Le début des années 2000 est particulièrement chargé pour Michael SCHENKER. Fait inédit, le bonhomme propose, quelques mois à peine après le passable Adventures of The Imagination et le très réussi The Odd Trio rien de moins qu'un troisième disque instrumental électrique. Alors que le MSG reste actif en cette période et qu'un UFO réactivé est en pleine bourre, voici qui peut paraître surprenant.
Installé aux USA, plus précisément en Arizona, depuis la deuxième moitié des années 90, Michael enregistre alors pour la première fois dans son studio personnel, conçu pour répondre à ses exigences en matière de qualité du son. Le bassiste John Onder et le batteur Aynsley Dunbar laissent cette fois leur place à la paire des inséparables que sont Barry Sparks et Shane Gaalaas (déjà présente sur l'album Written in The Sand de 1996), tandis que Michael tente de proposer un concept (selon lui) intéressant et novateur. Chacun des morceaux, d'une durée comprise entre 30 secondes et 3 minutes, porte une lettre. Mis bout à bout, ces 20 titres forment le nom Dreams And Expressions. Ce titre, nous dit Michael dans le livret de l'album, décrit ce que nous faisons le plus dans la vie : nous rêvons et nous nous exprimons. Si le concept peut paraître bancal, l'album jouit néanmoins d'une exécution sans faille, qui prend des allures de bouée de sauvetage dans une période un peu sombre de la vie du Mad Axeman.

L'album n'est pas un must dans la carrière du blond germain, c'est une évidence. L'idée de départ repose essentiellement sur l'envie d'utiliser les tonnes de riffs que le guitariste a alors en réserve (de quoi remplir trois albums, dit-il). Au contraire de l'alambiqué Dreams and Expressions, il ne faut pas envisager ces pistes comme des morceaux, mais plutôt des séquences permettant de mieux envisager le talent de guitariste. Ce dernier reste un soliste hors pair, doué d'un feeling hors normes, mais l'album souffre de la présence de riffs plats et somme toute génériques, comme le bonhomme pouvait alors en proposer à l'époque de Written In The Sand ou Be Aware of Scorpions. L'ensemble de qualité séduit par certaines pièces énergiques ou plus ambiancées, mais on peine à retenir de moment véritablement marquant. Oui, "X" (piste 11), réussit à stimuler l'intérêt de par son utilisation de la guitare acoustique, tout comme "R" (piste 2) est un riff doté d'un aspect rugueux qui rappelle le MSG période Gary Barden.

Il y a de quoi grappiller à l'écoute de cet album. Mais si le plaisir ressenti à son écoute est sincère, l'opus se fait bien vite oublier une fois la dernière piste achevée. L'album se fait même frustrant : à vouloir trop le scinder, Michael coupe court à certaines bonnes idées qui auraient mérité d'être développées plus longuement. Un album mineur, pour un plaisir mesuré.