop-rock "Mother Road", dotée d'un son peinant à se délester des années 80, reprend le thème de "Dusted Out" lors du refrain et en installe un autre (le solo de guitare) qui reste l'un des principaux de l'album.
"Needles", ou la route grimpante des montagnes Rocheuses ("aiguilles"), nous fait voir la difficulté de l'entreprise pour le camion des Joad, en jolie transition instrumentale qui apporte un peu de doux harmonica.
On conclut avec "Rose of Sharon" (nom de la fille des Joad qui attend un bébé) et "Milk'n'Honey", ce dernier étant un développement orchestral nocturne de cette fameuse chanson, qui reste l'un des plus beaux duos jamais entendus en musique. Chanté par David Paton et Mae McKenna, cet hymne à la beauté sentimentale figure aussi parmi les classiques du disque, fermant (presque) majestueusement le premier acte.

Que dire ensuite après tant de grandeur, et seulement pour la moitié de l'album ? "End of the Line" marque la transition, chanson au ton grave esseulée entre les deux actes. Très belle chanson là encore (et dernière du disque), même si la fragilité de la voix d'Andy se fait encore plus ressentir.
La suite instrumentale demande du temps pour s'ancrer en tête, mais elle est en tout point réussie. "Storm Clouds" amène des sonorités de claviers agressives, de rigueur pour l'ambiance recherchée, et "Cotton Camp" fait éclater le tout avec la vigueur du rock progressif. On rencontre dans cette suite des instrumentaux très courts mais qui arrivent néanmoins à se constituer une personnalité, comme les vibrants "Broken Banks" (le changement de rythme à la batterie est l'indice pour ne pas le louper) et "Whispers", chacun dans leur style, ce dernier révélant une superbe partie de hautbois.
Après un moment très doux avec basse mélodique ("Little Rivers and Little Rose"), "Hopeless Anger" marque le sursaut final, la déroute pour le pauvre Tom Joad. C'est le titre le plus typiquement prog avec construction échevelée, enchaînement des thèmes. Sa nervosité le rend plus dur à appréhender, mais il reste essentiel. Tout comme le rideau, "Whispers in the Rain", avec ses fausses trompettes, qui souligne la fin en demi-teinte de l'histoire.

Le CAMEL des années 90 prend une identité plus symphonique que jamais (pourtant à base de simples nappes) et pleinement maîtrisé. Un retour en force pour le groupe qui signe là l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre, et Dieu sait qu'il va les aligner sur les dix années suivantes.

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   MARCO STIVELL

 
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- Andrew Latimer (guitares, chant, flûte, claviers)
- Colin Bass (basse)
- Tom Scherpenzeel (claviers)
- Don Harris (claviers)
- Paul Burgess (batterie)
- Christopher Bock (batterie)
- Neil Panton (hautbois)
- Kim Venaas (harmonica, timbales)
- John Burton (cor)
- David Paton (chant)
- Mae Mckenna (chant)


1. Dust Bowl
2. Go West
3. Dusted Out
4. Mother Road
5. Needles
6. Rose Of Sharon
7. Milk N' Honey
8. End Of The Line
9. Storm Clouds
10. Cotton Camp
11. Broken Banks
12. Sheet Rain
13. Whispers
14. Little Rivers And Little Rose
15. Hopeless Anger
16. Whispers In The Rain



             



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