A trop se disperser et accumuler les projets divers et variés, Michael SCHENKER finit, en ce début de siècle, par mettre de côté une des composantes pourtant essentielles de sa musique : la qualité. En effet, l'année 2001 voit celui que l'on surnomme le Mad Axeman frôler l'hyper-activité ! Après la parution d'un album (le très bon Be Aware of Scorpions) avec son groupe MSG, le blondinet accouche d'un album solo instrumental électrique (Dreams and Expressions), ainsi que du présent album instrumental acoustique, le troisième de la série des Thank You.

Ainsi, forcément, la qualité s'en ressent. Doté d'un sens de la mélodie sans pareil et ayant à cœur de ne pas s'engager dans de barbantes démonstrations de technique pure, Michael SCHENKER était parvenu à rendre l'exercice acoustique intéressant et pertinent. Dotés d'une grande richesse musicale ainsi que de nombreuses couches superposées, les deux précédents Thank You étaient de véritables réussites à écouter et reécouter avec un plaisir inchangé. Ce troisième change malheureusement la donne.

Il faut dire que Michael, sans se fouler, nous ressort une recette exactement identique, et qui a fait ses preuves : Une base accords sur lesquels viennent se poser des arpèges et, cerise sur le gâteau, des solos et mélodies généralement bien senties qui offrent aux morceaux leur personnalité et leur intérêt. A ne pas changer un iota, Michael s'expose et prend le risque de décevoir. Ce sera malheureusement le cas.

« It's all about love », à qui revient la charge d'ouvrir l'opus, marque déjà le pas : ces accords, ces mélodies, l'auditeur les connaît déjà ! Michael les avait déjà servies, et en mieux, sur les deux précédents chapitre. Certes, l'écoute en elle-même est loin d'être désagréable, mais le titre entre par une oreille et ressort par l'autre, sans que l'on en retienne quoi que ce soit. Tout juste nous donne-t'il envie de nous replonger dans le formidable Thank You 2.
Alors certes, les influences blues présentes sur « Just do it » et « Take me » offrent ce petit brin d'originalité bienvenu qui permet à tout amateur du jeu de SCHENKER de tomber, une nouvelle fois, sous le charme. Mais tout cela n'est que poudre aux yeux. Michael est en auto-pilote, et si ses dons de guitariste suffisent à apporter à l'album de l'intérêt, ils ne l'empêchent pas pour autant de donner naissance à des titres dispensables : le mielleux et inutile « The big picture and its details » ou encore le titre final, sans queue ni tête (« The creator ») font partie de ces titres qui sonnent faux, n'ont qu'une valeur de remplissage et empêchent l'auditeur de s'attacher à l'album.

Par chance, dans un soubresaut d'inspiration, Michael accouche de quelques titres qui permettent à l'opus de sortir la tête de l'eau : le complexe « I am grateful », dont la mélodie lumineuse placée en guise de refrain fait mouche à chaque écoute, fait partie de ces quelques satisfactions, tout comme « Focus on good », dont les intonations à la Johnny Cash nous transporte dans un far-west sauvage et violent.

A part ça, quelques mélodies, quelques accords par-ci par là, mais rien de plus. Thank You 3 prend gentiment sa place à côté des deux autres sur l'étagère sans que l'on ne ressente le besoin ou l'envie de le ressortir, contrairement à ses deux camarades. Un coup dans l'eau qui, s'il n'entache en rien l'image du guitariste, déçoit tout de même ceux qui pensaient jusqu'alors que le nom SCHENKER rimait nécessairement avec qualité.